
Sorti le 25 novembre 2022
Comme on n’a pas peur de parfois faire les choses à l’envers ici à Critique de salon, c’est l’écoute d’Illumination II qui nous a réellement initié à la musique du pianiste Mathieu Bourret. Ce solide EP des fêtes nous a donné envie de ne pas attendre plus longtemps avant d’écouter ce qu’il a concocté en 2022 avec Illumination, une sortie sur le même thème.
Le premier constat de notre écoute d’Illumination est au niveau des titres : ceux-ci sont presque tous en anglais, alors qu’il optera par la suite pour des titres francophones. Mais quand on livre un album instrumental, ce choix est somme toute bien secondaire,et c’est plutôt la qualité des arrangements et les émotions véhiculées qui passent bien sûr en premier! Et les premiers instants de Joy to the World nous permettent de croire qu’on sera rassasié dans les ambiances des fêtes. Le piano arrive aisément à nous mettre dans un décor enneigé et le build-up ajoute une belle intensité à cette pièce qui s’écoute toute seule. On doit toutefois se montrer plus critique envers la fin, avec un long segment doux et mélancolique qui étire quelque peu la sauce. La piste aurait aisément pu se conclure 1min15 plus tôt pour plus d’efficacité. Cette douceur permet toutefois de mener plus naturellement à la suivante, Have Yourself a Merry Little Christmas, une version forte de sa grande simplicité.
Un peu comme Joy to the World, Jingle Bells parvient aisément à faire tomber la neige avec son piano, mais ajoute quelques sonorités de plus, donnant de l’intensité et de la texture à son interprétation. Parlant d’intensité, mention à la très réussie Shchedryk (The Little Swallow), capturant en moins de 2 minutes l’essence de cette chanson basée sur une composition ukrainienne (on a souvent tendance à oublier ses origines!). Noël Nouvelet permet ensuite de s’adoucir quelque peu, tout en gardant un petit dosage de mystère qui se développe tranquillement au fil de la pièce, pour un effet plutôt réussi. Elle est suivie d’une version très aérienne de God Rest Ye Merry Gentlemen.
Gardons le bonbon pour la fin : Illumination (Improvisation) est une composition originale de Mathieu Bourret, donnant en même temps son titre au disque, et c’est là qu’il brille naturellement le plus, laissant libre cours à sa créativité. Il semble tout de même se contenir un peu, mais on se plaît à se laisser bercer par cette finale. Voilà qui nous confirme une fois de plus qu’il faudra écouter le reste de son matériel dans un futur rapproché.
Après avoir écouté Illumination II, on entend aisément le progrès rapide entre les 2 sorties des fêtes. Entendons-nous, Illumination reste une bonne sortie du temps des fêtes, mais contient petits quelques choix artistiques un peu moins convaincants que ce qu’on aurait souhaité, surtout par rapport à ce qu’on sait qu’il est capable de livrer. Ce ne sont que des petits détails, mais dans un registre comme les fêtes, où on est submergés des mêmes chansons arrangées différemment, ce sont justement les petits détails qui décident si une version va rester dans l’imaginaire collectif ou qu’on va simplement l’écouter dans le contexte de l’album pour ensuite favoriser nos versions préférées. Ceci étant dit, ne vous gênez pas si vous désirez un petit album des fêtes instrumental : il devrait assez bien répondre à vos attentes!
Cet album est notamment disponible sur la page Bandcamp de Mathieu Bourret.
À écouter : Jingle Bells, Shchedryk (The Little Swallow), Illumination (Improvisation)
7,7/10
Par Olivier Dénommée
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