Albatross – Simon Leoza

Sorti le 30 avril 2021

Simon P.-Castonguay fait partie des artistes que l’on a plaisir à suivre depuis des années (depuis 2014, plus exactement), peu importe le nom de ses projets. Il a ce don pour livrer de la musique instrumentale inspirée et inspirante et ce n’est pas différent depuis qu’il se fait appeler Simon Leoza. Le premier album sous ce nom, Albatross, confirme une fois de plus ses prétentions cinématographiques.

Évidemment, le titre laisse place à diverses interprétations. Un peut voir cet album comme l’aboutissement du long voyage entamé par l’artiste – l’album a été créé en 5 ans, de 2015 à 2020, à différents endroits des deux côtés de l’océan Atlantique –, mais on peut aussi simplement se laisser porter par le voyage musical auquel il nous convie. Plusieurs des pièces d’Albatross ont effectivement cet effet lorsqu’on ferme les yeux.

«Musicalement, l’album de 10 pièces originales passe du grandiose à l’intime, caractéristique de l’univers du compositeur», peut-on lire au sujet de l’album. Ce n’est pas une exagération, car on alterne généralement avec beaucoup de succès entre les différentes énergies au fil de l’opus d’une quarantaine de minutes. La pièce-titre Albatross y va d’un lent morceau où les cordes sont à l’honneur, créant certaines tensions en vue de la suivante, Prophets. Celle-ci accorde toujours une place importante au quatuor à cordes, mais aussi aux éléments électroniques qui ajoutent à l’intensité générale. La pièce prend un certain temps avant de véritablement démarrer (presque 2 minutes avant que la mélodie prenne vraiment son envol), mais l’effet demeure réussi, même si on estime qu’il n’aurait pas été nécessaire d’ajouter des éléments électroniques à l’ensemble pour créer le même effet mais de façon plus organique. C’est toutefois un procédé assez commun dans le monde du cinéma, alors on ne se surprend pas que Simon Leoza fasse de même.

Après la tension, La nuée arrive à point, livrant une pièce presque berçante, du moins au début. Les cordes font une fois de plus de la magie avec une musique de plus en plus chargée, culminant dans les 45 dernières secondes. On en oublie même que Simon P.-Castonguay est pianiste, comme son instrument se fait très discret jusqu’à ce point. C’est seulement à partir de la suivante, L’archange, qu’il se fait entendre davantage, dans un morceau relativement feutré, mais terriblement envoûtant. Si le début ne suffit pas pour vous convaincre, son build-up plus qu’efficace finira le travail. Parlant de build-up efficace, Bloom mise toute sur cette construction où chaque instrument s’ajoute un à la fois, justifiant le titre de la pièce. C’est carrément grandiose, particulièrement dans la dernière minute. Le glockenspiel saute un peu plus aux oreilles que ce qu’on aurait espéré, mais après quelques écoutes, on reconnaît qu’il fait plutôt bien son travail pour donner un son plus percussif à la pièce.

On change de registre avec Slumber, une autre qui porte bien son nom. Très lente et sombre, elle n’offre toutefois pas d’explosion surprise. Elle sert toutefois à nous préparer à la suivante, Alcatraz, qui crée lentement un momentum, mais qui mise finalement trop sur les éléments électroniques, encore plus que dans Prophets. Ce n’est pas que l’effet n’est pas réussi, mais ce n’est pas tout à fait pour ce genre de sons que l’on aime Simon Leoza. Aux antipodes, Alma y va d’un morceau minimaliste au piano, qui transitionne ensuite vers The Seabird, qui démarre tout en douceur, mais qui deviendra un autre bijou musical. C’est aussi une pièce qui porte parfaitement son nom : on imagine voir le monde du ciel, à travers les yeux d’un oiseau, lorsqu’on l’écoute. Les deux dernières minutes sont épiques et pourraient se retrouver accidentellement dans une bande sonore de jeu de navigation sans qu’on se doute de quoi que ce soit. Cela aurait conclu l’album à la perfection, mais on termine plutôt avec Omen, longue pièce ambiante qui nous laisse sur notre faim.

L’amour de Simon P.-Castonguay pour la musique de film n’est un secret pour personne et les compositions entendus sur Albatross tendent à confirmer qu’il veut montrer son sérieux dans ce registre. Cela fait quelques pistes qui sont moins accrocheuses à l’oreille, car elles pourraient plutôt servir à créer une ambiance en arrière-plan par exemple. En ce sens, l’album est une excellente carte de visite où on entend diverses belles choses en plus d’étaler son registre. Pour notre part, on continue d’avoir un faible pour sa belle musique mélodieuse et émotive dont il a le secret.

Cet album peut être entendu sur la page Bandcamp de Simon Leoza.

À écouter : L’archange, Bloom, The Seabird

8,1/10

Par Olivier Dénommée


En savoir plus sur Critique de salon

Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.