
Sorti le 6 mai 2025
Lou-Adriane Cassidy lançait en janvier son 3e album, Journal d’un Loup-Garou, frappant fort avec une pop léchée qui a séduit la critique. Mais elle n’en avait visiblement pas assez parce qu’elle est revenue 3 mois et demi plus tard avec un 4e album, Triste animal! Le plus surprenant est probablement d’apprendre que ces chansons ne sont pas un «restant» de la session d’enregistrement pour son autre album, mais bien un nouvel élan créatif qui lui est venu à la fin du processus, donnant un album beaucoup plus simple et direct, mais aussi plus bref, puisqu’on ne parle que de 8 pistes en 26 minutes.
Même si seulement quelques mois séparent les 2 sorties, leur son n’a rien à voir. Triste animal est enregistré en direct entre 8 musiciens, tous des proches de Lou-Adriane Cassidy (on reconnaît tout de suite les noms d’Alexandre Martel, Thierry Larose, Ariane Roy et Odile Marmet-Rochefort dans les crédits de l’album), et offre des chansons où les chœurs sont généralement bien présents, mais sans les arrangements plus sophistiqués qu’on avait déjà entendus. La simplicité va jusque dans la pochette. Si cela nous avait pris un moment pour apprivoiser Journal d’un Loup-Garou, ça s’est fait beaucoup plus naturellement avec cette nouvelle sortie.
On nous accueille par ailleurs avec un piano minimaliste au début de J’ai l’habitude, nous permettant d’apprécier la voix plus fragile de Cassidy. Cela cache bien entendu un crescendo plus énergique, mais bien amené. Il y a une certaine mélancolie dans les textes de la chanteuse, mais quand l’album contient le mot «triste», cela vend un peu la mèche qu’on en va pas nécessairement trop faire le party sur ces chansons! Ceci étant dit, il y a quand même une certaine légèreté à travers l’opus, ce qui s’entend particulièrement dans Jamais tout à fait, aux sonorités vintage et au titre qui sert de motif répété en arrière-plan. On se laisse aussi porter par la planante Tout le monde danse autour.
Une chanson sort du lot plus que toutes les autres, et il s’agit d’Adieu, traitant de mort, mais avec un ton étrangement serein de la part d’une fille de seulement 27 ans. Le refrain de cette ballade toute simple est assurément parmi les moments forts de l’album et on doit constamment résister à l’envie de chanter avec elle chaque fois qu’elle joue. Gardien des fous prend un peu de temps avant de vraiment démarrer, mais elle contient aussi quelques belles lignes de la part de Cassidy et de ses musiciens.
Après des morceaux assez doux, On n’arrête pas nous surprend avec quelque chose de plus assumé vocalement et de plus chargé musicalement. On va ensuite avec Valse frustrée vers une énergie plus «colérique» de la part de la chanteuse, qui livre ici selon nous sa performance vocale la moins convaincante de l’album, bien qu’on comprend l’idée qu’elle a mise de l’avant. La bonne nouvelle est que la chanson ne dure pas beaucoup plus de 2 minutes, alors on est loin d’un parler d’un supplice insurmontable! Et on s’adoucit pour la finale de ce bref album, Les hirondelles, prenant de subtils airs jazz. La chanson s’écoute bien, mais n’a pas la même magie que les meilleures chansons entendues dans la première moitié de l’album. La piste nous reste quand même en tête lorsqu’on écoute l’album en boucle (ce qu’on a fait beaucoup plus longtemps que ce qu’on est prêt à admettre) parce que les dernières 20 secondes font référence au début de l’album, nous ramenant donc naturellement à J’ai l’habitude.
On l’a déjà dit, mais l’album est très court. Il réussit pourtant à explorer différentes idées émanant de Lou-Adriane Cassidy et à les condenser avec un dosage assez bon. On préfère quand même la première moitié de la sortie, beaucoup plus douce et feutrée, mais on sent que l’ensemble de l’œuvre a une certaine cohésion et une transition naturelle d’une piste à l’autre. Comme toute sortie qui n’est pas trop formatée, cela peut prendre quelques écoutes pour pleinement saisir ce que l’artiste veut nous transmettre, mais il faut dire que ça ne prend pas autant autant d’efforts qu’avec son dernier album, ce qui n’est pas mauvais du tout!
Avec Triste animal, Lou-Adriane Cassidy nous donne l’impression qu’après avoir plongé à pieds joints dans une direction, elle a instantanément voulu explorer son exact contraire, pour pouvoir nous montrer son registre complet, ce qui n’aurait pas été possible dans un seul disque. C’est parfois déstabilisant quand un artiste change de ton aussi rapidement, mais dans ce cas-ci, c’est fait avec bon goût et on ne sent à aucun moment qu’elle se donne un style qui n’est pas le sien. Même si on a plus facilement apprécié cet album, on serait embêté de dire qu’il est de loin supérieur à Journal d’un Loup-Garou : les deux ont leurs forces et leurs faiblesses et s’adressent seulement à des publics différents. À vous de voir lequel vous parle le plus!
Cet album se trouve notamment sur la page Bandcamp de l’artiste.
À écouter : J’ai l’habitude, Jamais tout à fait, Adieu
8,0/10
Par Olivier Dénommée
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