Les Dévadés – Les Dévadés

Sorti le 25 octobre 2024

Et si Luc De Larochellière et Éric Goulet avaient formé un band dans les années 80, mais avec tout le bagage et l’expérience qu’ils ont aujourd’hui? La naissance du projet Les Dévadés est un peu le réponse à la question que vous ne saviez probablement même pas que vous aviez! La promotion très efficace autour du groupe «mythique», incluant une bande-annonce d’un (faux) documentaire, a ajouté au brouillement des frontières entre le réel et l’imaginaire, menant à la sortie du premier album, simplement intitulé Les Dévadés.

En un mot, on peut dire que c’est un projet assez flyé que propose le tandem, avec une musique entre et rock et new wave lourdement influencée par les synthés omniprésents à l’époque, mais surtout des paroles qui traduisent une réalité qui a bien changé depuis. On reconnaît tout de même assez bien la plume de Luc De Larochellière, qui a toujours été capable d’être acérée lorsque nécessaire.

La table est mise dès Panne d’horizon : la musique fait un travail impeccable pour nous replonger dans les années 80, mais ce sont les paroles qui ressortent aussitôt, recréant très bien le côté frondeur de deux auteurs-compositeurs dans la jeune vingtaine. Elle est suivie de l’entraînante, limite hyperactive, Mourir en plein ciel, laissant davantage la place à Éric Goulet. C’est somme toute assez efficace, mais on préfère le côté plus nuancé de Tristesse pornographique.

Un peu plus loin, Tout est à vendre, j’attends les soldes se démarque rapidement par la force de son propos. C’est un peu plus grinçant musicalement, mais ça se défend assez bien dans ce contexte. S’ensuit des chansons mieux dosées mais plus sombres, telles que Trou noir et Tout m’importune, avant de revenir à quelque chose de plus énergique avec Au bal des jamais nés.

Passeport pour l’ennui propose ensuite quelque chose de plutôt planant, alors que Saoul du soleil ramène la douceur au menu. Mais la chanson qui donne tout son sens à l’album est Les années 2000, à cause de ses textes qui auraient très mal vieilli s’ils avaient effectivement été écrits à la fin des années 80! Nous n’étions pour notre part pas encore né à ce moment, mais clairement l’ère était pas mal plus à l’optimisme qu’aujourd’hui. Et on rit jaune lorsque Les Dévadés assument que c’est impossible qu’on soit assez débiles pour vouloir revivre quelque chose d’équivalent à la Guerre froide dans le futur. Aïe!

Après un morceau aussi fort que celui-ci, impossible de conclure l’album avec quelque chose d’aussi mémorable, mais on a tout de même droit à l’atmosphérique L’éden et, en conclusion, Juste le ciel, au refrain très réussi, permettant de conclure cet album dense sur une assez bonne note.

Pour bien apprécier l’album Les Dévadés, ça demande certaines prédispositions, comme déjà bien connaître Luc De Larochellière et Éric Goulet en plus avoir envie de se replonger dans la naïveté des années 80, même avec la connaissance qu’on a aujourd’hui. On a l’impression que le projet est davantage un statement artistique que le premier album d’un nouveau groupe, et même s’il est extrêmement bien fait, il demeure niché. Aucun doute, il fait une proposition artistique originale qui mérite quelques bonnes écoutes et possiblement quelques prix dans le futur, mais on ne recommanderait pas de l’écouter en boucle aussi longtemps qu’on l’a fait, parce qu’il y a beaucoup de moments lourds au fil de cette offrande!

À écouter : Tristesse pornographique, Saoul du soleil, Les années 2000

7,7/10

Par Olivier Dénommée


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