Sorti le 27 octobre 2023

On découvrait en 2019 le groupe québécois Mangeur de Rêves à travers son premier album, Histoires à l’envers. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis et le son du groupe maintenant composé de 5 membres a sensiblement évolué depuis, menant à l’album Vivre et Mourir, devenu pas mal plus intense que ce qu’on avait pu entendre auparavant.

C’est à un voyage de 47 minutes bien chargées que nous convie Mangeur de Rêves avec ce nouvel album. La pièce introductive, l’instrumentale Dieu Soleil, nous fait comprendre que le son de cet album sera un peu plus près du métal que du folk, du moins dans plusieurs pistes. S’ensuit Animal, power ballade particulièrement efficace et aisément une des chansons les plus mémorables de l’album. Bon flash du groupe d’en avoir fait un single.

Plus brève et douce, Courage nous ramène aux sonorités du précédent album, ce qui se poursuit avec Nouveau Soleil, morceau aux tendances folk… du moins dans les deux premières minutes! Le rock progressif s’invite un peu plus tard dans la chanson, avec quelques mesures un peu plus difficiles à suivre. On joue aux montagnes russes entre ces deux énergies à travers les 6 minutes de la chanson, qui se terminera avec un petit segment instrumental en douceur, peut-être pour se remettre de nos émotions!

Le début de Les fantômes est feutré et ne permet pas de deviner qu’on a affaire à une des chansons les plus mélodiques de l’album, sans sacrifier le rock inspiré qui prend rapidement sa place. La chanson se termine avec un petit bout qui ressemble à de la music box, une fioriture qui ne gâche pas l’expérience, mais qui n’était pas nécessaire non plus, selon nous.

Vivre revient à un son plus acoustique, voire carrément instrumental dans la deuxième moitié. Une piste berçante à écouter les yeux fermés, bien que la suivante, Mara, va nous réveiller avec des sonorités plus lugubres et lourdes (particulièrement dans la deuxième partie du morceau instrumental). Notre bémol serait que l’on bâtit quelque chose, mais que l’on ne va pas au bout de l’idée ici (on y reviendra)! On passe rapidement à la touchante chanson 15 000 nuits, proposant des magnifiques mélodies du chanteur Alex Cégé, mais aussi de Sabrina R.B., qui prête sa voix pour l’occasion. Musicalement, les sonorités électroniques prennent un tantinet trop de place dans le mix au début, mais quand le rock prend la place un peu plus tard, cela donne un build-up très réussi, même si la chanson se termine sur un fade out (pour ceux que ça dérange!).

Avec Mara, on mentionnait qu’on n’allait pas au bout de l’idée qui était bâtie. C’est dans la chanson Le Mangeur de rêves que l’on y revient enfin. La musique et les paroles (que l’on entend au début, puis à la fin de la chanson) sont tout aussi lourdes, tombant rapidement dans le registre post-rock. Le plus surprenant est probablement que la piste réussit à être solide du début à la fin, elle qui dure plus de 12 minutes! Une piste de cette longueur n’est évidemment pas pour tous, mais c’est quand même un tour de force de la part du groupe.

La fin de l’album arrive avec Quand le silence te rattrapera, chanson de 6 minutes relativement chargée contenant tantôt des sonorités épiques, tantôt un refrain émotif, tantôt un passage acoustique. La dernière portion (du rock laissant place à du noise pour les dernières secondes) nous laisse toutefois tiède. À notre avis, l’album se serait mieux terminé sur Le Mangeur de rêves.

Cela s’entend tout de suite que le deuxième album de Mangeur de Rêves a été longuement mûri et peaufiné et que le groupe a gagné en assurance depuis Histoires à l’envers. Sans être un album parfait, cette sortie est très solide et devrait plaire autant à un public s’intéressant à la chanson québécoise qu’à celui amateur de bon vieux rock. On vous conseille quelques bonnes écoutes pour assimiler tout ce que Vivre et Mourir a à offrir.

Il est possible de se procurer l’album via la page Bandcamp du groupe.

À écouter : Animal, 15 000 nuits, Le Mangeur de rêves

7,9/10

Par Olivier Dénommée