
Sorti le 14 juillet 2025
On a déjà par le passé entendu parler du groupe Grande Noirceur, au nom évocateur pour tout Québécois qui a déjà entendu parler de l’époque précédent la Révolution tranquille. Ce groupe aux tendances nationalistes et satiriques a récemment fait paraître le EP Impulsion, qui reprend 4 chansons entendues précédemment et une toute nouvelle composition, toutes sur un gros fond rock.
Certaines chansons datent de 2017, avec des moyens techniques qui étaient visiblement plus limités à l’époque. Cela s’entend tout de suite dans la qualité de l’enregistrement de Colonisés, morceau extrêmement engagé et brut. La nouvelle version a su garder son esprit en lui donnant un côté légèrement plus travaillé, et même un peu de lourdeur dans l’interprétation. Bref, ça rentre au poste! Issue de la même époque, Conduire au Québec critique de façon ludique l’état des routes au Québec. Fait intéressant, le groupe n’a pas cru nécessaire de changer les paroles «La 40 est bloquée, la 720 est pétée, la 15 est maganée», montrant le côté intemporel de leur mauvais état. Peu importe quand on va écouter la chanson, on peut presque assumer avec assurance qu’il y aura un problème sur une (ou plusieurs) de nos routes!
Les 2 chansons suivantes nous ramènent cette fois en 2022. Kraft Dinner parle très exactement du sujet apparaissant en titre, avec beaucoup d’humour à la Mononc’ Serge (et il ne faut pas se sentir trop visé si vous aimez presque autant ce repas que Grande Noirceur!). On est très loin de la ballade de Lisa LeBlanc du même titre! Notons que cette nouvelle version est légèrement raccourcie (comme la plupart des autres, soit dit en passant) et on note une nouvelle version sensiblement plus lourde, ce qui s’explique par le désir d’avoir à peu près la même énergie dans tout le EP. Pour nous, Quand j’aurai oublié est un véritable exercice de style. L’introduction n’est pas particulièrement évocatrice, mais quand le chanteur Jean-Phillipe Doyon commence à enfiler les expression typiquement québécoises, on ne peut s’empêcher de sourire. Cette piste est la seule plus longue (de presque une minute!) que sa version originale, mais cet ajout se fait essentiellement au profit du segment instrumental à la fin de la chanson; on aurait préféré voir un couplet de plus avec d’autres expressions québécoises savoureuses!
La 5e et dernière chanson du EP Impulsion est la seule qui ne se retrouve nulle part ailleurs. Il s’agit de Memphré, sur la légende du monstre Memphré dans le lac Mephrémagog, amené avec le style particulier de Grande Noirceur. Cette chanson est étrangement entraînante, surtout durant les refrains, même si la fin est plus agressive et chaotique. Cela reste un bel ajout au répertoire du groupe.
Le EP est une belle façon de s’initier à la musique de Grande Noirceur, et s’il a valu la peine de rafraîchir les chansons plus vieilles, c’était beaucoup moins nécessaire pour les plus récentes, qui se défendaient déjà très bien. Impulsion semble ainsi davantage viser un nouveau public que les inconditionnels, qui connaissent probablement déjà tout par cœur (à l’exception de Memphré, bien sûr).
À écouter : Colonisés, Memphré
7,5/10
Par Olivier Dénommée
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