
Sorti le 4 octobre 2024
On aime beaucoup suivre la musique de Benoit Pinette, alias Tire le coyote, depuis son solide album Désherbage dont certaines chansons nous restent encore en tête 7 ans plus tard. Le poète à la voix de falsetto revient ici avec Dynastie, son 6e album où il assume un côté plus rock que folk, une sonorité à laquelle on n’était pas autant habitué de sa part.
Première surprise : Avalanche, en plein début d’album, où on entend sa voix «normale». Sa voix distinctive arrive tout de même un peu plus tard pour créer des harmonies avec lui-même. C’est réussi et le build-up dans les arrangements donne aussi une intensité non négligeable à la chanson qui dure près de 6 minutes sans qu’on s’en rende compte. Cela nous fait aussi nous demander pourquoi Pinette ne chante pas plus souvent dans un registre plus grave, lui qui le fait très bien ici. Et, bonus, Avalanche est une adaptation francophone d’une chanson de Leonard Cohen, qu’il s’est franchement bien appropriée ici.
On revient ensuite à un folk doux assez typique de Tire le coyote avec L’observatoire, puis un tantinet plus énergique dans La liberté (c’est de suivre le plan), qui se permet d’incorporer au passage quelques bouts avec de la distorsion pour corser le tout. C’est assez bref pour ne pas nous déranger, mais on ne sent pas que c’était un ajout nécessaire pour faire passer le message.
Puis, Feux d’artifice assume pleinement le côté rock de l’artiste, suivie d’une Les chemins de travers qui commence brièvement de façon intense pour s’adoucir aussitôt et jouer ainsi aux montagnes russes à quelques reprises au fil de la piste de 5 minutes. On a même droit à un segment en spoken word. Baldy reprend une formule avec des arrangements incertains, commençant de façon tendue avant de passer au folk simple mais empreint d’une certaine noirceur. Même si la chanson n’est pas trop courte en soi, on ne peut s’empêcher de trouver qu’elle se termine presque trop soudainement, nous laissant un peu sur notre faim.
Le dosage est plus réussi dans L’ailleurs, offrant des mélodies qui restent en tête et un rock aux touches de psychédélisme qui agrémentent bien le tout. Ce n’est pas une sonorité qui est inédite, loin de là, mais elle touche sa cible et nous rend au passage nostalgique avec, entre autres, la dernière minute de la chanson qui est instrumentale pour pleinement apprécier l’expérience. On n’a pas particulièrement parlé des paroles jusqu’à présent, mais on se doit de souligner la fin du refrain, qui nous fait sourire à tout coup : «Il revient encore me dire bonjour / Le sentiment étrange d’être celui / Qui chante, qui vante, qui encense l’amour / Sans connaître le produit». C’est la magie de Tire le coyote, de jumeler des mots qui donnent un sens à fois vague et très clair à ses propos, et il répète cet exploit un peu partout au fil de l’album.
Les montagnes russes font un retour avec Toute garnie, au début peu accrocheur, mais qui passe à un rock solide après la première minute. Mais la chanson dure aussi plus de 6 minutes et contient d’autres passages inégaux qui feront que la chanson ne sera pas la tasse de thé de tout le monde. Dommage, parce que les bons passages sont bons pour vrai! S’ensuit la chanson-titre Dynastie, qui a une mélodie quelque peu familière. Le contraste est intéressant entre la voix émotive du chanteur et la musique plutôt lumineuse qui lui donne un autre élan. On a seulement une réserve pour la dernière minute de la chanson, qui prend une drôle de direction, s’éloignant du reste de la piste. L’album se conclut sur Terminus #14, brève piste d’une minute qui laisse entrevoir une sonorité qui n’a pas vraiment été explorée au fil de l’album – est-ce un clin d’œil annonçant la prochaine direction que Tire le coyote compte prendre? On aura la réponse dans quelques années!
Dans son désir de ne pas toujours faire la même chose, Tire le coyote a inutilement complexifié certaines de ses chansons. Cela rend plusieurs pistes un tantinet plus longues à apprivoiser, mais dans la plupart des cas, cela vaut l’effort supplémentaire car il est toujours un grand parolier, surprenant avec ses choix de mots, et qu’il parvient à créer des dynamiques très intéressantes au fil de cet album de 43 minutes. Sinon, notons de façon plus générale que ses mélodies ici sont un peu moins aiguës que par le passé, sans sacrifier son falsetto qui demeure sa signature. Cela ne nous déplaît pas qu’il baisse un peu son registre… ce qui devrait donner une chance à ses fans pour tenter de chanter les notes en même temps que lui!
À écouter : Avalanche, L’observatoire, L’ailleurs
7,6/10
Par Olivier Dénommée
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