The Light Behind the Sun – AHI

Sorti le 7 février 2025

Cela faisait un sacré moment que l’on n’avait pas écouté la musique du Torontois AHI (Ahkinoah Habah Izarh de son nom complet) – plus précisément depuis 2018, à l’occasion de la sortie de son album In Our Time qui nous avait fait découvrir la musique et surtout la voix du chanteur. On a voulu entendre comment sa musique avait évolué avec sa nouvelle sortie, The Light Behind the Sun.

L’idée derrière l’album est, quant à elle, de mettre de l’avant le «pouvoir de la gentillesse et de l’entraide dans les moments de lutte et de doute», un thème qui semble drôlement pertinent en 2025. Et, plus que jamais, AHI vient brouiller les frontières entre les musiques folk, pop, rock et soul et même la musique africaine, qualifiant cette sortie de «folk noir».

Qu’est-ce qui définit le «folk noir»? L’artiste ne tarde pas à nous donner une bonne idée, dès les premiers instants de Black Monday, avec un hybride entre une guitare folk et le reste qui assume son héritage africain, autant dans ses mélodies que dans le côté très percussif de la chanson. La suivante, Stand By, nous déstabilise avec, d’un côté, une musique folk très ensoleillée de, de l’autre une voix soul chargée émotivement, mais ça fonctionne! La formule fonctionne tout autant avec Human Kind, misant sur un crescendo très senti tout au long de la chanson, passant d’un folk assez simple à une musique du monde épique dans la dernière minute.

My People semble encore plus assumer les influences africaines dans sa proposition rassembleuse. Le refrain est d’ailleurs d’une désarmante simplicité et a le potentiel de vite rester en tête. AHI revient ensuite à quelque chose de plus émotif avec la douce Higher, qui met à la fois en valeur sa voix et des arrangements moins ensoleillés, mais pas moins beaux. Lost in Time est à peu près dans le même esprit, et nous permet d’apprécier le côté plus pop du chanteur avec des mélodies efficaces appuyées par une musique bien dosée. Si la guitare est l’instrument de prédilection dans les compositions, on apprécie le petit 30 secondes de piano à la fin de la chanson, un ajout qui n’était pas nécessaire, mais qu’on accueille positivement ici!

Avec Plans, on revient à des sonorités folk, mais qui menacent à tout moment d’exploser, mais qui demeurent disciplinés pas mal tout le long malgré une petite montée vers la fin. Il assume ensuite les sonorités africaines avec Embrace, qui atteint son apogée dans la dernière minute, sans tout à fait aller jusqu’au niveau qu’on sait qu’il peut atteindre! Il faut attendre à Safe pour qu’il se laisse vraiment aller dans l’émotion, chose qu’il fait par ailleurs extrêmement bien.

En respect avec ses textes, Hush propose une musique plus feutrée, ce qui ne fait que mettre encore plus de l’avant la force de la voix de l’Ontarien, mais il parvient somme toute à garder son surplus d’énergie en laisse, qu’il semble nous réserver pour la finale, Where I’m Coming From, brouillant une dernières fois les genres entre une instrumentation folk, des mélodies pop teintées de soul et même des chœurs nous rappelant le gospel.

L’album n’aura duré que 36 minutes, mais c’est un peu comme si on avait écouté 3 albums en 1! Cela nous aura quand même pris quelques bonnes écoutes pour vraiment saisir l’efficacité de l’album The Light Behind the Sun, qui ose s’aventurer dans des registres assez différents. Les chansons écoutées n’ont pas nécessairement été des coups de cœur instantanés comme on a pu en avoir en écoutant ses précédentes sorties, mais elles contribuent toutes au message d’espoir que souhaite transmettre AHI et a réussi à nous faire oublier temporairement le froid hivernal, 2 exploits qui méritent d’être mentionnés!

L’année est jeune, mais on n’a aucun doute pour nous que les Junos devront considérer The Light Behind the Sun pour sa prochaine remise de prix. Le seul défi est de savoir s’il pourrait se retrouver dans la catégorie «roots» comme il l’a été avec In Our Time, ou s’il pourrait se glisser dans «global music» ou dans une autre catégorie, symbole que sa musique est difficile à véritablement mettre dans une case très définie qui saura rendre justice à ce qu’il fait.

À écouter : Human Kind, Lost in Time, Safe

7,8/10

Par Olivier Dénommée


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