Sorti le 28 mai 2025

Plus de 4 ans après son dernier album, le trio jazz Misc revient avec Beat Bouquet, une sortie où les musiciens se sont gâtés en ratissant assez large dans leurs influences. C’est d’ailleurs un peu de là que vient le nom de l’opus, un bouquet de sons parfois assez différents les uns des autres.

L’éclectisme s’entend dès la première piste, Carrousel, versant dans des sonorités électros aux tendances lo-fi, avec une part de chaos qui n’est pas étranger à un jazz plus corsé. Ce n’est pas nécessairement l’entrée en matière la plus efficace, mais elle a le mérite d’envoyer un message assez clair! On préfère quelque chose de plus lounge, comme Averses in Wonderland, qui met davantage de l’avant le sens de la nuance des musiciens. Ça nous donne aussi le goût d’applaudir à la fin de la piste! Elle est suivie de Gazons, offrant un bon équilibre entre une musique relativement feutrée (dans la même lignée qu’Averses in Wonderland) et l’ajout de sampling expérimental.

Rester couché (en novembre) se démarque aussitôt du lot de par la participation de Daniel Bélanger à la voix. Ce dernier ajoute sa touche très rêveuse, qui se colle assez naturellement au style de Misc, et donne un peu de paroles dans cet album autrement instrumental. Elle est suivie d’une autre collaboration, Feu de batteries avec zouz… qui va complètement à l’opposé avec un gros rock qui devient de plus en plus massif. On a dit plus tôt qu’on appréciait les nuances de Misc, mais une fois de temps en temps, c’est tout aussi bon de juste faire tout exploser!

Malheureusement, le restant de l’album n’a pas tout à fait la même magie : Team Warp et, dans une moindre mesure, Crispy Crisp ne nous restent malheureusement pas en tête comme les autres bonnes pièces entendues plus tôt. Changement de kush n’est pas très longue, mais peine à nous rejoindre aussi avec ses sonorités expérimentales. Cette dernière est suivie de L’agonie, de côté, la piste la plus longue de tout l’album avec 7 minutes, qui a l’avantage de bâtir des segments extrêmement réussis, mais qui contient aussi son lot de longueurs, notamment au tout début, ce qui rend notre appréciation plus mitigée. On aurait certainement pris une composition plus courte de 2 ou 3 minutes si ça avait permis de mieux la ficeler! Cela nous amène à la finale de l’album, Dondedodo, piste électro planante mais avec des improvisations au piano. On ne sait pas trop ce qu’on aurait changé dans le dosage, mais il y a encore un petit quelque chose qui fait que ça ne nous reste pas en tête, ce qui est bien dommage!

Il était assumé que Beat Bouquet serait un album éclectique, présenté comme un gros collage de différents styles, alors il fallait bien sûr s’y attendre, mais on sent vraiment que Misc a mis toutes ses meilleures chansons dans la première moitié, laissant une petite déception pour le restant de l’œuvre. Il serait évidemment malhonnête de dire que la 2^e moitié s’écoute mal, mais une fois qu’on a écouté Feu de batteries, on sent qu’on a à peu près fait le tour de ce qu’il y avait à entendre de mieux dans Beat Bouquet. Cela reste intéressant pour apprécier les différentes textures explorées avec succès par le trio, mais on ne peut s’empêcher de sentir que ça aurait pu faire un EP impeccable si Misc avait décidé de seulement garder ses incontournables, plutôt que de faire un album plus long mais aussi plus inégal. Ceci étant dit, on espère avoir l’occasion d’entendre cette proposition en live, ce qui a le potentiel de nous faire changer d’idée sur certaines compositions!

Cet album est accessible sur la page Bandcamp du trio.

À écouter : Averses in Wonderland, Rester couché (en novembre), Feu de batteries

7,2/10

Par Olivier Dénommée