Wingspan: Original Video Game Soundtrack – Bande sonore

Sorti le 17 septembre 2020

Créé en 2019 comme un jeu de table, Wingspan (que l’on recommande chaudement, même si la critique de jeux n’est pas notre champ d’expertise ici) a rapidement eu droit à une version numérique recréant fidèlement, les meilleurs éléments du jeu. On va même plus loin en y ajoutant une bande sonore, signée Paweł Górniak, compositeur polonais d’un grand talent. Si celui-ci a notamment composé de la musique orchestrale et épique au fil de sa carrière, avec Wingspan, il y va d’une musique beaucoup plus relaxante, qui s’écoute bien au-delà du jeu.

Règle générale, piano et guitare acoustique sont les instruments centraux dans Wingspan: Original Video Game Soundtrack, auxquels s’ajoutent d’autres sonorités lorsque c’est approprié, sans jamais surcharger le tout. Le jeu se veut contemplatif, particulièrement en version numérique où on peut entendre les oiseaux chanter et les voir bouger un peu par rapport aux cartes statiques du jeu physique. La musique reflète ainsi parfaitement cet état d’esprit. Far in the Grassland ouvre bien le bal : morceau doux, limite berçant, où quelques lignes tantôt de cordes tantôt de flûte s’incorporent aisément aux arrangements. On a bien droit à une petite montée dans la dernière minute, mais c’est pour mieux redescendre en douceur. C’est encore plus réussi dans Wide Meadow, où c’est le violon qui a la mélodie une bonne partie de la pièce. On apprécie particulièrement la partie où le piano et les cordes semblent chacun avoir leur mélodie distincte, mais arrivent à créer malgré tout quelque chose de très zen.

On accélère un tantinet le tempo avec Now I Go, mais sans trop changer d’énergie. On sent que la mélodie de la pièce est portée par le vent, ce qui correspond toujours très bien à l’esprit de Wingspan. Plus énergique (mais pas trop), Starting to Fly sonne comme le printemps, pleine d’espoir avec et une légère mélodie à la flûte.

Puis, on sent dans My Realm un désir d’offrir quelque chose d’un peu plus chargé, solennel. Dans le cadre du jeu, ça fonctionne toujours, mais on s’éloigne tout de même de la musique relaxante des premières pistes de l’album. On y revient dans Treetops, misant essentiellement sur la guitare et le violon pour créer une ambiance apaisante, mais pas sans y ajouter de subtiles percussions à partir de 45 secondes dans la pièce. Notons qu’avant de se pencher sur cette critique, on n’avait jamais remarqué leur présence avant qu’elle devienne plus évidente à partir de 2min20, donc ce n’est pas une blague quand on dit que c’est discret!

Cloud Gazing porte plutôt bien son nom, avec un morceau doux et rêveur, et la fin arrive déjà avec The Opening (drôle de choix de mettre l’Opening en conclusion, entendons-nous!), morceau très beau principalement interprété à la guitare, qui a toutefois le défaut d’être trop bref – on n’atteint même pas la barre dans 2 minutes alors qu’on sent que la pièce aurait pu se développer encore plus.

Quoi qu’il en soit, la Wingspan: Original Video Game Sountrack de Paweł Górniak est solide dans la mesure où elle répond très exactement au besoin, mais elle a l’avantage d’être aussi appropriée (ou, du moins, une partie significative des pièces) pour écouter quand on a simplement envie de musique douce et apaisante. Pas toujours besoin de composer des choses compliquées pour que ce soit réussi, après tout. Et on garde en tête le nom du compositeur, qui a une approche qui nous plaît beaucoup jusqu’à présent.

Version bonifiée

On était très tenté de critiquer la courteur de cette bande sonore, qui n’atteint pas les 22 minutes dans sa forme originale, mais quelques pièces ont été ajoutées séparément depuis, notamment en lien avec les expansions du jeu, ce qui fait que les joueurs ont droit à un peu plus de musique, toutes dans ce même esprit. Toutefois, sur Bandcamp, on propose toutes ensemble les pièces supplémentaires existantes au moment d’écrire ces lignes, ce qui veut dire 5 pièces de plus.

La première, Morning Breeze, est inspirée par l’expansion européenne du jeu et coche toutes les bonnes cases : une pièce lente, juste un peu émotive, et berçante à souhait. On sent que Paweł Górniak a continué de gagner en expérience et en assurance dans ce registre entretemps, et ce sont nos oreilles qui en profitent! La suivante, A New Day in My Realm, se veut davantage mouvementée, offrant un côté «légèrement épique», dans la mesure où on veut rester dans un registre feutré d’un côté, mais qu’on nous propose des arrangements qui auraient pu être explosifs si on n’avait pas une petite retenue sachant que c’était pour la bande sonore de Wingspan.

Tops and Crowns, quant à elle, nous propose une légère dose de mystère, sans perdre de sa légèreté. Et, dernière de l’expansion européenne, Sky Adventure livre à la fois quelques lignes nostalgiques et des passages plus résolus, mais toujours dans le ton du reste de la bande sonore. C’est franchement réussi, encore une fois.

La dernière actuellement disponible dans la version Bandcamp de l’album est Flutter, cette fois aux couleurs de l’expansion océanienne (qui au moment de la publication n’est pas encore offerte en version numérique). Rien à dire de plus que ce qui a été répété maintes fois à travers cette critique : il s’agit d’un morceau bien calibré, offrant de belles mélodies tout en douceur, que l’on se plaît à écouter les yeux fermés. Il y a bien une petite portion vers la fin qui est plus chargée au niveau des cordes sans que ça nous semble justifié, mais c’est dans l’ensemble très solide.

C’est un peu ingrat de critiquer un work-in-progress, sachant que d’autres pistes continueront de faire leur apparition, mais notre constat à ce stade-ci est que, comme du bon vin, la musique douce de Paweł Górniak ne fait que gagner en qualité. Il serait vraiment dommage de bouder votre plaisir, surtout lorsque vous êtes dans le mood pour une petite musique relaxante sans être simpliste.

Il est notamment possible d’écouter la bande sonore sur Bandcamp.

À écouter : Wide Meadow, Starting to Fly, Treetops // Version bonifiée : Morning Breeze

8,3/10

Par Olivier Dénommée


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