Young/Old/Everything.In.Between – Elliot Maginot

Sorti le 20 novembre 2014

Le nom Gabriel Hélie-Harvey ne dit peut-être pas grand-chose à bien du monde, mais son nom d’artiste Elliot Maginot devient de plus en plus connu ces dernières années, en particulier sur la scène indie-folk. On s’est intéressé à son premier album, Young/Old/Everything.In.Between remontant déjà à 2014, alors qu’il faisait preuve de débuts prometteurs.

L’intro Everything.in.Between nous initie au son et à la voix d’Elliot Maginot, appuyée par de lourds synthés qui donnent un ton spatial à la piste, qui ne correspond toutefois pas à l’ambiance du reste de l’album. On passera vite à la suivante, Monsters at War, où on tombe dans un registre folk-rock plus convaincant, particulièrement durant les refrains. Ce n’est évidemment rien qui réinvente quoi que ce soit, mais c’est drôlement efficace et entraînant malgré le propos plus sombre de la chanson.

La suivante, Djibril, prend un peu trop de temps avant de décoller malgré de bons éléments (dont un sax ambiant, instrument qu’il semble particulièrement apprécier dans ses arrangements!). Bell, au contraire, nous plonge sans attendre dans une chanson folk plus énergique, à laquelle on ajoute quelques cuivres pour une ambiance réussie. On a quand même droit à un petit build-up dans les 30 dernières secondes. Quant à Still Alive, on a des sentiments partagés : on trouve que ce morceau plus rock colle moins avec le reste de l’album, mais il contient aussi des passages enlevants qui valent le détour. Étrangement, Jepeto semble faire l’exact contraire de Still Alive, en offrant une chanson essentiellement aérienne, mais avec un passage plus corsé au milieu de la piste… pour mieux revenir à l’énergie de base jusqu’à la fin. Un drôle de choix artistique ici!

Il y a peu de choses à dire sur Blood Is a Gift Until Its Not, une toune folk assez conventionnelle, mis à part que la qualité de la mélodie au refrain rehausse un peu le niveau d’une chanson de 4 minutes autrement sans histoire. …and Stand Your Ground est davantage réussi avec des arrangements inspirés qui complimentent bien la voix du chanteur.

Une chanson sort particulièrement du lot : Le siècle bruyant, la seule chanson en français. Étonnamment, Maginot est tout aussi solide en français qu’en anglais même s’il préfère largement chanter en anglais et cette chanson nous fait regretter qu’il ne s’assume pas plus dans sa langue maternelle. Survival est chargée et bien ficelée, mais on ne peut s’empêcher d’entendre certaines similitudes avec Half Moon Run, groupe sensiblement dans le même registre. Ce n’est évidemment pas un crime, mais c’est parfois difficile de se démarquer dans un milieu aussi saturé!

Même si Young/Old le dure qu’un peu plus de 3min30, elle contient des énergies très changeantes. Cela a le désavantage que l’on a à peine le temps de se laisser séduire par une atmosphère qu’on passe déjà à la suivante. Après ces montagnes russes, on conclut l’album avec la chanson la plus longue de l’album, I’m Just Looking to be More Afraid, ballade planante et émotive. Une bonne fin, sans toutefois être renversante.

Pour un premier album de 44 minutes, Elliot Maginot s’impose déjà comme un artiste sérieux et plein de potentiel, ce que le temps va rapidement confirmer. On ne parle pas de coup de circuit avec Young/Old/Everything.In.Between, mais on jette les bases de ce qui va devenir sa signature par la suite, ce qui est plutôt bien. Et, soyons honnête, sans être exempt de choix artistiques questionnables, l’album s’écoute extrêmement bien malgré tout et on s’en veut franchement de ne pas l’avoir écouté plus tôt.

Cet album est disponible sur la page Bandcamp de l’artiste.

À écouter : Monsters at War, Bell, Le siècle bruyant

7,7/10

Par Olivier Dénommée


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