Seven Days Walking – Ludovico Einaudi

Sorti le 22 novembre 2019

Au fil d’un processus qui se sera échelonné sur plus de 4 ans, nous avons écouté chacun des 7 albums de la série Seven Days Walking du compositeur italien Ludovico Einaudi. Il y a eu du beau, oui, mais aussi beaucoup de répétitions inutiles qui ont en partie miné l’expérience. Profitons-en pour faire un bilan de la série, de ses hauts, ses bas, et ce qui aurait pu être fait différemment.

Seven Days Walking (Day 1) ouvrait le projet avec force et nos attentes étaient élevées, peut-être trop élevées : «[S]i le reste est aussi bien ficelé que le Day 1, on a vraiment droit ici à une œuvre majeure signée Ludovico Einaudi», écrivait-on bien naïvement, en rétrospective. À ce moment, on ignorait que le concept était de reprendre, album après album, essentiellement les mêmes pièces. Sur 80 pistes, on ne retrouve finalement que 13 compositions différentes, dont plusieurs avec des variations plus ou moins importantes.

De plus, comme Day 1 offrait déjà un bon équilibre avec une musique pas trop chargée (Einaudi n’était accompagné que de 2 musiciens dans la plupart des versions), réentendre album après album sensiblement la même chose n’a pas eu la magie qu’on aurait souhaité. Cette écœurantite s’est traduite dans les critiques plus dures, notamment dans Day 2. «Il est dommage que l’on ait commencé la série avec autant d’enthousiasme pour le perdre aussitôt», critiquait-on. Et en relisant nos autres critiques, on se souvient qu’on n’était pas beaucoup plus tendre envers Day 3 et Day 6 et qu’on avait un enthousiasme limité pour Day 5, notamment. Dans les autres cas, on a eu droit à une certaine thématique dans les arrangements, ce qui justifie un peu mieux les choix artistiques de la série, comme dans Day 7, en version uniquement piano solo, avec des versions assez facilement reconnaissables pour avoir une chance raisonnable de les différencier même entre 16 versions d’une même toune (oui, c’est le nombre de versions qu’on a de Low Mist, incluant les variations).

Assez tôt dans l’expérience, on s’était donné comme objectif d’identifier le meilleur opus de la série pour éviter aux auditeurs le calvaire de se taper 6h de la même musique avec de légères variations pour trouver celle qui convient. Si on se fie à notre appréciation personnelle, c’est sans contredit Day 1 qui est le meilleur album, mais il y a probablement un biais causé par le fait que c’était la première fois qu’on entendait les pièces, et donc qu’une personne qui écouterait un autre album en premier pourrait trouver que ses versions sont les meilleures. Mais d’un album à l’autre, on a aussi estimé que chaque album correspondait dans une certaine mesure à un mood particulier. Entendons-nous, cela reste de la musique instrumentale relativement douce centrée sur le piano, donc déjà une musique qui ne convient pas à toutes les situations, mais certains choix artistiques vont encore plus loin, même si on n’a pas eu la capacité de les apprécier sur le coup. Il aurait été intéressant que le compositeur nous dise pour quel contexte chaque album était sur mesure. Est-ce un album parfait pour relaxer sur son patio, un qui s’apprécie mieux pendant un jour de pluie ou une musique de fond pour un souper romantique? Il aurait pu nous guider sur la bonne façon de consommer sa musique, ce qui aurait, à notre avis, donné une direction plus claire à sa série Seven Days Walking.

Seven Days Walking (version Critique de salon)

En concluant notre série de critiques, on s’est demandé s’il n’était pas possible de faire un monstre de Frankenstein de Seven Days Walking et de regrouper en un seul album le meilleur de la série. Pour le bénéfice de l’exercice, appelons cet album Seven Days Walking (version Critique de salon), dont une liste d’écoute est disponible sur Spotify pour ceux qui voudraient écouter les compositions différentes de la série, sans les répétitions. Car, rappelons-le, on parle de 80 pistes, mais dans les faits, seulement 13 compositions différentes.

On a établi une liste de quelques petits critères pour notre propre version : une seule version de chaque composition s’y trouvera (donc, une pièce qui a aussi des Var. 1 et Var. 2 ne se retrouvera pas jusqu’à 3 fois dans l’album), on retient autant que possible la meilleure des meilleures versions (ce qui est extrêmement subjectif, évidemment!) et on essaie, comme un vrai album, de donner un certain flow en disposant les pièces dans le meilleur ordre possible. Bien naïvement, on a pensé que ça ne serait «pas si pire» comme exercice, mais nous avons eu tort et ça a été un joli casse-tête.

Voici donc ce que nous avons concocté pour vous.

Quelques remarques : Day 4 est étrangement surreprésenté dans notre sélection. Ce n’est pourtant pas l’album qu’on a le plus apprécié du lot, mais ses bonnes pièces méritent amplement leur place ici. Aussi, presque tous les albums sont représentés, à l’exception du Day 3. Ce n’est pas qu’on tenait à le bouder, mais comme on ne s’est pas imposé un quota minimal, on a vraiment été selon nos préférences, compo par compo. C’est comme ça!

Pour ce qui est de l’ordre des pistes, on opté pour une approche similaire aux albums précédents de Ludovico Einaudi : une pièce douce parfaite pour une intro feutrée suivie de la pièce-phase de l’album (comme Ascent se trouvait dans littéralement tous les albums, on a conclu que c’était possiblement elle). Après, c’est simplement une question d’intuition, avec en tête l’idée d’offrir une certaine alternance entre les morceaux plus chargés et ceux plus tranquilles. La fin de l’album était aussi très importante et on a gardé The Path of the Fossils en avant-dernière place pour frapper très fort. Et le choix de la finale s’imposait de lui-même, un morceau au piano doux se terminant avec un long silence, permettant de laisser retomber la poussière après des montagnes russes. Notre version dure environ 59 minutes, ce qui n’est pas court, mais certainement pas abusif pour un album d’un seul disque.

En conclusion, est-ce que de faire un album en 7 parties en a vraiment valu la peine? Notre réponse dépend de notre humeur quand on nous le demande. Bien souvent, on trouve que Einaudi aurait aisément pu concentrer le tout dans un très bon album et passer à autre chose. Mais parfois on lui donne le bénéfice du doute et on se dit que ce n’est pas une si mauvaise chose qu’il nous donne autant de variations d’une même pièce, nous donnant le loisir de choisir notre préférée. Car on doute que notre version préférée d’une piste soit la même que notre voisin. Pour cette raison, on pense que l’idée derrière Seven Days Walking se défend. Mais l’exécution aurait pu être mieux faite, ou le marketing mieux dirigé pour donner une meilleur idée de comment écouter cette proposition.

Par Olivier Dénommée


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