
Sorti le 27 mai 2025
Le groupe de folk progressif francophone La Tragédie existe déjà depuis une quinzaine d’années, ayant exploré au fil des années diverses sonorités et différents line-ups. Mais il semble avoir touché quelque chose d’assez intéressant avec la sortie de son plus récent album, Ça fait longtemps, enregistré en formule quatuor.
Si on regarde quelques-uns des titres des sorties passées, on voit un petit pattern: Couper les cordages, Brûler les branchages, Forcer la façade… Le groupe va toutefois à quelque chose d’un peu moins poétique ici, mais aussi de très assumé. «Ça fait longtemps qu’on joue et les groupes qui étaient sur les mêmes scènes que nous il y a 15 ans n’existent plus, pour la plupart. Mais ça fait aussi longtemps qu’on sait qu’on ne sera pas le prochain Karkwa, Jean Leloup ou Daniel Bélanger», raconte le chanteur du groupe, David Atman à ce sujet. Ce côté terre-à-terre se traduit aussi dans la longueur des chansons, relativement courtes pour du progressif.
Le bref album ouvre sur La pénurie, avec comme premier instrument le violoncelle. Celui-ci ajoute énormément de texture aux arrangements. Le thème nous ramène de façon détournée à l’époque pandémique, mais c’est amené de façon assez subtile. Et les mélodies vocales donnent un côté presque spirituel à l’interprétation. Notons que La pénurie est la chanson la plus longue de l’album, avec plus de 5 min30, mais qu’elle parvient à ne pas contenir de longueurs, un excellent coup de la part du groupe.
Malgré son titre, Trip de mescal est une ballade au carrefour entre l’amour et la haine; le thème de l’amour et de la fin de l’amour reviennent par ailleurs assez souvent dans les chansons de La Tragédie. La chanson plogue aussi les titres de ses sorties précédentes, ce qui devrait faire sourire les fans de longue date. S’ensuit la plus énergique Un manquement, qui sacrifie toutefois un peu de nuances au passage. Perdre le ballon revient à une énergie plus proche de celle de Trip de mescal, mais en encore plus émouvant. C’est très efficace et c’est possiblement notre chanson préférée du lot!
On revient au rock le temps de Les miettes infectes et la chanson-titre Ça fait longtemps. Cette dernière contient plusieurs bons éléments semble par ailleurs devenir plus solide à mesure qu’on l’écoute, notamment à partir de la moitié de la piste. L’album se conclut sur Si jamais, qui semble un peu boucler la boucle avec La pénurie, avec un violoncelle aussi très important dans l’ambiance de la chanson.
L’album Ça fait longtemps de La Tragédie ne dure que 28 minutes, mais il est assez dense. Le dosage est somme toute assez bien bon, dans la mesure où aucune chanson n’est vraiment trop longue, mais on sent que certains registres paraissent un oeu plus naturels pour le groupe. Les subtilités dans les arrangements s’apprécient plus facilement dans les morceaux plus doux de l’opus, et la voix particulière de David Atman brille le plus lorsqu’il se laisse aller vers quelque chose de plus émotif, comme dans Perdre le ballon par exemple. Le principal défaut de cet album : ce n’est pas le genre de choses qu’on a envie d’écouter sur une terrasse l’été, mais plutôt une sortie qu’on sent qu’on pourrait vouloir sortir pendant une journée plus grise ou à l’approche de l’automne.
Cet album est accessible sur la page Bandcamp du groupe.
À écouter : La pénurie, Perdre le ballon, Ça fait longtemps
7,4/10
Par Olivier Dénommée
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