
Sorti le 13 juin 2025
On a traditionnellement souvent eu de la difficulté à accorder des notes très élevées au premier album d’un artiste, mais on doit dire que Playing House, le premier de Common Holly, l’alias artistique de la Montréalaise Brigitte Naggar, fait partie des exceptions. Si on a quelque peu perdu l’artiste de vue avec les années, c’était avec plaisir qu’on la retrouvait avec son 3e album, Anything Glass.
On n’avait pas encore à l’époque beaucoup d’expérience avec une indie-pop-folk assez douce et laissant place à une voix feutrée, presque déprimante dans son ton. Depuis, on a réalisé qu’il existe un mouvement notamment représenté par les Phoebe Bridgers de ce monde. Avec cet album, Common Holly nous propose une dualité intéressante : «On sent Anything Glass à la fois certain et incertain, tranchant mais doucement concentré» (traduction très libre de notre part). Cette sortie a été enregistrée par un petit groupe tissé serré et aucun doute que cela a contribué au côté très intimiste de la proposition.
L’album ouvre sur Terrible Hands, avec une build-up finement amené, par lequel on se laisse assez facilement porter. Elle est suivie de la folk Aegean Blue, qui devient plus chargée et encore plus solide à partir du milieu de la piste. Enough est la première chanson un peu plus rock du lot, mêlant des sonorités un tantinet plus corsées sans toucher à la voix caractéristique de Brigitte Naggar.
It’s True We’ve Been Happier revient à la douce mélancolie dont Common Holly a le secret. Elle est suivie de Jazz Song, qui n’est pas tout à fait jazz, mais qui assume des arrangements un peu plus colorés. C’est loin d’être déplaisant, mais on a un faible pour des morceaux plus rêveurs, comme la suivante, I Weighted It Up, qui n’a besoin que d’un piano (et de la voix, bien sûr) pour faire son effet. Et c’est même encore plus efficace dans The Wood From the Sail, misant encore sur le piano, mais pas sans un petit crescendo au niveau des arrangements.
Right in Between the Lines, I y va d’une intro ambiante avant d’assumer un build-up de plus en plus rock, le tout, sans prononcer une seule parole! Elle mène à A Pair of Ragged Claws, au début très doux, mais qui devient presque hantant dans la dernière minute. L’opus se conclut sur Wise Mind, abandonnant tout artifice pour la simplicité, qu’on apprécie les yeux fermés. C’est vraiment là que Common Holly brille le plus, même si elle se défend bien dans à peu près tous les registres qu’elle explore.
Il faut évidemment aimer ce registre, mais la mélancolie va vraiment très bien à Common Holly et on ne se lasse pas d’écouter Anything Glass, qui offre un excellent équilibre entre ce qu’on connaît (et attend) d’elle et les explorations où elle peut nous surprendre un peu plus. On ne pouvait pas en demander beaucoup plus de sa part, peut-être à part davantage de chansons parce que son album passe beaucoup trop vite à notre goût!
Cet album peut se trouver sur la page Bandcamp de Common Holly.
À écouter : Terrible Hands, The Wood From the Sail, Wise Mind
8,1/10
Par Olivier Dénommée
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