Forever Never Cares – Busty and the Bass

Sorti le 17 novembre 2023

Cela faisait un moment que l’on n’avait pas écouté la musique du collectif de musique soul-jazz Busty and the Bass, formé d’anciens de l’Université McGill. Même si les membres ne sont plus tous à Montréal, ils sont parvenus à enregistrer un troisième album studio, Forever Never Cares. Il s’agit aussi d’un premier depuis le départ de Nick Ferraro, compositeur principal du groupe, menant BATB à revoir son approche et à plutôt mettre de l’avant la voix de Alistair Blu. Et le résultat, avec des tendances entre soul et RnB, est loin d’être déplaisant!

Dès les premières secondes de l’album, on sent qu’on a affaire à quelque chose de solide : All the Things I Couldn’t Say to You nous propose une musique très inspirée à laquelle s’ajoute une mélodie planante. Bonne chance pour vous retenir de taper du pied! Pourtant, même si cette entrée en matière est réussie, elle se retrouve aussi dans l’ombre de Starstruck, avec la collaboration de Jordan Brown à la voix. La chanson est funky avec un refrain irrésistible. Vraiment très très fort de la part de BATB!

La suivante, Never Get Enough, met cette fois de l’avant la voix de Katie Tupper. On a cette fois affaire à une ballade sensuelle, qui explose toutefois en énergie dans la dernière minute. C’est réussi, mais pas aussi marquant que les pistes précédentes – on ne peut pas toujours faire des coups de circuit, après tout! D’autant plus que la suivante, Smoke and the Pine, nous ramène à une énergie qui n’est pas sans rappeler le Elton John des années 1970. Les 30 dernières secondes de la chanson n’étaient pas nécessaires, mais la piste en général est très réussie, une fois de plus.

Après des pistes un peu plus mid-tempo, Wandering Lies insuffle une bonne dose d’énergie festive à la limite de l’indie-rock, suivie d’une Holiday Drive plus feutrée avec la voix feutrée de Clerel en prime… du moins dans la première moitié, alors que la seconde accélère soudainement le tempo. On avoue qu’on préférait l’autre énergie, mais que la progression se défend tout de même plutôt bien. Far from Here, avec Maji Merlin, tombe dans la catégorie des explorations plus audacieuses de l’opus. C’est très chargé et un peu étourdissant par moments. On se ressaisit toutefois à No Angels, doté d’une chorale qui lui donne presque un côté gospel. Dommage que la chanson ne dure pas 2 minutes, on aurait aimé entendre comment elle aurait pu se développer davantage!

On invite Son Little le temps de Give Me a Smile, lui permettant de livrer une solide performance soul à travers une ballade plutôt chargée musicalement. On n’aurait pas détesté des arrangements plus légers pour mettre encore plus la voix en premier plan. L’album se termine ensuite avec No Self Control qui, comme son titre l’indique, permet aux musiciens de se laisser aller sans trop avoir à se contrôler! Le début de la chanson est plus «choral» et planant, mais on gagne vraiment en intensité après 1min30 et ça ne fait qu’augmenter à partir de là. Notons la présence du saxophoniste Terrace Martin (un collaborateur d’autres artistes jazz comme Kamasi Washington et de Robert Glasper, pour ne nommer qu’eux) sur cette piste. On lui doit d’ailleurs un solo assez endiablé. La dernière minute reprend un ton plus doux, permettant d’écouter l’album en boucle sans que la fin de la dernière piste et le début de la première ne soient aux antipodes.

L’album Forever Never Cares offre à la fois des énergies très différentes et une certaine cohésion d’une chanson à l’autre. Si on oublie Far from Here qui détonne un peu plus du lot, l’album s’écoute tout seul quand on a juste envie d’écouter de la bonne musique groovy et plutôt feel good. Et c’est tout particulièrement vrai en auto! On peut donc se rassurer : même si Busty and the Bass perd des membres qui veulent se consacrer à d’autres projets, le reste du collectif est capable de créer de la musique très intéressante.

L’album peut notamment être écouté sur la page Bandcamp de la formation.

À écouter : All the Things I Couldn’t Say to You, Starstruck, Smoke and the Pine

7,9/10

Par Olivier Dénommée