
Sorti le 16 novembre 2023
Depuis la sortie de son album System en 2016, le trio Motel Raphaël est officiellement devenu un duo : Emily Skahan a quitté la formation pour se consacrer à ses propres projets, laissant derrière Clara Legault et Maya Malkin qui ont pris leur temps pour lancer du nouveau matériel. À part un single en 2020, le microalbum Killing Time est la première offrande du groupe depuis ce changement.
Le son a quelque peu changé avec le temps, mais après plus de 10 ans d’existence et avec le tiers du groupe qui n’est plus dans le portrait (même si on retrouve encore le nom d’Emily Skahan dans la liste des songwriters), on ne peut pas dire que c’est anormal. On reconnaît le côté vocal bonbon de Motel Raphaël sur plusieurs des chansons, ce qui est probablement l’essentiel ici!
Résolument indie-pop, Day Drinking ouvre l’opus avec force. Les mélodies et les paroles sont plutôt simples, mais visent dans le mille et on se surprend de rapidement chanter avec elles durant les refrains. Si on s’en tenait à ce registre, ça serait parfait, mais on se permet une petite expérimentation avec Bougie Aspirations. Vu le thème de la chanson, on comprend qu’il y a une dose d’ironie, mais elle sort tellement du lot que c’est difficile de l’ignorer. De plus, c’est une des rares chansons de toute la discographie du groupe à contenir un passage en français, mais c’est en spoken word et ça ajoute bien sûr au côté étrange de la piste. C’est la seule du EP à aller dans un registre aussi extravagant et on espère que le duo ne répétera pas trop souvent l’expérience.
Aux antipodes avec Bougie Aspirations, Play Nice y va d’un morceau beaucoup plus tranquille. Mélodiquement, on se sent quelque part au carrefour entre Just the Way You Are de Bruno Mars (en beaucoup plus modéré) et une ballade country (même si la musique n’a pas le feel country). C’est dur à expliquer, mais écoutez la chanson et vous comprendrez peut-être notre comparaison!
Ramenant quelques éléments électroniques qui nous laissent quelque peu tiède, Despresso laisse aussi place à certaines des mélodies les plus assumées et réussies de Killing Time. C’est bien dommage qu’on n’arrive pas à avoir le meilleur des deux mondes ici, mais il serait dommage de s’en passer malgré cela! Puis, dans la même lignée que Day Drinking, on a droit à Temporary Affection et My Pretty Friend qui sont toutes deux plutôt réussies, autant musicalement que mélodiquement. L’opus se termine d’ailleurs ainsi, commençant et se terminant avec l’indie-pop qui a fait la renommée de Motel Raphaël, mais avec un milieu où on s’amuse avec d’autres sonorités.
Avec moins de 20 minutes de musique, on avoue que Killing Time nous laisse un peu sur notre faim, d’autant plus que l’on a longtemps attendu une nouvelle sortie de Motel Raphaël. Est-ce seulement l’avant-goût d’un album plus long dans les prochains mois? On se permet de l’espérer, et surtout de souhaiter que le duo retrouvera tout sa cohésion et saura miser sur ses forces.
À écouter : Day Drinking, Despresso
7,6/10
Par Olivier Dénommée
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