I Need to Stay Here – Elliot Maginot

Sorti le 22 mars 2024

Aujourd’hui, Elliot Maginot a sorti son quatrième album, I Need to Stay Here, témoignant d’une évolution artistique aboutie et d’un travail acharné. Avec ce nouvel opus, Maginot continue de captiver son public en mêlant des mélodies envoûtantes à une écriture introspective, explorant ainsi les multiples facettes de l’âme humaine avec une richesse musicale et émotionnelle qui captive dès les premières notes.

Dans cet album, on quitte les percussions africaines d’Easy Morning pour être transporté dans les contrées verdoyantes celtiques, où les sonorités folk et les nuances parfois plus country se marient harmonieusement, ajoutant un peu de gaieté. Ça prend toujours un petit moment d’adaptation, mais ce mélange musical est comme une palette de couleurs qui prend vie à plusieurs moments, ajoutant des touches brillantes et invitant l’auditeur à se laisser emporter dans un tourbillon d’émotions.

Tout comme dans Easy Morning, l’appréciation de l’album repose sur votre mood. Encore plus efficace, en 31 minutes, Maginot conserve sa signature en proposant une ambiance caractéristique et enveloppante (le travail de Connor Seidel à la production est à saluer). L’album débute d’ailleurs par une courte pièce instrumentale : Show Me Love Theme I.

Float On Now nous introduit parfaitement aux différents thèmes qu’on retrouvera dans l’entièreté de l’album. On pourrait dire qu’avec cet opus, un nouveau lexique apparaît : s’infiltrent les appréhensions de vieillir, la solitude, le passage du temps, la complexité humaine et, pourtant, à travers ces peurs et la quête de sens, Maginot rappelle qu’il reste tant à vivre, à ressentir et à aimer dans nos vies quotidiennes. C’est également le reflet de Ordinary Life, No One Is Calling Your Name, I Won’t Disappear, I Fear Everyone et Show Me Love.

Slou, un interlude ludique clin d’œil au nom du chien de l’artiste, ajoute une touche personnelle sympathique.

La poésie et la sensibilité imprègnent chaque morceau de l’album, nous plongeant dans un univers très intime, un univers dans lequel Maginot nous invite facilement à travers tous les méandres de l’existence. La pièce Moonlight, que j’ai personnellement découverte à minuit dans le plus grand des silences transporte l’auditeur dans un univers où la beauté est hantée des doutes persistants, mais elle respire l’espoir et invite à s’y reposer un instant.

For the Living rompt avec le rythme introspectif pour inviter à s’amuser et à profiter de la vie, tout en conservant une touche de mélancolie qui reflète la personnalité attachante de l’artiste. No One Is Calling Your Name aborde la peur de vieillir et la quête de sens, soulignant l’importance de vivre pleinement chaque instant.

I Won’t Disappear : avec une ambiance douce et bienveillante, cette pièce exprime le besoin d’être entendu et aimé pour ce que l’on est, dans toutes ses facettes, y compris les moins parfaites. Elle encourage à accepter sa vulnérabilité avec amour et compassion.

L’instrumentation riche et variée convient parfaitement aux paroles mélancoliques de Maginot, bien que l’on puisse penser qu’une telle richesse rendra le passage à la scène difficile. L’artiste réussi tout de même à concilier la scène avec le studio, enregistrant avec les membres de son groupe dans le but d’obtenir un son plus authentique.

Peu importe le thème parfois sombre que Maginot tente parfois d’explorer dans l’album, il s’en dégage toujours une lumière (concept visuel recherché de l’album, certainement!). Il semble être un artiste qui accepte pleinement ses émotions, qui voit le beau et le vrai même dans la douleur, et qui partage cette douleur avec les autres dans l’espoir d’être entendu et compris. Show Me Love, qui conclut magnifiquement l’album, en est la parfaite illustration.

En conclusion : on y reconnaît beaucoup l’artiste dans toutes ses craintes et sa délicatesse, mais rassurons-le, je peux, pour ma part, faire de cette critique une véritable lettre d’amour à sa poésie, sa musique, ses musiciens et ce qu’il transmet à travers son art.

