Les rêves errants – Trio Jonathan Turgeon

Sorti le 21 avril 2017

Le premier album, Au fil des feuilles qui craquent, avait frappé fort en début 2015. Le Trio Jonathan Turgeon récidive avec Les rêves errants, un autre titre introspectif qui met de l’avant le jazz influencé tantôt par le classique, tantôt par le rock. Par contre, nouveauté : on a invité le saxophoniste Frank Lozano à y ajouter sa touche, transformant le trio en quatuor sur plusieurs pistes.

Métamorphose (part. 1) nous plonge déjà dans le bain avec une musique ambiante et chargée à la fois. Lozano y joue quelques notes dont certaines très rapidement : aucun doute, on ne pourra jamais confondre son jeu avec celui de Kenny G, nous assure-t-on! On fait aussi le statement qu’on s’éloigne un peu du côté très mélodique du premier album pour explorer davantage, probablement pour répondre aux demandes des puristes.

Cela se confirme avec la tendue Kick la canne aux accents rock. Le sax contribue d’ailleurs activement à la mélodie qui laissera vite place aux improvisations du groupe. Ainsi, malgré une forme rock de la composition, elle suivra plutôt la tradition jazz avec une brève instauration de la forme avant de plonger pendant de longues minutes dans les impros explosives pour ne revenir à la mélodie qu’à la fin. Constat similaire pour des pièces comme très bop Barrage.

Cela veut-il dire que Trio Jonathan Turgeon a complètement délaissé le son du premier album? Pas complètement, comme le prouvent L’épave et Silence radio, morceaux plus lents où les envolées improvisées n’ont pas été invitées, la pièce-titre Les rêves errants, qui laisse place à un joli build-up émotif, ou encore Le compteur, plein de belles surprises.

À la fin, on boucle la boucle avec Métamorphose (part. 2), concluant cette «métamorphose» entre le premier album et le nouveau sur une note heureusement plus douce que la première piste. Pour avoir beaucoup apprécié le premier effort studio, l’ajout d’autant de pistes plus jazz que grand public laisse des sentiments mitigés, comme si on cherchait à satisfaire un public différent de la première sortie. Au final, on n’a pas droit à un album aussi mélodique que Au fil des feuilles qui craquent, ni à quelque chose qui convaincra les amateurs de jazz pur de l’écouter en boucle.

Une interrogation demeure : est-ce que l’album Les rêves errants est une tentative pour faire différent, ou une transition pour un nouveau son, plus près du jazz conventionnel et virtuose? Dans notre cas, on souhaite que ce n’est que la première option.

À écouter : Kick la canne, Les rêves errants, Silence radio

7,4/10

Par Olivier Dénommée


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