C’est pas la qualité qui compte – Qualité Motel

Sorti le 2 novembre 2018

Plusieurs l’ont oublié, mais les gars de Valaire s’étaient lancés dans un side project il y a quelques année, créant le groupe 100% électro Qualité Motel misant sur des collaborations aussi réussies qu’improbables. Le premier album de ce projet décalé, Motel Califorña, avait vu le jour en 2012. Six ans plus tard, les gars nous confirment que le projet est toujours vivant et lance une suite, C’est pas la qualité qui compte, offrant encore plus de collaborations, dont certaines très mémorables.

Après la pièce introductive Rawdon, Didgeridoo (avec Simon Proulx) marie parfaitement les deux univers aussi ridicules de Qualité Motel et des Trois Accords, une vraie bonne entrée en matière. Qualité Motel s’adapte très bien  pour chacun des collaborateurs, y allant d’un côté rétro pour S.F.C.B.G. avec Les Louanges qui a lui-même opéré ce virage plus tôt cette année.

Autant en parler maintenant : les rappeurs sont très, très présents sur ce deuxième album de Qualité Motel. Il est vrai que le hip-hop a gagné ses lettres de noblesse au Québec depuis quelques années, et le groupe a cru bon de lui accorder une grande place. La première à être entendue est Sarahmée, livrant tantôt des lignes incisives, répétant tantôt le titre J’veux l’motel pas le Ritz. On entendra également Rednext Level dans la sympathique Pichassine, Eman dans Y’a pire, FouKi et Vendou dans Presque par cœur, Blve dans Last Call, Odario avec Len Bowen dans Play Hard et même Lary Kidd pour J’veux une Benz qui clôture l’album de 14 pistes. Les amateurs de hip-hop y trouveront leur compte puisque les chansons rap sont assez assumées et bien produites, mais ceux qui ne peuvent pas endurer ce registre trouvent probablement le temps long.

Tout de même, mentionnons que la piste probablement la plus mémorable de tout l’opus est probablement Basilic, livrée par Koriass et Vinny Bombay, avec la collaboration impossible de Christian Bégin. Les lignes de Bégin décrivent son amour infini pour cette fine herbe, et le refrain, répétant en chœur «C’est pas du romarin, c’est du basilic» est tellement entraînant dans sa simplicité que ce sera franchement d’y résister, même pour ceux qui ne voit pas de différence entre le rap et la peste.

Bon, une fois l’imposante portion rap passée (elle fait quand même plus de la moitié de tout l’album!), mentionnons les pistes plus pop. Celles-ci misent toutes sur l’humour. Flamme (avec Karim Ouellet) nous rappelle entre autres que tomber en amour, c’est moins pire qu’un coup de pelle dans le front. La peau des gens qu’on aime, à travers la voix de Fanny Bloom et de Marie-Élaine Thibert (!), nous répètent des phrases bizarres lorsque prises hors contexte comme «Je veux te manger le corps». Bon, avouons que même en contexte, ça reste bizarre! La dernière chanson pop de l’album est Personnelle, livrée par l’incomparable Jimmy Hunt qui fait l’éloge sur un ton sensuel de cette marque cheap trouvée dans toutes les bonnes pharmacies. Franchement efficace!

«C’est pas la qualité qui compte» est une déviation d’une phrase souvent répétée et est loin de refléter la vérité, puisque ce deuxième album de Qualité Motel n’a ménagé aucun effort sur la qualité du produit. Tout ce qui est matière à débat, c’est la proportion entre les chansons pop et les morceaux où le hip-hop prend le dessus, qui plaira à plusieurs auditeurs et en rebutera d’autres. Pour notre part, on aurait apprécié une proportion balançant plus vers la pop. Cela reste le indéniable signe qu’en 2018, les détracteurs du rap pourront de plus en plus difficilement faire comme si ce genre musical de plus en plus populaire n’existait pas.

L’album peut être entendu sur Bandcamp.

À écouter : Basilic, La peau des gens qu’on aime, Personnelle

7,6/10

Par Olivier Dénommée

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