Sorti le 10 novembre 2023

Qu’est-ce que ça donne quand on fusionne les talents de Laurence Giroux-Do (de Le Couleur) et de JC Tellier (de Gazoline)? Ça crée le duo punk DVTR (acronyme de la phrase «D’où vient ton riz?»), avec leurs alter egos Demi Lune et Jean Divorce. On aura pris un certain temps avant d’oser écouter la musique de DVTR à travers son EP Bonjour, mais voici ce qu’on en retient.

Déjà, mentionnons que le EP est assez expéditif, ne comptant que 6 pistes en 12 minutes. Et que le côté punk du duo est parfaitement assumé, à défaut d’être très nuancé! Notre écoute commence avec DVTR, qui met bien la table à l’énergie du groupe : une musique rapide et intense, avec des mélodies très sommaires qui mettent surtout de l’avant les textes pour le moins particuliers, dont voici un extrait empreint de poésie : «Basmati / Nique ma mère / Accroupie / Dans les rizières». La chanteuse est ici à des années-lumières de ce qu’elle livre normalement avec Le Couleur! Mais rendons à César ce qui revient à César, le duo est particulièrement clair dans la suivante, Vasectomia, qui répète «Fin du patriarcat / Fin d’une patrie archaïque» et «Vasectomie pour tous» sur des rythmes entraînants qui ne sont pas tout à fait sans nous rappeler Bikini Kill.

On se laisse aller Crématorium, parlant avec désinvolture du thème de la mort, sur une musique plus ou moins discordante. Puis, dans Sound $ex Change, Tellier prend beaucoup de place pour chuchoter les paroles, mais la chanson n’est pas assez bonne en elle-même pour se permettre de ne pas être très clair au niveau de l’interprétation vocale! Au contraire, la suivante Anu Cuni est très claire dans ses textes, et ce, en 34 secondes (on ne les écrira pas ici, mais allez les lire)! Cela nous mène déjà la finale du EP, Rhum coke^MD, groovy à souhait. Si la chanson ne dure qu’un peu plus de 2 minutes, la majeure partie est entièrement instrumentale, un autre choix audacieux, mais qui permet une dernière fois de lâcher son fou.

En 12 minutes, on a un portrait très clair de DVTR et de l’énergie qu’il dégage. On lit que c’est un groupe qui brille tout particulièrement sur scène et on n’a aucune difficulté à y croire! Après, cela reste extrêmement niché : ce registre de punk revendicateur en français nous semble relativement peu représenté au Québec, alors aucun doute que le duo a su trouver son public avec cette proposition. Mais comme on appréhendait, ce n’est pas exactement notre tasse de thé et on peine à se retrouver dans ce qu’on a entendu, malgré certains passages étonnamment convaincants. On ne recommanderait pas d’écouter trop fréquemment cette musique, mais une fois de temps en temps, ça peut changer le mal de place, imagine-t-on!

Bonjour (bis) (2024)

Un peu moins d’un an après la sortie de Bonjour, le duo a voulu prolonger le plaisir avec 5 pistes de plus! Cela donne ainsi Bonjour (bis), un EP deluxe de 25 minutes cette fois qui assume encore plus le côté revendicateur de ses membres.

Au cas où ce n’était pas assez clair, on commence avec Les flics (sont des sacs à merde), qui est associé au mouvement ACAB (all cops are bastards). Si le message est très assumé, la finesse est (un peu) plus au rendez-vous, ce qui se prend plutôt bien et qui montre une certaine évolution. Ce n’est toutefois pas le cas de la suivante, Fruits frais, mais on apprécie un peu plus la proposition de l’énergique Les Olympiques, se moquant de façon efficace des athlètes de haut niveau, avec une énergie qui n’est pas sans rappeler Jean Leloup.

En écoutant le EP, on s’est dit à quelques reprises qu’on trouvait que l’interprétation de Laurence Giroux-Do nous faisait penser à ce qu’on pouvait entendre sur la chanson Pied de poule. C’était donc le destin qu’elle s’attaque à cette chanson en livrant une version assez proche du souvenir qu’on en avait. Par contre, entendons-nous que cette chanson de plus de 40 ans n’a pas particulièrement bien vieilli… Cela reste un bon clin d’œil, mais on pense qu’il y a des chansons qui sont mieux de rester dans leur époque d’origine! Bonjour (bis) se termine toutefois sur Bye, morceau instrumental ambiant plutôt tendu. Il n’y a pas grand-chose d’autre à souligner!

Dommage, cette version bonifiée du EP renferme quelques versions assez réussies, dont Les flics (sont des sacs à merde) et Les Olympiques, mais la qualité des chansons n’est pas assez égale pour véritablement rehausser le niveau général du bref opus. Reste que ce n’est pas une mauvaise sortie, juste quelque chose qui s’adresse à un public beaucoup plus précis.

Le EP et sa version deluxe se trouvent tous deux sur la page Bandcamp du duo.

À écouter : DVTR, Vasectomia // Version deluxe : Les flics (sont des sacs à merde)

6,9/10 (régulier) // 7,0/10 (deluxe)

Par Olivier Dénommée