Hapax – Oktopus

Lancé le 21 septembre 2017

Malgré la jeunesse relative de ses membres, le vigoureux groupe Oktopus ne date pas d’hier : on ne peut surtout plus ignorer cette formation spécialisée dans le klezmer et la musique de l’Europe de l’Est depuis qu’elle a remporté le Syli d’Or en 2014. L’expérience de scène, elle, n’a surtout pas arrêté de s’accumuler depuis, culminant jusqu’à la sortie d’un second effort studio, Hapax.

On pouvait difficilement demander mieux que Bookmark Hora pour démarrer l’album : un morceau plutôt lent, où chaque instrument se dévoile tour à tour pour bien faire découvrir les différentes couleurs du groupe. Une fois bien installés, nous voilà invités à danser avec Lebedik Un Freilach, et encore plus avec la pièce-phare Danse hongroise no 5, arrangée d’après l’indémodable composition de Brahms.

Jusqu’ici, l’exercice est instrumental, mais on fait ensuite appel à Jorane qui prête sa voix et son talent à Le rêve d’Anne Frank. On croit y entendre des influences plus contemporaines ici, avec des effets quelque peu mitigés : on a l’impression que cela aurait pu être amené de façon un peu plus subtile pour un meilleur résultat. La chanson est suivie de la peu mémorable Hummingbird’s Taksim.

Oktopus revient au son dansant qu’on lui connaît avec Tati un mama tants, mais ne surprend vraiment qu’à la prochaine piste, avec Misirlou : cette pièce traditionnelle grecque est rentrée dans la culture populaire grâce à la version de Dick Dale (et un peu celle des Black Eyed Peas sous le nom Pump It). Oktopus offre plutôt une version pratiquement méconnaissable, et plutôt sophistiquée, de cette pièce. Plusieurs oreilles ne la reconnaîtront pas, avec raison. Tout le contraire de Le p’tit bonheur, grand succès de Félix Leclerc, qu’on replace immédiatement et qu’on ne peut s’empêcher de vouloir chanter en dansant.

Après un Prélude aux tendances classiques, on entend Funk tashlikh avec Karen Young à la voix/au scat, pour un résultat très jazz qui détone un peu de l’ensemble, sans être complètement désagréable. Néanmoins, on ressent le besoin de revenir au klezmer dans la dernière minute et demi de la pièce, signe qu’Oktopus n’était pas prêt à assumer pleinement le morceau tel quel.

Après cet «écart», on termine l’album avec du traditionnel klezmer : Honga et Freylekh viennent conclure l’album avec des morceaux dansants qui accélèrent parfois vertigineusement, mais sans offrir d’autres surprises. On notera quand même que la finale Freylekh, tournée en rock, réussit très bien au groupe (si on oublie les écarts de la batterie qui en donne plus que ce que le client demandait).

L’album Hapax réussit assez bien son mandat, d’offrir une musique klezmer, aux influences typiquement québécoises, pour un métissage audacieux sans être complètement dépaysant. Les amateurs de bonne musique du monde y trouveront leur compte, aucun doute là-dessus!

Écouter l’album Hapax sur Bandcamp.

À écouter : Bookmark Hora, Danse hongroise no 5, Le p’tit bonheur

7,7/10

Par Olivier Dénommée


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