
Sorti le 9 février 2024
Un peu plus de 3 ans après la sortie de son dernier album, Encounter, Beyries surprend avec un opus entièrement en français, chose qu’elle n’avait pas fait à l’exception d’un EP paru en 2018. Du feu dans les lilas est donc un troisième album pour la chanteuse, mais aussi un peu son premier en même temps, alors qu’elle dévoile une facette complètement différente de sa musique.
Comme Amélie Beyries est peu à l’aise dans l’écriture en français, c’est son vieil ami Maxime Le Flaguais qui signe les textes, chose qu’il a fait quelques fois déjà par le passé. Sa poésie a l’avantage d’assez bien se marier avec l’énergie de la chanteuse, donnant ici un album très introspectif. Musicalement, on est aussi ailleurs : c’est Joseph Marchand qui signe la réalisation de l’album et on sent un peu son influence au fil des chansons.
La seconde, première piste de l’album, nous invite à un magnifique moment d’intimité. La chanson est touchante et berçante à souhait, servant de très efficace entrée en matière pour un album où Beyries se montre plus vulnérable qu’en anglais. La magie n’est toutefois pas constante avec la suivante, Vallées. Malgré cet hommage bien senti à feu Jean-Marc Vallée, les arrangements nous laissent plutôt tiède pour la majorité de la chanson (du moins jusqu’au build-up final qui arrive un peu tard) et la mélodie n’est pas la plus assurée de Beyries non plus.
Les premières secondes de Momzie nous laissaient un petit doute quant à la direction qu’elle prendrait, mais la chanson prend tout son sens après 45 secondes, où les arrangements prennent de l’expansion, appuyant la voix vulnérable de Beyries. Elle est suivie de l’extrait Du temps, décrite comme une prière à soi-même. On peine à véritablement apprécier la chanson alors que le crescendo dans les arrangements est un peu trop lent et que les lignes vocales de Beyries sont extrêmement répétitives du début à la fin. La force des textes ne suffit pas ici pour nous conquérir. On nous surprend toutefois avec une collaboration avec le Français Albin de la Simone le temps du duo Derrière le jour. Sans dire qu’il s’agit d’une mauvaise chanson, il faut dire que nous n’avons jamais spécifiquement «capoté» sur les duos avec Beyries comme c’était le cas avec J’aurai cent ans (avec Louis-Jean Cormier, que l’on apprécie pourtant beaucoup), pourtant considérée comme un incontournable de son premier album Landing. Tant pis, on s’assume!
Autre surprise : la chanson est suivi de 2 interludes d’affilée, Il y a ce moment, puis Il y a cet endroit. Si le premier correspond bien à l’énergie de l’album, le deuxième prend des airs carrément exotiques, mais cela se justifie par le fait que la piste est elle-même suivie de Bora Bora, qui met de l’avant le même instrument, le doudouk (hautbois arménien). La harpe se fait aussi entendre ici, créant une ambiance unique dans cette chanson où Beyries semble en plein contrôle dans un registre plus vulnérable.
Le titre de l’album se fait entendre dans les paroles de La promesse, autre morceau où les textes sont très importants alors que la chanteuse se faire un serment à elle-même. Malgré plusieurs bons segments, l’interprétation nous laisse des sentiments partagés, un peu comme le fait Du temps. La chanson est aussi la plus longue de l’album avec près de 5 minutes et elle aurait probablement bénéficié d’être quelque peu élaguée pour gagner en efficacité. L’album se conclut enfin avec Le phare. Au contraire, il s’agit de la plus courte (si on exclut les interludes), avec une énergie assez minimaliste pour laisser toute la place aux textes très poignants.
L’album Du feu dans les lilas est assez bref, environ 33 minutes seulement, et il faut admettre que cela nous aura pris plusieurs bonnes écoutes pour l’apprivoiser. Cela nous en avait aussi pris quelques-unes pour Encounter alors que Landing, lui, a été un coup de foudre instantané pour nous. Certaines pistes sont excellentes ici, mais on sent que Beyries n’a pas été aussi à l’aise dans l’ensemble des chansons de l’album alors qu’elle ne signe aucun des textes. Quoi qu’il en soit, nous sommes heureux de voir qu’elle s’est mouillée dans un album 100% francophone même s’il n’est pas notre préféré de sa discographie et on l’invite à considérer par la suite un album bilingue, où elle pourrait jumeler le meilleur de ses deux énergies. Et dans un autre ordre d’idées, Maxime Le Flaguais commence dangereusement à devenir un parolier qu’il faut prendre au sérieux. Il sera à suivre de plus près s’il décide de poursuivre dans cette voie.
L’album peut notamment être entendu sur Bandcamp.
À écouter : La seconde, Momzie, Bora Bora
7,7/10
Par Olivier Dénommée
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