
Sorti le 13 septembre 2019
Cela faisait très longtemps qu’on n’avait pas écouté de Men I Trust, mais on avait gardé d’excellents souvenirs de son deuxieme album, Headroom, qui offrait un bon mélange entre la magie musicale de Jessy Caron et Dragos Chiriac et les solides collaborations vocales. Dans les années suivantes, la dynamique a toutefois quelque peu changé, et le duo est devenu un trio quand les musiciens ont recruté à temps plein la chanteuse Emmanuelle «Emma» Proulx, qu’on avait d’ailleurs pu entendre sur quelques pistes auparavant. Le groupe a par la suite lancé une série de chansons, dont plusieurs qui se sont plus tard retrouvées sur le troisième album de Men I Trust, Oncle Jazz.
Dans notre précédente critique de Headroom, on disait qu’on aurait voulu plus de musique – l’album ne durait que 30 minutes –, et Men I Trust a pris cette demande au sérieux en livrant un album de 24 pistes en 71 minutes! L’arrivée d’une chanteuse permanente a aussi changé la dynamique, amenant le groupe à composer des chansons avec davantage de cohésion. On reconnaît le côté indie et dream pop de Men I Trust, mais le titre Oncle Jazz laisse croire qu’on veut aller vers un côté plus «jazzy» ou lounge. C’est du moins ce que l’on entend dans la brève pièce-titre, qui ouvre l’opus. «You’re listening to Oncle Jazz» sont les seuls mots prononcés et c’est effectivement tout ce qu’on a besoin de savoir!
Petite mention tout de suite : comme mentionné plus haut, certaines chansons ont été lancées indépendamment avant la sortie de l’album, mais elles ont été réenregistrées pour s’y retrouver par la suite. Ces chansons portent la distinction «(album v)» et il y en a quelques-unes. Justement, Norton Commander (album v) est la première du lot. On y retrouve une musique plutôt feutrée, qui est loin d’être désagréable, mais qui n’offre rien de particulièrement mémorable non plus. On est plus dans l’ambiance ici. Il faut attendre à Days Go By pour quelque chose d’un peu plus groovy, même si la chanteuse continue presque de chuchoter, une tendance qui restera bien présente au fil de l’album.
On doit quand même noter les perles qui se sont démarquées, incluant Tailwhip (album v) (rythmée avec des mélodies intéressantes), Numb (album v) (qui aurait pu se retrouver dans l’album DSVII de M83 s’il était resté instrumental), Say Can You Hear (album v) (probablement une des meilleures dans le registre plus rapide), la sensuelle All Night, I Hope to Be Around (album v) (une de celles où la chanteuse est davantage mise de l’avant), Dorian (étrangement berçante), Pines (qui commence de façon ordinaire, mais qui devient meilleure à chaque minute), Slap Pie (Groovy. À. Souhait. Un vrai petit plaisir coupable à écouter), Seven (album v) (cette fois, c’est la musique qui vole la vedette), la familière Show Me How (album v), Alright (très sympathique morceau instrumental), la planante You Deserve This (album v), Air (tout simplement irrésistible), Porcelain (au build-up extrêmement réussi) et Something in Water (qui s’approche de la ballade). Sur 24 pistes, c’est quand même une excellente moyenne au bâton!
Vers la fin de l’album, on a droit à Tailwhip Revisited, une version un peu différente de Tailwhip, qui n’arrive toutefois pas à surpasser l’autre. L’album Oncle Jazz se conclut sur le piano de Poplar Tree, donnant un ton particulier à la fin.
On le répète, mais on avait beaucoup apprécié le précédent album de Men I Trust, principalement grâce aux solides collaborations qui ont donné des chansons particulièrement réussies avec des vocalistes qui ont tous su apporter leur couleur. Mais sur Oncle Jazz, le groupe prend le chemin de la cohésion et s’assume pleinement dans un registre mieux défini. Les musiciens ont aussi trouvé le bon ton pour mettre la voix d’Emma en valeur dans la plupart des chansons.
Après, le groupe a volontairement opté pour un album très, très doux, au point de nous prévenir : «Cet album a été mixé très doux pour qu’il sonne plus chaud et naturel. Soyez sûr de monter le volume» (traduction libre), peut-on lire sur la page Bandcamp de l’album. Au moins on a été prévenu! Quand on est dans le mood, cet album est parfait à écouter du début à la fin, voire en boucle, mais on imagine que certains auraient préféré un petit peu plus de variété, surtout quand on parle d’un album aussi long que celui-ci! Quoi qu’il en soit, c’est à du très bon Men I Trust qu’on a eu droit ici et même après plusieurs écoutes, on a de la difficulté à trouver de vrais défauts à cette sortie.
Vous pouvez vous procurer l’album sur la page Bandcamp du groupe.
À écouter : Say Can You Hear (album v), Air, Porcelain
8,0/10
Par Olivier Dénommée
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