
Sorti le 17 octobre 2025
Le dernier album du groupe The Barr Brothers remontait à 2017, avec la sortie de Queens of the Breakers. Depuis ce temps, quelques membres ont changé (on se souvient du départ de la harpiste Sarah pagé) et une pandémie est arrivée… C’est donc dire qu’on avait très hâte d’entendre ce que le groupe avait à nous proposer avec son 4e album, Let it Hiss.
Les 8 années séparant les 2 albums auront permis aux frères Barr, Brad et Andrew, de réfléchir à la direction qu’ils souhaitaient prendre. La réponse aura été un album à mi-chemin entre un folk introspectif et un indie-rock mordant, avec en bonus quelques collaborations d’autres artistes apportant leur touche à la musique du groupe.
On commence tout en douceur avec Take it From Me, une entrée en matière qu’on apprécie beaucoup lorsqu’on se souvient de la propension du groupe à ajouter des effets à plusieurs de ses chansons. Mais celle-ci va simplement à l’essentiel et on savoure chaque seconde de la proposition et de son sympathique petit build-up menant à une fin plus énergique mais toujours bien dosée. Avec les paroles finales de la chanson, «It’s gonna be alright», on a envie de les croire! À l’autre bout du spectre, on a droit à du rock plus assumé sur la chanson-titre Let it Hiss. La chanson prend un peu plus de temps à devenir accrocheuse, mais elle contient plusieurs bons passages qui feront taper du pied au fil de ses 5 minutes. En 2 pistes, on a donc un assez bon aperçu des énergies que nous propose l’album!
De retour au folk, on a droit à English Harbour avec Jim James (de My Morning Jacket) et le groupe Arc Iris. Pas de lapin sorti du chapeau, c’est tout simplement une magnifique chanson berçante du début à la fin! S’ensuit l’hymne énergique Run Right Into It (avec Land of Talk), où on ne comprend pas tout ce qui est chanté (principalement à cause de la vitesse relative et des effets dans la voix), mais qui ne nous empêche pas du tout d’apprécier le moment. La règle de l’alternance nous ramène à la douceur de Moonbeam, qui a la particularité d’inviter Klô Pelgag pour y ajouter ses paroles en français. Il s’agit probablement de la première fois qu’on n’a pas instantanément reconnu Pelgag ici, elle qui a une voix très particulière, mais qui sort assez de son registre habituel pour semer un petit doute.
She Doesn’t Sleep with the Covers On nous laisse avec des sentiments partagés : l’ambiance est plutôt légère et ensoleillée, mais certains effets rendent la proposition quelque peu surchargée. Un dosage différent aurait davantage rendu justice à l’énergie de la piste, à notre avis! Quant à Naturally, on invite La Force à faire entendre sa belle voix, bien qu’elle aurait pu être encore un peu plus mise de l’avant. Autre petit bémol, la chanson aurait parfaitement pu se terminer en un peu moins de 3 minutes, mais elle s’étire pendant presque 2 minutes de plus! La seconde partie de la proposition va complètement ailleurs avec quelque chose de plus chargé et psychédélique et si elle n’est pas mauvaise, elle perd un peu de sa magie initiale. Cela nous ramène donc au folk le temps d’Owning Up to Everyone, pour un autre moment à savourer les yeux fermés, du moins jusqu’à ce que les arrangements plus rock n’arrivent soudainement à 3min30.
Le dernier single de l’album est la chanson Another Tangerine, revenant à un folk intimiste (et on y retrouve même quelques lignes d’harmonica, instrument qui s’est fait discret sur l’album) à la Barr Brothers. La chanson n’est pas très longue, frôlant à peine les 3 minutes, mais elle contient tout ce qu’elle a à contenir : un message inspiré, des arrangements bien amenés et des voix qui nous hantent, particulièrement dans le segment après 2min14. On conclut en allant dans la direction opposée avec le gros rock garage Upsetter. Cette finale surprend dans la mesure où les autres morceaux rock étaient tout de même plus dans la nuance que celui-ci, mais on ne dira pas que le groupe ne sait pas nous prendre au dépourvu!
Depuis qu’on fait de la critique, on a tendance à commenter qu’on préférerait voir un équilibre dans l’énergie des chansons et on pourrait croire que The Barr Brothers nous a pris au sérieux avec son 4e album, alternant presque systématiquement entre folk doux et rock entraînant. Ainsi, si Let it Hiss contient 2 vibes très distinctes, celles-ci sont assez bien réparties pour ne pas donner l’impression qu’on a juste collé deux EP ensemble pour faire un album de 41 minutes. Mais la vraie question est : est-ce que 8 ans pour sortir cet album était une pause nécessaire? Sur le plan personnel des membres, probablement, mais musicalement on aurait certainement voulu que ça sorte beaucoup plus tôt! Cela reste une proposition intéressante des Barr Brothers, même si on la classerait en-dessous de Queens of the Breakers.
L’album se trouve notamment sur Bandcamp.
À écouter : English Harbour, Run Right Into It, Another Tangerine
7,7/10
Par Olivier Dénommée
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