
Sorti le 11 avril 2025
Erika Hagen, alias musical d’Érika Hagen-Veilleux, a tout récemment fait paraître son premier album, nous faisant découvrir son univers particulier : Pouvoirs magiques propose une musique indie entre folk et rock avec des thèmes tantôt grinçants, tantôt plus introspectifs, et c’est par ailleurs un certain Dany Placard qui a réalisé l’album! Ce n’est pas pour toutes les oreilles, mais ça a le mérite de tout de suite rendre clair à qui on a affaire!
Hagen va droit au but dès Pas les sous en nous présentant sa musique un peu garage et aux textes assez directs. Ce manque de finesse assumé fait finalement partie de son personnage, ce qui a son charme. Cette première chanson est toutefois un bon test pour voir si la proposition vous rejoint ou pas. Mais si Pas les sous ne vous parle pas particulièrement, vous risquez malheureusement de trouver la suivante, Aline, encore plus laborieuse avec son côté extrêmement brut, qui n’est pas sans nous faire penser au mouvement Riot grrrl!
Erika Hagen sait aussi faire dans la nuance, comme on l’entend dans Aquatique chose, pour un résultat assez réussi. Elle revient toutefois rapidement à un folk énergique pour Méchant changement, pour mieux redescendre à la minimaliste Erratique affaire. L’artiste laisse beaucoup plus facilement transparaître ses vulnérabilités dans cette dernière, ce qui s’écoute excessivement bien et qui nous fait regretter de ne pas avoir droit à davantage de chansons de cet acabit, pourtant très efficaces. On a ensuite droit à la rêveuse St-François, un autre registre qui sourit à Erika Hagen.
Casse-gueule revient au style plus grinçant de l’artiste. Mention aux paroles mémorables, répétées à quelques reprises : «Je reste pas ici / Cette ville est conne». Difficile d’avoir plus bruts comme textes! Elle est suivie d’Anita, morceau folk-rock plutôt accrocheur. Si on saluait plus tôt les arrangements minimalistes d’Erratique affaire, ceux plus chargés d’Anita sont aussi efficaces, mais à leur façon. S’ensuit la chanson-titre Pouvoirs magiques, qui propose simultanément une musique incertaine et des mélodies solides. Le début des refrains font par ailleurs partie des moments incontournables de cet album; dommage que la qualité n’est pas égale pour l’ensemble de la chanson qui avait à notre avis pas mal plus de potentiel! L’album se termine sur Karaté kid, un dernier retour à un folk minimaliste et senti. Ironiquement, le résultat est beaucoup moins efficace cette fois que dans Erratique affaire. Cette dernière aurait par ailleurs possiblement frappé plus fort en conclusion si Hagen tenait à conclure sur un morceau doux.
À 27 minutes en 10 pistes, Pouvoirs magiques d’Erika Hagen est un album excessivement court, mais il est aussi très évocateur sur le style particulier de l’artiste. Elle aura réussi en très peu de temps à nous exposer ses multiples facettes, dont certaines objectivement très réussies, d’autres plus nichées. Elle a réussi son introduction en nous montrant son éventail de registres, mais on lui souhaite de se concentrer davantage sur une facette de sa personnalité pour mieux rejoindre son public, car avec Pouvoirs magiques, on sent qu’elle fait un peu les choses à moitié dans toutes les directions, ce qui va presque inévitablement causer un accueil mitigé. Si on avait à formuler un vœu, ce serait de voir plus de chansons dans le registre plus doux, tout en gardant un petit mordant dans ses textes, qui savent rester en tête assez vite!
Vous pouvez trouver cet album sur la page Bandcamp de l’artiste.
À écouter : Erratique affaire, St-François, Anita
7,3/10
Par Olivier Dénommée
En savoir plus sur Critique de salon
Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.