
Sorti le 24 octobre 2025
Groupe rock basé au Saguenay, Le Cerf-Malade aura mis 8 longues années avant de faire paraître un 2e album faisant suite à De bonnes intentions, paru en 2017. Le nouvel opus, La forêt autour, prend la forme d’«une courte histoire en 10 chapitres à propos des relations compliquées entre un individu et son entourage proche, et du hasard qui ne fait pas toujours bien les choses», peut-on lire à son sujet. Le tout, sur un rock francophone aux influences grunge, touchant aussi au post-hardcore, au shoegaze et au post-rock, ce qui donne une proposition assez concentrée de presque 32 minutes.
Quand on a autant d’influences et d’inspirations, c’est dans le dosage qu’on arrive à faire toute la différence. Le Cerf-Malade s’assume en alternant entre la lourdeur d’un côté et les ambiances plus vaporeuses de l’autre. Le ton est d’ailleurs donné dès Autel, première piste qui joue aux montagnes russes en alternant entre lenteur et intensité pour conclure sur une grande lourdeur, presque oppressante. Il est toutefois un peu plus facile d’apprécier la piste instrumentale Problèmes, NUIT, notamment grâce à ses riffs solides qui n’ont pas à partager l’avant-scène avec la voix.
La qualité du dosage ne fait qu’augmenter à partir de ce moment-là, notamment avec ENTOURAGE, où on apprécie autant les mélodies vocales que la musique, livrée avec juste la bonne intensité. Même Saint-Thomas parvient à un équilibre hyper intéressant entre les passages aériens et ceux plus explosifs, sans que ça paraisse forcé. Après le bref interlude MESSAGE s’ensuit CARTOGRAPHIE, commençant assez doucement afin de mieux cacher un build-up assumé, avec un assez solide solo de guitare vers la fin. La chanson se termine toutefois un peu brusquement à notre goût!
Une des chansons qu’on apprécie le plus du long jeu est Rivière, aussi efficace dans la portion shoegaze du début que dans dans 2e moitié plus énergique sans être sursaturée. Elle est suivie de Chute, blessure, autre morceau instrumental qu’on oubliera toutefois à cause de la surprise qui suit : FORÊT I est assurément l’intruse de l’album, elle qui commence par une musique énergique et presque ensoleillée qui aurait pu être écrite par Les Trois Accords (elle nous fait particulièrement penser à Les amoureux qui s’aiment)! Mentionnons quand même que la seconde moitié de la piste se rapproche davantage du style habituel du groupe, mais c’est difficile de ne pas être troublé par le début de la chanson! Cela nous mène d’ailleurs à la conclusion, Forêt II, qui va ailleurs avec un morceau lent qui nous parvient à être simultanément lourd et berçant! Beau choix de finale pour cet album dense, permettant de conclure sur une bonne note.
Le Cerf-Malade avait beaucoup d’influences pour son 2e album, dont certaines plus accessibles que d’autres, mais si on prend l’ensemble de l’œuvre, on peut apprécier la l’inclusion de la variété tout en gardant intact le fil conducteur d’une chanson à l’autre. La forêt autour n’est évidemment pas une écoute légère, mais elle porte un message convaincu et somme toute convainquant lorsqu’on est dans le bon état d’esprit. Si vous êtes en quête d’un rock québécois un peu plus mordant, prêtez donc une oreille à cette sortie, vous pourriez être surpris!
L’album est notamment accessible sur la page Bandcamp du groupe.
À écouter : Saint-Thomas, Rivière, Forêt II
7,7/10
Par Olivier Dénommée
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