Hard Settle, Ain’t Troubled – Donovan Woods

Sorti le 26 février 2016

Cela fait quelques albums de l’Ontarien Donovan Woods que l’on épluche depuis les derniers mois, mais aucun n’a résonné autant que Hard Settle, Ain’t Troubled, son quatrième en carrière. C’est justement dans celui-ci qu’on retrouve sa chanson la plus connue de toutes à ce jour, Portland, Maine.

Règle générale, on aime faire le tour de l’album dans l’ordre, mais comme Portland, Maine est la finale de l’opus, parlons tout de suite de l’éléphant dans la pièce : la chanson offre tous les ingrédients d’une bonne chanson folk-country émotive, avec une musique juste assez dépouillée et feutrée et une mélodie forte. Et que dire des paroles? Probablement que personne à Portland dans le Maine n’aurait prévu un jour que leur ville de même pas 70 000 âmes allait servir de prétexte pour une break-up song, parce que c’est exactement ce que c’est. On a aussi tendance à l’oublier, mais la version de Donovan Woods n’est pas la première à être enregistrée, puisqu’il a offert la chanson au chanteur Tim McGraw, qui l’a endisquée en 2014. Mais la douceur dans la voix de Woods nous fait automatiquement préférer sa version, qui est vite devenu un incontournable de son album et même de sa discographie.

Maintenant, le reste de cet album de 37 minutes : on commence avec quelque chose de déjà plus tendu avec What Kind of Love Is That?. Woods est très actif vocalement, enfilant les mots parfois très rapidement, ce qui n’est toutefois pas le registre où on trouve qu’il se met le plus en valeur. Musicalement, la guitare est appuyée par quelques lignes de cordes qui ajoutent à l’intensité du moment. C’est toutefois à partir de On the Nights You Stay Home qu’il revient à son meilleur. Les mélodies respirent un peu plus et il laisse aussi davantage de place à une musique un peu plus légère avec même un peu de vibraphone ici et là, un son qui est loin d’être désagréable dans sa musique, doit-on avouer!

The First Time propose un petit build-up percussif bien intéressant, mais qui ne va jamais vraiment au bout de son idée, ce qui est dommage. On s’en rapproche dans la dernière minute, mais on sent que ça aurait pu aller beaucoup plus loin s’il avait voulu. Cela reste une bonne chanson, même si on reste un peu sur notre faim. Quant à My Good Friends, elle est plus égale, mais pas mémorable outre mesure, peut-être à part ses paroles qui ne manquent généralement pas d’ironie.

They Don’t Make Anything in That Town se démarque instantanément, ne serait-ce que parce qu’on passe de la guitare au piano comme instrumental central de cette chanson à la mélodie empreinte de mélancolie. On revient ensuite à la guitare, avec We Never Met, qui est réussie sans être exceptionnelle, puis Do I Know Your Name?, aux arrangements bien ficelés, particulièrement durant les refrains. Quant à Between Cities, elle a le terrible défaut de sonner comme n’importe quelle autre toune de Donovan Woods, au point où on se demande sérieusement si elle n’est pas copiée d’une autre de ses chansons tellement elle semble familière à la première écoute.

On passe à autre chose en écoutant la très country May 21, 2012, où la pedal steel guitar est bien en évidence, presque à égalité entre la voix vulnérable du chanteur dont il a le secret. La fin de l’album (les 2 dernières chansons en fait) sont consacrées à des chansons qui ont été écrites par Donovan Woods pour d’autres artistes, mais qu’il a décidé d’enregistrer à son tour. Mis à part Portland, Maine dont on a déjà parlé, l’autre est Leaving Nashville, qui a été chantée par Charles Kelley (de Lady A). Encore une fois, la version de Woods est beaucoup plus feutrée que celle de Kelley, mais ne se démarque pas nécessairement des autres chansons de l’album comme les meilleures parviennent à le faire.

Un peu comme dans ses autres albums, Donovan Woods propose des chansons excellentes, d’autres plus difficiles à apprivoiser et d’autres qui passeront simplement inaperçues. L’équilibre est toujours fragile, mais Hard Settle, Ain’t Troubled jouit de l’avantage de contenir des chansons instantanément remarquables, qui compensent pour les parties un peu plus faibles de ce 4e album. Il est dommage qu’il n’y a pas eu plus de chansons qui ont traversé le temps comme Portland, Maine a su le faire, car cet album renferme des petites pépites qui méritent bien quelques bonnes écoutes.

À écouter : On the Nights You Stay Home, They Don’t Make Anything in That Town, Portland, Maine

7,7/10

Par Olivier Dénommée