Without People – Donovan Woods

Sorti le 6 novembre 2020

Environ 2 ans après son album Both Ways, Donovan Woods subissait comme le reste de la planète la pandémie de COVID-19. Et comme bien d’autres, ça ne l’a pas arrêté et il a enregistré son 6e album studio Without People qui, malgré le titre, a vu le jour quelques mois plus tard à l’aide de plusieurs collaborateurs, bien que ce soit à distance. En fait, le titre fait surtout référence aux sujets abordés par chanteur ontarien dans cet album, notamment les relations avec les autres.

Après l’introduction instrumentale Without People, on saute dans le vif du sujet avec Last Time I Saw You, très doux morceau folk dont il a le secret, bien qu’on préfère la suivante, Seeing Other People, qui est plus chargée sans rien sacrifier de sa beauté. Il se risque même sur quelque chose de plus rythmé avec We Used To, donnant un résultat plutôt réussi mais aussi un tantinet répétitif par moments.

S’ensuit une typique ballade country, She Waits For Me to Come Back Down, chantée en duo avec Katie Pruitt, dont la voix complimente bien celle, vulnérable, de Woods. Dur à croire qu’on n’a jamais entendu avant la ligne «I’m a mess and she’s a masterpiece», forte de sa simplicité. Quant à Clean Slate, elle offre un équilibre très intéressant entre la douceur des mélodies et la musique plus entraînante. Le problème avec un morceau comme celui-ci, c’est qu’il peut difficilement être suivi par quelque chose d’aussi fort et Man Made Lake, de retour au folk feutré, passe pratiquement inaperçu. Et on préfère tout simplement passer Interlude si on en a la chance.

Lonely People (avec Rhys Lewis) poursuit dans l’esprit de la douceur, bien qu’on sent une certaine montée au fil de la chanson, menant à l’ajout de quelques voix et instruments, mais sans jamais tout à fait lever. On est complètement ailleurs dans Grew Apart, y allant d’une énergique chanson folk rock où le chanteur parle d’une peine d’amour où il continue de défendre son ex au lieu de dire ce qui a mené à la fin de la relation. Le mélange est un peu bizarre, mais ça reste parmi les paroles qui frappent le plus. Heureusement qu’on ne vivait pas une séparation au moment précis où on a écouté la chanson, mais quiconque a déjà vécu une situation similaire va certainement être ébranlé par la chanson, même s’il existe une version encore plus réussie (on y revient plus bas).

Malheureusement, les suivantes peinent ensuite à nous accrocher outre mesure, malgré les bons éléments qu’on y entend. Sans être mauvaises, on passera rapidement Whole Way Home et High Season. Mais on a droit à quelques belles surprises dans God Forbid, dont les arrangements chargés en cordes font toute la différence. Elle mène à la conclusion de l’album, la très inspirée Whatever Keeps You Going. Une fois de plus, la magie des mots avec juste la bonne intention musicale fait tout le travail.

Malgré son titre, Without People nous montre un Donovan Woods qui sait très bien s’entourer et créer de la bien belle musique. Ce n’est pas toujours révolutionnaire, mais c’est règle générale très bien amené et lorsqu’on est dans le bon état d’esprit, sa musique reste difficile à détrôner.

Version deluxe (2021)

Quelques mois plus tard, une version deluxe de Without People a vu le jour, contenant 4 titres de plus, dont certains qu’on reconnaît. La première chanson est Grew Apart – Piano, une version plus douce et acoustique de Grew Apart. Si on trouvait que la version originale avait trop de pep pour son propos, celle-ci touchera directement au cœur de la cible. Avec son classique Portland, Maine, il s’agit probablement d’une de nos chansons préférées de tout le répertoire de Donovan Woods, ce qui n’est pas rien.

On reconnaît aussi tout de suite Whatever Keeps You Going – Children’s Choir, une version avec des voix d’enfants, ajoutant à l’énergie de la chanson sans la dénaturer. Et quand on entend When the Party’s Over, on la sent familière… c’est parce qu’il a été possible d’entendre un extrait dans Interlude. On n’a pas trop compris le concept de teaser une toune d’une version deluxe, mais bon! À part ça, la chanson country rock est somme toute réussie. La 4e et dernière piste de plus est Break Somebody’s Heart, du pur Donovan Woods, qui s’écoute toujours très bien.

Dans ce cas-ci, la version deluxe vaut très largement le détour, car aucune des chanson qu’elle contient n’est de trop : les deux premières bonifient ou supplantent selon nous les versions originales et les 2 autres auraient parfaitement eu leur place dans la version régulière.

À écouter : Clean Slate, God Forbid, Whatever Keeps You Going // Version deluxe : Grew Apart – Piano

7,8/10 (régulier) // 8,1/10 (deluxe)

Par Olivier Dénommée


En savoir plus sur Critique de salon

Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.