CHRONIQUE : Soir de première pour Ghostly Kisses et Kroy au Gesù

Margaux Sauvé de Ghostly Kisses

Par Olivier Dénommée

Le jeudi 23 mai dernier au Gesù était une soirée spéciale pour bien des gens : pour le projet Ghostly Kisses, mettant de l’avant Margaux Sauvé et Louis-Étienne Santais, c’était le premier spectacle depuis la sortie de son 2e album Darkroom. Pour Camille Poliquin, alias Kroy, c’était l’occasion se jouer pour la toute première fois du nouveau matériel, incluant celui de son dernier EP Bloodmoon et vraisemblablement de son prochain album complet à paraître cet été. Et pour probablement plusieurs personnes dans la salle, c’était une première occasion d’écouter du Ghostly Kisses live assis dans une salle.

Même si on a été plutôt sévère avec la nouvelle direction plus électro et énergique de Ghostly Kisses, on avait bien hâte à cette soirée. On était prêt mentalement à n’entendre que les nouvelles tounes, mais on savait que la magie de cette musique se trouvait aussi dans la voix toujours aussi magnifique de la chanteuse, et du côté un peu théâtral de la proposition. Et on a eu une belle surprise : le groupe, en formule trio (reconnaissons une petite déception ici, alors qu’on espérait un band plus complet pour mieux rendre justice aux chansons sans trop dépendre des séquences), n’a pas boudé le «vieux» Ghostly Kisses et a joué des chansons de tout son répertoire. La chanteuse a aussi pris son violon à plusieurs reprises, un petit plaisir pour nos oreilles à chaque fois.

Cela a bien sûr donné lieu à quelques transitions étranges d’une chanson à l’autre. Les chansons plus récentes laissaient beaucoup de place aux beats (dont le volume dans le mix était juste un peu trop fort à notre goût, un commentaire qu’on a aussif formulé pour l’album), ce qui tranchait encore plus avec les morceaux plus planants et rêveurs qui arrivaient juste avant ou après. Le fil conducteur, c’était la douceur transcendante de Margaux Sauvé, qui est aussi délicate en chantant qu’en s’adressant un peu timidement à son public, particulièrement en forme ce soir-là (quoique le public à l’avant de la scène aimait tout spécialement se lever, partir et revenir 10 minutes plus tard, et ce, à répétition pendant la soirée…). On a pu constater aux cris et aux applaudissements que l’on n’était pas le seul à être heureux d’entendre du vieux matériel, dont certaines versions acoustiques, toujours très réussies et où le talent du pianiste Louis-Étienne Santais était vraiment plus mis de l’avant. On se permet d’ailleurs d’avoir très hâte aux versions acoustiques des chansons de Darkroom, une tradition qu’on espère voir se poursuivre longtemps. Mais il faut reconnaître que d’écouter plusieurs des chansons de Darkroom en vrai aide à se réconcilier avec cet album et nous convainc que Margaux Sauvé n’a pas changé, même si sa musique bouge plus qu’avant.

Margaux Sauvé a sorti son violon à plusieurs reprises pendant le spectacle.

On a eu droit à environ 80 minutes de musique, et on en aurait aisément pris beaucoup plus. Il y a quelque chose de terriblement apaisant d’écouter du Ghostly Kisses. C’est vrai sur album, ça l’est aussi en spectacle. La tournée ne fait que commencer, et si vous avez aimé au moins quelques chansons du groupe, que ce soit des chansons récentes ou plus vieilles, n’hésitez pas trop et sautez sur la chance d’aller la voir.

Première partie : Kroy

L’image très sombre de Kroy ne correspond pas à son attitude sur scène, ce qui donne des moments cocasses en spectacle! / Photo : Lawrence Fafard

On ne se souvient pas de la dernière fois qu’on a eu la chance de voir Kroy en spectacle, mais ça doit au moins fait 6 ans de ça! On a beaucoup apprécié son premier album, Scavenger (2016), mais Camille Poliquin n’a jamais trop poussé sur son projet parallèle à son duo Milk & Bone, ce qu’on a toujours trouvé bien dommage! Si bien qu’à part des chansons lancées ici et là, le EP Bloodmoon est sa première sortie en 8 ans et même si le EP est paru depuis plus de 2 mois, c’était au Gesù qu’elle a joué ses chansons électro-pop pour la toute première fois, donnant une trentaine de minutes de musique assez dense.

Comme Ghostly Kisses, Kroy était aussi en formule trio, mais son style se prêtait davantage à cela. N’étant pas la tête d’affiche, beaucoup ont appris son existence à ce moment-là, mais elle a certainement gagné quelques fans ce soir-là. Ce qui saute naturellement aux yeux, c’est son look hyper sombre et sérieux, qui tombe complètement dès qu’elle interagit avec son public : elle devient soudainement sautillante et enjouée, s’avouant candidement stressée de présenter son nouveau matériel pour la première fois. Difficile de ne pas tomber sous le charme!

Sauf erreur, Kroy sera la première partie de Ghostly Kisses pendant l’ensemble de la tournée Darkroom. Ça promet pour des soirées fortes en musique électronique inspirée! Malgré nos commentaires, on ne peut pas dire qu’on n’a pas passé une belle soirée en musique et on se permet de croire que ça ne sera qu’encore plus solide au fil de la tournée. Vraiment, si vous avez la chance d’y aller, ne boudez pas votre plaisir.


En savoir plus sur Critique de salon

Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.