Sorti le 7 juin 2013

Comme cela faisait un moment qu’on n’avait pas écrit sur une bande sonore de jeu vidéo, pourquoi pas un petit retour en 2013, moment de la sortie du premier volet du jeu The Last of Us, jeu qui a révolutionné l’industrie à l’époque et qui est encore considéré par plusieurs comme une des plus belles histoires jamais écrites? Dans la grand majorité des jeux marquants, on remarque comme point commun la musique magnifique qui ne fait qu’accentuer les émotions véhicules à l’écran. La musique composée par l’Argentin Gustavo Santaolalla prend toutefois des sentiers différents, optant pour une approche très minimaliste.

Quand on a nous-même joué à ce jeu d’action de type «survival horror», l’immersion dans ce monde post-apocalyptique était totale, avec des ambiances bien ficelées et une tension souvent palpable. La musique a bien sûr joué un rôle là-dedans, mais la force du jeu était aussi son côté émotif. Et on se surprend de constater qu’il n’y avait pas tant de pièces émotives dans la bande sonore, même si certaines pistes ont traversé le temps et restent dans l’imaginaire collectif.

L’écoute de la bande sonore de 55 minutes débute justement avec beaucoup de lourdeur avec The Quarantine Zone (20 Years Later). La guitare acoustique contribue à une ambiance assez glauque et malsaine. En bref, le ton est donné. La suivante, The Hour, surprend avec quelque chose de moins lourd, mais encore ambigu musicalement. Hors contexte, la brève pièce n’a toutefois pas le même impact. Au contraire, la pièce-titre The Last of Us offre des arrangements riches, construisant efficacement l’univers musical du jeu, et une des rares que l’on écouterait volontiers en dehors de ce contexte. Car, règle générale ici, la bande sonore sert à accentuer ce que le joueur vit à différents moments dans le jeu, mais cet effet ne s’applique pas particulièrement sans support visuel.

On pourrait résumer la bande sonore en 3 catégories. En gros :

Il y a les morceaux purement atmosphériques, où il ne se passe presque rien hors contexte. Cela inclut Forgotten Memories, All Gone, The Last of Us (Never Again), All Gone (Aftermath), All Gone (Alone), Breathless et All Gone (The Outside). Il y a, bien sûr, aussi les compositions tendues et lourdes, primordiales dans un jeu comme The Last of Us. En vrac, mentionnons The Outbreak, les percussives (limite tribales) The Hunters, By Any Means, I Know What You Are et Infected, Smugglers, The Last of Us (A New Dawn) et Blackout. Dans la plupart des cas, c’est difficile de se rattacher à ces pièces en dehors du jeu, malgré la qualité des compositions et leur interprétation.

Et, enfin, il y a les pièces chargées en émotions, de loin celles qui ont le plus de facilité à quitter le médium initial pour nous toucher par leur simple beauté. Cela inclut Vanishing Grace, Vanishing Grace (Innocence) (une version avec de la guitare à la place du clavier), The Choice, The Last of Us (Goodnight), Home, All Gone (No Escape), Vanishing Grace (Childhood) (cette fois une version plus aérienne), The Path (un des morceaux les plus marquants dans le jeu) ou encore sa version prolongée, The Path (A New Beginning), The Way It Was, The Last of Us (You and Me) et Returning, dernière piste de l’album. Si certaines sont devenues iconiques, ce n’est évidemment pas le cas de la majorité. Mais, une fois de plus, elles servent parfaitement l’émotion rendue dans le jeu au moment où elles jouent!

Cela fait de la bande sonore de The Last of Us une des mieux écrites pour s’intégrer au jeu, mais une qui, à quelques exceptions près, peine à avoir le même niveau d’impact en dehors de ce contexte soigneusement créé. C’est vraiment là qu’on réalise que ce jeu est un tout indissociable : il n’aurait pas pu connaître le même succès sans son histoire prenante, son univers bien imaginé, ses personnages réalistes, ses situations hyper tendues nous gardant en haleine et sa musique parfaitement dosée. Enlevez les autres morceaux et il reste une musique plus ou moins facile d’approche, qu’on n’écouterait que dans des contextes très précis, généralement pas quand la vie va très bien, disons! On ne peut que conseiller de joueur à ce jeu qui n’a pas pris une ride si ce n’est pas déjà fait, mais sa musique en général mieux de rester là d’où elle vient.

À écouter : The Last of Us, Vanishing Grace (Childhood), The Path (A New Beginning)

8,4/10 (dans le jeu) // 6,8 (hors contexte)

Par Olivier Dénommée