
Sorti le 5 avril 2024
La première chose qu’on a remarqué chez le jeune Émile Bourgault, c’est sa chevelure. Ensuite, son nom de famille plutôt connu au Québec. Avec son premier album Tant mieux, on le remarque maintenant pour la force de ses compositions et sa douce mélancolie qui ne tombe pas dans la déprime.
La musique d’Émile Bourgault serait difficile à résumer en quelques mots seulement, mais on y retrouve des éléments pop, folk et rock avec une touche rétro. Les énergies, elles passent du très doux au très dansant, sans que ça ne paraisse forcé. Cela donne un opus de 10 titres où on n’a pas le temps de s’ennuyer.
Dès le début de l’album, Juillet nous plonge dans une sympathique chanson pleine de nostalgie, autant dans sa poésie que sa mélodie et ses arrangements rétro. On compare en quelque sorte cette chanson à Fille de personne II de Hubert Lenoir, mais en plus mollo et sans le désir d’épater la galerie à tout prix. Ça bouge un peu plus dans l’accrocheuse Les aiguilles, misant tout sur les refrains festifs. Qu’on aime ou pas, pas le choix d’admettre que ça reste vite en tête!
On change complètement de ton avec L’alinéa, y allant d’une bossa d’abord mélancolique, puis planante. Points bonus pour le joli solo de sax vers la dernière minute de la chanson! Bourgault se risque même dans le blues le temps de Nœud coulant, et bien que la chanson soit un peu plus prévisible dans sa forme, elle demeure très efficace. Ça tranche toutefois particulièrement avec la suivante, J’imagine, qui fait un retour à quelque chose de beaucoup plus léger et énergique, mais toujours à point dans la force de ses refrains.
Dans Monique, on semble reconnaître un côté Philippe Brach plutôt efficace au chanteur. Le début faussement doux mène rapidement à une ballade plus que convaincante. Elle est suivie de ce qu’on considère comme la plus belle chanson de tout l’album, Nos amours cimetières, chantée en duo avec Sofia Duhaime. Les deux voix nous bercent pendant plus de 5 minutes, transmettant sans difficulté l’émotion qu’ils portent. L’oreiller offre une chanson folk dans la même veine, mais elle a l’énorme désavantage d’arriver juste après Nos amours cimetières, qui fait qu’elle passe presque inaperçue.
Tant mieux (pour toi) nous propose la même formule que Monique : une chanson qui débute de façon minimaliste en piano-voix, puis où s’ajoute le reste des instruments pour une chanson émotive réussie. D’ailleurs, si on a à choisir entre les deux, on pencherait pour Tant mieux (pour toi), qui correspond un peu mieux à l’identité d’Émile Bourgault. L’album se conclut avec une brève piste folk, Marcher, passer, partir…, qui dure à peine 1min24. Malgré sa courteur, on ne peut s’empêcher d’entendre des petites similitudes avec La Manic, une drôle de fin pour cet album qui aurait parfaitement pu conclure avec une de ses (plusieurs) chansons fortes.
Tant mieux d’Émile Bourgault nous fait presque oublier qu’il s’agit d’un premier long jeu tellement il est solide et assumé. L’album n’est évidemment pas parfait, mais son dosage est excellent et on peine à lui trouver de véritables défauts. Nous limiter à 3 chansons à écouter seulement s’est aussi révélé un défi, un heureux problème dans notre cas. On a assurément affaire ici à un artiste à surveiller de près dans les prochaines années.
Il vous est possible de trouver cet album sur Bandcamp.
À écouter : Les aiguilles, L’alinéa, Nos amours cimetières
8,1/10
Par Olivier Dénommée
En savoir plus sur Critique de salon
Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.