Par 5 chemins – Guillaume Martineau

Par5chemins_GM_1440Sorti le 11 novembre 2014

Jeune étoile montante du vaste monde du jazz, le Montréalais Guillaume Martineau a mis le paquet dans son premier album, où il mêle, en formation quintette, son jazz éclaté à des influences classiques, rock, et cinématographiques.

Mêler le jazz à d’autres influences est particulièrement en vogue ces dernières années, et on ne compte plus les projets réussis où on mélange efficacement différents genres sans que cela semble déplacé. L’album Par 5 chemins de Guillaume Martineau s’inscrit en plein dans cette vague, tout en ayant son propre style.

C’est avec douceur qu’on nous initie à sa musique : Hors du monde offre un piano en solo très classique, où se grefferont bientôt des sons électroniques ambiants, puis des percussions légères. On croirait presque entendre du Tambour/Projet.Hertz tant on reste dans l’ambiant. Notez que Hors du monde est la piste la plus courte de l’album, avec un peu moins de cinq minutes. La bonne nouvelle, c’est que vous ne sentirez probablement pas la longueur des autres compositions.

Puis boom, Le matin des magiciens va vous ouvrir les yeux très rapidement si vous les aviez fermés pour apprécier la première pièce. On a droit à un jazz-rock léger où les mélodies sont partagées entre saxophone et guitare. Chapeau aux solos, nombreux et toujours entraînants, du bonbon pour les oreilles. Cette énergie s’intensifie (et augmente de tempo) sur Tesla, avec notamment une passe de air drum dès le début. On a aussi droit à des solos plus vertigineux. Et le dernier quart, après une seconde passe de batterie avec la bouche, est encore pire. Virtuose, mais cette portion est loin d’être pour toutes les oreilles. On se modère un peu sur Imago, revenant à une légèreté plus proche de Le matin des magiciens, malgré une groove explosive.

L’âme dans le désert revient en mode ambiant de la première piste, mais cette fois avec tout le band qui vient appuyer. Après plusieurs titres très actifs, ce retour à cette ambiante introspective fait du bien, bien qu’on ait aussi droit à une importante montée dans la seconde moitié où tout le monde se gâte (surtout le drummer). Cet excès de rage musical ne dure, en revanche, pas très longtemps, et revient à la douceur initiale.

Fibonacci laissera des sentiments mitigés : le début est un peu trop répétitif trop longtemps, mais les ambiances changeront quelques dois durant ces plus de sept minutes, rappelant l’éclectisme du quintette. C’est quand même une compo qui aurait gagné à être raccourcie un peu. Elle est suivie de Lolo, mystérieuse pièce douce.

L’heure du hibou est la pièce finale de l’opus. On est rapidement envahis par son éclectisme, passant aisément de portions intenses, à d’autres plus discrètes, variant aussi drastiquement les tempos. On y retrouve vraiment de tout, avec un dosage étrangement bien calculé. Probablement la pièce la plus représentative de l’album Par 5 chemins.

Ne soyez pas trop surpris d’apprendre que l’album dure tout près d’une heure complète, malgré ses seulement huit pistes. Bien que plusieurs compos de Guillaume Martineau offrent une certaine intensité, l’album s’écoute très bien et, outre quelques exceptions, ne nécessite qu’une petite ouverture d’esprit pour apprivoiser le tout, ce qui se ferait probablement en deux ou trois écoutes pour les néophytes. Pour ma part, la force des arrangements m’a conquis dès la première écoute. La principale faiblesse de l’album : les deux directions très distinctes qu’il emprunte. On sent qu’on a bien affaire à un band de jazz la plupart du temps, mais les plusieurs pistes plus minimalistes et ambiantes nous donnent l’impression qu’il y aurait eu matière à faire deux albums simultanés de 30 minutes chacun, avec des ambiances complètement différentes et parfaitement assumées. Mais comme Guillaume Martineau en est à son premier album, il aura l’occasion de préciser la direction qu’il souhaite véritablement prendre en studio; il a le choix, car il est très bon dans ces deux facettes.

À écouter : Le matin des magiciens, Lolo, L’heure du hibou

7,7/10

Par Olivier Dénommée


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