
Sorti le 9 mai 2025
Cela fait très longtemps que Marco Calliari est dans notre paysage musical, lui qu’on a connu à ses débuts avec le groupe métal Anonymus avant de se concentrer sur la musique de ses racines italiennes, pour lequel le grand public le connaît depuis près d’une vingtaine d’années déjà. Il va toutefois complètement ailleurs avec Peur pourpre, son 7e album solo, et surtout son premier (essentiellement) en français!
L’album est réalisé par Paul Cargnello (et ce dernier collabore sur quelques chansons) et nous présente assez bien les nombreuses facettes de Calliari, autant au niveau des langues (en plus du français, on entend de l’anglais, de l’italien et de l’espagnol) que des styles abordés. C’est très, très éclectique et il nous aura fallu plusieurs bonnes écoutes pour apprivoiser cette proposition par ailleurs assez longue – 54 minutes en 15 chansons.
L’album ouvre sur GRAND BISON (avec la chanteuse autochtone Beatrice Deer et Paul Cagnello). On y retrouve un Marco Calliari à la voix plus rauque que jamais, sur fond de blues-rock. Si la proposition s’écoute bien, on finit quand même pas sentir qu’elle traîne un peu en longueur à la fin de la piste. La dernière minute aurait aisément pu être raccourcie pour rester plus efficace. Elle est immédiatement suivie de la chanson-titre Peur pourpre, où le chanteur parvient à livrer simultanément un rock solide et des textes où il exprime ses peurs. Il se défend tout aussi bien dans la plus douce La clé, à l’interprétation qui rend justice à ses textes sentis.
On ose quelque chose de plus corsé avec Vibrer Hey! Hey!, encore avec Cargnello, qui ajoute de l’anglais dans cette chanson beaucoup plus nichée que les autres. Comme mentionné plus haut, il s’agit d’un album éclectique, alors c’est normal que certaines chansons ne nous rejoignent pas autant, et celle-ci en fait malheureusement partie! C’est toutefois plus réussi dans Étincelle, qui est énergique sans pousser la note trop loin. Il est possible d’entendre Mamselle Ruiz dans La ligne d’arrivée II, où l’espagnol et l’italien occupent par ailleurs une place importante, pour un résultat plutôt efficace!
Marco Calliari continue de s’amuser dans les chansons suivantes : Avance r’cule propose un rock sympathique avec une touche de folklore à travers des lignes endiablées de violon un peu avant le milieu de la piste, alors que la groovy Y’a des hauts prend presque des airs de chanson à répondre, mais avec en bonus un solo de sax. Super 8 revient ensuite avec succès à quelque chose de plus lent et émotif, mais la chanson la plus mémorable de l’opus est possiblement Sakura, dotée d’une bonne dose de soleil, qui se prend particulièrement bien à ce stade de l’album!
Chat sans ruelle comporte une autre collaboration, cette fois avec le Chœur des Petits Molson, qui ajoute un peu de légèreté à la chanson. On passe ensuite à l’italien avec Salvami. Si on n’arrive pas nécessairement à décoder naturellement ce qu’il chante, ça n’empêche pas la chanson de toucher aux bons boutons. La cascata (avec Mamselle Ruiz) nous surprend ensuite avec un morceau sans paroles, seulement un long segment instrumental et des vocalises qui s’ajoutent par la suite, contribuant au côté planant de la proposition.
Si La ligne d’arrivée est familière, c’est parfaitement normal : il s’agit d’une autre version d’une chanson entendue plus tôt dans l’album! Elle est un peu plus longue et ne contient aucun featuring cette fois. Mais comme on a affaire à un album assez long, on se demande s’il était nécessaire d’offrir 2 versions! Et si on avait à en choisir une seule, on pencherait vers La ligne d’arrivée II. Notre écoute se conclut sur Save Us, qui est en fait la version anglaise de Salvami. La version n’est pas mauvaise (et permet de comprendre les paroles!), mais on sent qu’elle a vraiment été écrite en italien en premier avant d’être traduite, ce qui enlève une part de son charme. Et le même commentaire qu’avec la précédente chanson d’applique : l’album n’avait pas besoin de cette piste supplémentaire!
Après avoir longuement écouté cet album, une question nous reste : à qui s’adresse-t-il vraiment? Marco Calliari est hyper talentueux dans différents registres, là n’est pas la question, mais il semble tellement aller dans toutes les directions qu’on peine à bien le suivre dans son aventure Peur pourpre. Est-ce une parenthèse plus «brute» qu’il fait avec cet album, ou est-ce le début d’une nouvelle direction où il veut s’assumer davantage avec un retour vers le rock, de surcroît en français? Le temps nous aidera à y voir plus clair. En attendant, à défaut de voir un public-cible bien défini pour cet opus, on sent que chaque auditeur pourra y trouver son compte dans au moins quelques chansons à travers cette proposition audacieuse et chargée, mais un tantinet étourdissante!
À écouter : La ligne d’arrivée II, Sakura, Salvami
7,0/10
Par Olivier Dénommée
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