
Sorti le 7 juin 2024
L’autrice-compositrice-interprète Danyka Boileau-Bonaduce a eu plusieurs vies, elle qui a déjà fait de la musique sous le nom de Rose Bouche. Aujourd’hui, c’est avec son projet Makenzie qu’elle souhaite se faire connaître, pour lequel elle lance un premier album, Mousses mémoires.
L’alter-ego Makenzie est né en 2020, en même temps que le confinement et le décès d’un proche de l’artiste, et l’autoharpe est vite devenue un instrument central dans sa musique. L’album Mousses mémoires est donc l’aboutissement de 4 années d’explorations, misant sur un mélange entre des sonorités folk, pop baroque et rétro pour porter des textes souvent engagés. Cela donne des résultats parfois assez surprenants, alors que Makenzie ne semble pas intéressée de faire dans la musique trop accessible et prévisible.
Dès la première piste, Îles fossiles, on donne le ton : Le doux début folk laisse beaucoup de voix à la voix particulière de la chanteuse, mais plus on avance dans la chanson, plus l’ensemble gagne en intensité, au point de perdre certaines subtilités. Elle est suivie de l’extrait Flip a coin, offrant beaucoup plus de nuances qui mettent en valeur la force des mélodies et des arrangements. La dernière minute de la chanson est un peu plus «orageuse» que nécessaire, mais c’est bien amené et ça redescend pour finir le tout sur une bonne note.
La brève Tu t’es donné au soleil y va d’un folk planant qui mène naturellement à Le jardin pergélisol. Celle-ci propose une ambiance légèrement plus tendue et prend le temps de bien construire son crescendo, au point de n’entendre le premier refrain qu’à partir de 1min50. C’est un peu tard à notre goût, mais ses ambiances bien amenées valent tout de même l’attente. C’est le genre de chanson qui semble meilleure à chaque nouvelle écoute. On ne peut toutefois pas dire la même chose d’Enfer America, morceau pourtant prometteur, mais au refrain qui ne correspond vraiment pas au ton du reste de l’album.
Anémone offre moins de surprises, mais contient tout de même plusieurs passages inspirés. Le contraste est évident avec Zoé don’t care, crinquant rapidement l’énergie au maximum, au détriment du sens de la nuance, ce qui nous convainc un peu moins ici. La suivante, Prémonitions, sert essentiellement à baisser l’énergie pour mener à Je croirai à l’amour, ballade folk rock très intéressante, avec même quelques passages plus chargés. Elle aurait parfaitement pu conclure l’album, mais l’honneur revient à la courte Le soleil s’étoile (qui se trouve dans différentes versions, mais pas celle de Bandcamp, a-t-on remarqué), chantée a cappella.
Pour son premier album, Makenzie n’a pas fait dans la facilité, et c’est franchement tant mieux comme on ne manque pas de chanteuses misant sur une pop radiophonique ô combien prévisible. Mousses mémoires ne dure que 30 minutes, mais l’album contient son lot de (belles) surprises qui nous donnent envie de voir ce qu’elle peut nous réserver à l’avenir. L’album mérite quelques écoutes… qui sait, un coup de cœur s’y cache peut-être?
Vous pourrez notamment retrouver cet album sur la page Bandcamp de l’artiste.
À écouter : Flip a coin, Le jardin pergélisol, Je croirai à l’amour
7,3/10
Par Olivier Dénommée
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