Hell Together – The Sheepdogs

Sorti le 7 novembre 2024

On n’a pas à remonter à très loin pour retrouver la dernière sortie du groupe canadien The Sheepdogs, lui qui a offert le EP Paradise Alone cet été. Le voilà qui lance déjà un autre EP, cette fois intitulé Hell Together, signe que le groupe a de la suite dans les idées! Selon ce qu’on peut lire, les chansons des 2 EP ont été enregistrées dans des sessions séparées, bien que les 2 sorties nous paraissent déjà indissociables de par leur thème.

Tout de même, Hell Together assume davantage son côté Americana, tout en gardant intactes les harmonies et l’esprit rock classique qui a fait le succès des Sheepdogs au fil des années. Notons aussi que le mini-album ne manque pas d’optimisme et de nostalgie dans son énergie et sa musicalité, mais qu’il n’hésite pas à aborder certains sujets plus sérieux au fil de l’enregistrement.

L’écoute ouvre sur Now or Never, crinquant la nostalgie à 11 dès le début. Tout – les arrangements comme la dynamique vocale – nous ramène plusieurs décennies en arrière, un retour qui est loin d’être déplaisant même si on a toujours la petite question en arrière de la tête à savoir si on a déjà entendu cette chanson quelque part avant. La chanson est suivie de l’extrait Handle My Biz, dont la vedette est volée à parts égales par les hooks vocaux et les lignes d’orgue électronique. Le seul défaut qu’on peut lui trouver est la fausse fin qui étire l’exercice de 30 secondes de plus : ce n’était tout simplement pas nécessaire dans ce contexte!

My Home Is Burning ressemble dangereusement à une toune de roadtrip, elle qui combine tous les ingrédients avec une musique sympathique (incluant des petits solos de guitare), des riffs inspirés, et des mélodies relativement simples. On gagne ensuite un peu en énergie avec The Working Man. Durant les 3 premières minutes, on pourrait dire que c’est une chanson très égale qui n’offre pas vraiment de surprises, mais on brouille un peu les cartes dans la dernière minute et demie.

Dans Paradise Alone, il y avait une chanson en particulier qui nous faisait automatiquement penser à un classique du rock. Ici, c’est le début de Jeroboam qui nous amène instantanément à penser au classique de John Denver, Take Me Home, Country Roads, même si le refrain va complètement ailleurs par la suite. Celui-ci demeure bien amené, mais c’est presque toujours un combat perdu d’avance quand vous êtes comparé à une chanson de cette stature! La conclusion revient à la chanson-titre, Hell Together, qui est aussi la plus longue de l’opus, proposant à l’auditeur de revivre le voyage musical du groupe qui a «traversé l’enfer ensemble» au fil de ses 20 ans d’existence. Certains segments ressemblent d’ailleurs davantage à un jam où les gars des Sheepdogs s’amusent entre eux, mais qu’ils nous permettent de quand même les espionner dans leur pièce de répétition. Sans être notre préférée du EP, on doit reconnaître que la chanson devrait cocher toutes les bonnes cases auprès de ceux qui suivent le groupe depuis longtemps et qui peuvent constater plus que jamais leur chimie.

Avec cet EP, The Sheepdogs nous pose la question : vaut-il mieux être seul au paradis ou ensemble en enfer? En dehors de la question philosophique à laquelle on ne se sent pas habilité de répondre, on a un très petit penchant en faveur de la musique de Hell Together, même si on trouve que les deux sorties vont franchement très bien ensemble et forment presque un tout empreint de nostalgie. Comme tant d’autres albums qu’on a critiqués, ce qui change vraiment est l’état d’esprit de l’auditeur au moment de l’écoute. Sinon, on ne peut pas dire qu’on sent que Hell Together sonne comme une sortie automnale, mais elle s’écoute franchement bien quand on se laisse simplement porter par sa musique : c’est ça l’essentiel!

Reste la question de la pertinence d’avoir enregistré deux EP dans un très court laps de temps alors que le groupe avait en main l’équivalent d’un album de 45 minutes s’il avait voulu. The Sheepdogs semble faire partie du mouvement d’artistes qui préfèrent lancer de la nouvelle musique plus souvent, mais dans un format plus petit, correspondant mieux à la réalité du streaming. On ne peut pas être contre le fait de prendre en compte la nouvelle façon de consommer de la musique, mais l’industrie n’est malheureusement pas encore tout à fait là et tend à ne pas vraiment prendre en compte une sortie, aussi bonne soit-elle, tant qu’elle n’a pas le statut d’album. Espérons que cela change prochainement.

À écouter : Handle My Biz, My Home Is Burning

7,6/10

Par Olivier Dénommée


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