
Sorti le 31 janvier 2009
Il y a quelques années, on était tombé sur le plus récent album du groupe canadien Don Vail, Stand of Tide. On l’avait beaucoup apprécié, mais on n’avait encore jamais pris le temps d’écouter le reste de sa discographie. On fait donc un saut dans le passé avec l’album éponyme du groupe, paru début 2009.
On parle ainsi d’un saut de 10 ans entre les 2 sorties, voire un peu plus car il est mentionné que les chansons ont été enregistrées en 2006 et 2007! Mais Don Vail n’est pas composé de débutants puisqu’à peu près tout le monde a eu de l’expérience dans différents groupes avant de se retrouver au sein de Don Vail (mentionnons seulement David Dunham, qui a joué dans plusieurs groupes, dont le groupe rock humoristique Sons of Butcher).
Néanmoins, on sent que tout n’est pas encore tout à fait ficelé dans ce premier album. Certaines idées sont solides, mais le groupe fait choix artistiques parfois étranges. Black Book Page, qui ouvre l’opus, est parmi les chansons les plus agréables à écouter : on y retrouve un indie rock simple mais efficace. Ce n’est pas complètement un hasard qu’on ait mentionné Sons of Butcher plus haut, car la voix et certaines mélodies nous font un peu penser à ce groupe, ce qui est plus impressionnant quand on pense que ce n’est pas Dunham à la voix, mais bien Mitch Bowden, bien que les deux ont joué ensemble dans Chore. Ces similarités s’entendront à plusieurs moments au fil de l’album, mais nous ne le mentionnerons plus par souci de concision.
On ose un peu plus avec la suivante, Linda McCartney (oui, le nom de la première femme de Paul McCartney). Musicalement, c’est très long et répétitif, et si les premières écoutes sont plus laborieuses, elle finit par rester en tête, qu’on le veuille ou non. Junior Guns mise sur un build-up bien senti, au point qu’on en oublie que la chanson dure 5 minutes. Puis, I Knew This Would Happen nous amène un morceau plutôt énergique qui se prend plutôt bien, du moins jusqu’à la dernière minute, qui nous met des sons insupportables (dont des rires) une fois la chanson terminée. Dans certains cas, c’est assez bien amené pour qu’on le tolère, mais ici c’est pratiquement la seule chose qu’on retiendra de la chanson, malheureusement.
Mais ça rend la suivante, Paper Planes, encore plus agréable à écouter. Un rock inspiré avec quelques bonnes mélodies (dont les refrains), c’est tout ce qu’on demandait et c’est bien ce qu’on a ici. On a sentiments plus partagés envers Tragedies on Plastic, avec des mélodies réussies, mais des riffs très inégaux selon le segment de la chanson qui n’est pourtant pas si longue mais qui ressemble presque à un patchwork tellement elle a des énergies différentes d’un instant à l’autre. C’est dommage parce qu’il y avait plusieurs bonnes idées!
Malgré son titre, Brighter semble miser sur une certaine lourdeur pendant la majorité de la chanson, mais offre une fin plutôt convaincante. Hopson Unite! prend une longue minute avant de vraiment commencer, et encore plus longtemps avant de véritablement lever. Il y a bien quelques bonnes idées, mais rien d’assez fort pour justifier les longueurs. Quant à The Savage Society of Crandle Hardwick, le riff principal (beaucoup trop court) est tout simplement à oublier, ce qui nuit au reste de la chanson. L’album Don Vail se conclut sur Trapeze Song, la piste la plus longue du lot (dépassant la barre des 6 minutes). Celle-ci fait l’éloge de la lenteur et contient un long segment instrumental qui laisse place à l’ambiance musicale qu’a su créer le groupe, mais ça aurait été un peu plus efficace dans une chanson quelque peu raccourcie, à notre avis. C’est quand même une bonne finale pour cet album en dents de scie.
C’est toujours plus difficile d’écouter un vieil album quand on a sait de quoi le groupe est capable par la suite, et c’est particulièrement le cas pour ce premier album de Don Vail. Disons que le groupe manquait encore de direction à ce moment-là, et ça s’entend dans ses choix artistiques. L’album n’est quand même pas un désastre et les vrais fans de Don Vail l’adorent sans compromis, mais si vous vous initiez à ce son, vous remarquerez assez rapidement les inégalités et les ambiguïtés. Après tout, cela reste un album de son temps, paru il y a déjà 15 ans au moment de publier ce texte.
Vous pourrez trouver cet album sur la page Bandcamp du groupe.
À écouter : Junior Guns, Paper Planes, Brighter
6,8/10
Par Olivier Dénommée
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