
Sorti le 10 novembre 2023
Au fil des années, on a vu passer souvent le nom de Papagroove, collectif montréalais d’afro-funk, mais on n’a jamais pris le temps de véritablement se pencher sur sa musique. On tente de se reprendre en revenant sur son album de 2023, sympathiquement titré Y’annonce beau!, qui s’écoute drôlement bien en été, bien que l’album a plutôt été lancé en plein automne.
L’album a été décrit comme un retour aux sources pour le groupe, misant sur le métissage entre l’afrobeat et la musique urbaine, et c’est exactement ce à quoi on a droit en écoutant Y’annonce beau! Dès les premières notes de La camioneta, on sent une bouffée de chaleur nous happer et la chanson ne fait que devenir plus contagieuse à chaque seconde. La piste est presque entièrement instrumentale, sauf vers la fin où on a quelques paroles, mélangeant le français et l’espagnol. Bonne chance à quiconque de résister à l’envie d’au moins taper du pied sur cette solide entrée en matière!
Le Smat revient avec une musique presque aussi efficace, mais celle-ci se retrouve en arrière-plan pour laisser la place aux textes humoristiques mais étranges, parlant de personnages qui se prennent pour d’autres en ligne. C’est intéressant comme approche, mais on n’écouterait pas cette chanson en boucle! Bulletin spécial garde ce côté irrévérencieux (qui n’est pas sans rappeler l’énergie de Clay and Friends), mais pas sans des mélodies plutôt mémorables.
On a ensuite droit à une très solide et nuancée Vagabond, aussi efficace dans ses passages instrumentaux que ceux chantés. Et que dire que la mystérieuse (et entièrement instrumentale) Rue de la Gare, qui fait d’ailleurs appel au talent du claviériste Martin Lizotte pour l’occasion? Clown Show y va d’un morceau un peu plus chargé, mais festif à souhait, chanté cette fois en anglais. Et on ne sait pas trop quoi retenir de Man in the Machine, une des pistes plus «agressives» de l’album, une énergie que le groupe ne semble pas totalement assumer malgré plusieurs bons passages.
L’entraînante Solange vise toutefois dans le mille, autant dans son énergie musicale que dans l’efficacité de ses mélodies, parmi les plus chantantes de l’album. Ça aurait pu servir de parfaite conclusion à Y’annonce beau!, mais Papagroove nous gardait la plus longue piste pour la fin : Désert arctique, durant plus de 7 minutes. La pièce est intéressante, mais elle est très différente du reste de l’album, étant beaucoup plus proche du jazz que de l’afrobeat. En même temps, quand on voit les membres du collectif (mentionnons seulement Jacques Kuba Séguin et Mario Allard), on ne se surprend pas de cette direction, au moins le temps d’une toune!
Avec cet album, Papagroove va dans plusieurs directions, avec des résultats pas toujours égaux, mais donnant règle générale des propositions assez intéressantes. On sent que Y’annonce beau! est un album résolument fait pour être apprécié l’été et on ne peut qu’imaginer qu’il serait encore meilleur en spectacle. Normalement, vous devriez être de meilleure humeur après une bonne écoute!
Cet album est notamment disponible sur la page Bandcamp du groupe.
À écouter : La camioneta, Vagabond, Solange
7,9/10
Par Olivier Dénommée
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