
Sorti le 2 juin 2023
On a beaucoup attendu avant d’enfin se décider de se pencher sur l’album Salt du trio montréalais Half Moon Run, une première sortie studio depuis que le groupe est revenu avec seulement ses 3 membres originaux. Au fil des années, le groupe a toujours cherché à se redéfinir et chaque sortie tendait à aller dans une direction un peu différente; on se demandait donc celle qu’il prendrait avec son 4e.
Notre souvenir de la promotion entourant la sortie de l’album est la mention que ce qui s’est retrouvé sur l’album est «le sel», l’essentiel. Est-ce que le groupe allait véritablement offrir quelque chose de plus dépouillé ici? En bref, pas tout à fait!
Notre écoute commence avec l’extrait You Can Let Go, du pur Half Moon Run : on joue aux montagnes russes entre des couplets pleins de retenue et les refrains davantage mémorables. Durant nos premièrs écoutes, on n’était pas particulièrement convaincu par les couplets, particulièrement les «mélodies» du chanteur, mais la démarcation entre les deux énergies est ce qui rend la chanson efficace. Plus folk, Alco offre un peu moins de surprises, mais s’écoute tout de même extrêmement bien. Un peu plus loin, Everyone’s Moving Out East assume encore plus son côté folk (avec même un petit sifflement), sur un morceau anormalement doux.
Mentionnons dès Hotel in Memphis la présence de plusieurs sonorités, notamment dans les synthés et quelques guitares, qui nous sont extrêmement familières. Cela fait qu’on passe plus de temps à se demander où on a déjà entendu ça qu’à véritablement apprécier la chanson. Une autre chanson plus loin a le même effet, voire décuplé : Goodbye Cali qui aurait très sérieusement pu être une toune de François Pérusse. Disons qu’on n’est pas tout à fait dans le même registre!
On retrouve le HMR percussif comme on l’aime avec 9beat, y allant d’une chanson qui nous garde éveillé tout le long pour ne rien manquer, avec un dernier quart particulièrement solide. S’ensuit Dodge the Rubble, dont le build-up compense largement pour son début plus ou moins remarquable. Par contre, impossible d’écouter Heartbeat sans y entendre une version acoustique de When You Were Young de The Killers.
Gigafire retente le coup du grand crescendo, mais il ne touche pas vraiment sa cible ce coup-ci et la chanson dans l’ensemble nous laisse un peu tiède. La chanson-titre Salt n’est malheureusement pas beaucoup plus enlevante – il faut attendre les 45 dernières secondes pour qu’il se passe vraiment quelque chose, ce qui est trop peu trop tard – et on arrive ensuite déjà à la fin, avec Crawl Back In, un folk émotif, mais n’offrant pas le petit boost qui aurait été nécessaire pour rattraper la fin de l’album.
Que retenir de l’album Salt? Pour nous, il n’a évidemment pas la même magie que Dark Eyes, qui pour nous n’a jamais totalement réussi à être égalé par la suite (quoique Seasons of Change s’en est beaucoup rapproché), mais il n’est pas mauvais pour autant, surtout après quelques bonnes écoutes. On trouve depuis longtemps qu’Half Moon Run est quelque peu inégal en studio, offrant tantôt des chefs-d’œuvre, tantôt des chansons qu’on oublie presque dès qu’on passe à la suivante, mais qu’il compense cette faiblesse par des spectacles mémorables qui rendent n’importe quelle chanson incontournable grâce à l’enrobage et l’énergie de l’interprétation. L’album s’écoute bien tout en n’étant pas fantastique en lui-même, mais aucun doute que les chansons qui s’y trouvent prennent tout leur sens en show.
L’album est disponible sur la page Bandcamp du groupe.
À écouter : Alco, 9beat, Dodge the Rubble
7,4/10
Par Olivier Dénommée
En savoir plus sur Critique de salon
Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.