À écouter : Float On Now, No One Is Calling Your Name, Show Me Love

8,4/10

Par Jolyane Lessard

Elliot Maginot est une drôle de bibitte, lui qui a marqué l’imaginaire en 2021 avec son album Easy Morning, chargé de percussions africaines. On pouvait donc s’attendre à tout pour la suite, I Need to Stay Here, mais c’est finalement un côté plus folk, tantôt presque country, tantôt flirtant brièvement avec le trad, qu’il nous invite à découvrir ici dans un album très bref (à peine 31 minutes).

En plus d’être bref, l’album démarre avec une introduction atmosphérique, Show Me Love Theme I. Il ne s’y passe pas grand-chose, mais ça prépare tout doucement à la suivante, la berçante Float On Now, aux sonorités country bien amenées. Maginot est assez caméléon pour ne paraître imposteur dans aucun des registres qu’il aborde, même quand ça sort du registre auquel on l’associe. Il poursuit dans le country avec la plutôt brève Then I Remembered, mais avec davantage d’énergie dans les arrangements musicaux, qui tranchent avec sa voix presque chuchotée qui donne un côté très intime à la chanson.

S’ensuit Slou (Interlude), 15 secondes de trad que l’on n’a pas le temps d’apprivoiser que l’on passe déjà à la suivante. Moonlight revient à quelque chose de sombre (presque fantomatique), avec la guitare à l’avant-plan. L’arrivée des voix à l’arrière vers 1min50 donnent une toute autre énergie à la pièce jusqu’à la fin. C’est à donner des frissons! Après un morceau aussi fort, le côté ensoleillé de For the Living arrive trop vite et brise quelque peu le momentum.

Dans Ordinary Life, on renoue avec le saxophone, un instrument qui suit l’artiste depuis des années, et on a droit à une autre pièce émotive comme on les aime, mais pas sans ses moments accrocheurs, voir rassembleurs, particulièrement à la fin. Show Me Love Theme II, une autre brève piste instrumentale, n’a pas vraiment d’autre utilité que nous préparer à No One Is Calling Your Name, magnifique chanson où ce sont les cordes qui volent la vedette (et un peu le sax, mais surtout dans la deuxième portion). Le seul bémol qu’on lui trouve est le même qu’à chaque fois qu’un artiste décide d’incorporer des sonorités intrusives dans une chanson. Cette fois, ce sont les bruits de familles qui semblent jouer dehors qui sont ajoutées vers la fin. Enlevez ce petit bout et on a ici une chanson parfaite.

I Won’t Disappear y va d’un joli air country-folk, puis I Fear Everyone est la chanson-titre déguisée puisque c’est là qu’on entend les paroles «I need to stay here» sur un ton de vulnérabilité qui laisse difficilement insensible. En plus d’être excellente par elle-même, la chanson semble donner l’élan nécessaire pour la finale de l’opus, Show Me Love, qui arrive enfin après avoir entendu deux «thèmes» au fil de notre écoute. On peut dire que l’attente en aura valu la peine avec un puissant build-up chargé en émotions et les voix qui ajoutent aussi à l’intensité du moment. C’est décidément la conclusion parfaite d’un album réussi.

Même s’il joue dans un registre légèrement différent dans ce 4e album, Elliot Maginot reste fidèle à lui-même et on reconnaît assez rapidement ses différents codes. On reconnaît aussi certains des choix artistiques qu’on apprécie moins (beaucoup trop d’interludes à notre goût, surtout que ce n’est déjà pas un album long!), mais rien qui vienne gâcher notre expérience. Et on a eu beaucoup de difficulté à choisir seulement 3 chansons à retenir de cet album, ce qui est généralement bon signe quant à la qualité de l’ensemble de l’œuvre.

À écouter : Moonlight, No One Is Calling Your Name, Show Me Love

8,3/10

Par Olivier Dénommée

L’album peut notamment être écouté sur la page Bandcamp d’Elliot Maginot.

(dernière mise à jour : 31 mars 2024)