
Sorti le 6 octobre 2023
Même s’il n’a que 18 ans, Otto (Antoine Bernard) n’est pas un nouveau venu dans le milieu de la musique. Il a notamment eu comme mentor un certain Antoine Gratton il y a quelques années lorsqu’il a sorti un premier EP. Cette fois, c’est un premier album complet qu’il sort, intitulé Les flots.
Les chansons ont été composées dans les trois dernières années, donc dans un contexte pandémique pour une bonne partie. Sans en faire directement mention, on peut deviner que certains chansons sont dans une certaine mesure des réponses aux conséquences de ce qui s’est passé. La plus évidente est peut-être Huit milliards (avec un featuring de TDH, le seul de l’album d’ailleurs), un hymne groovy et incroyablement rassembleur qui invite la planète au complet à oublier ses soucis pour aller tous « dans le même sens ».
Mentionnons aussi tout de suite l’éclectisme de l’album. Il est difficile de classer la musique d’Otto, mis à part le fait qu’il verse dans une musique francophone avec des mélodies accrocheuses. La première piste, la chanson éponyme Les flots, contient des synthés saturés lui donnant aussi un côté rétro. Ce n’est toutefois pas la plus efficace de l’album, qui a davantage de succès avec des chansons aux tendances tantôt plus rock, tantôt plus folk, surtout lorsqu’elles sont dotées d’un solide build-up.
Parmi les chansons plus énergiques (outre Huit milliards bien sûr), mentionnons On ira tout oublier et Nos cœurs battent à l’envers, chanson qui semble terriblement familière, notamment avec une voix qui n’est pas sans rappeler Louis-Jean Cormier au refrain.
L’heure mauve propose, quant à elle, des arrangements plus recherchés, à limite épiques par moments (merci au talent d’Antoine Gratton pour les arrangements de cuivres!), qui complimentent bien les propos du chanteur.
De l’autre côté, des chansons plus douces laissent aussi plus de place à l’introspection. Pensons par exemple à Le temps qu’il nous faut, la mélodieuse Les montgolfières, l’émotive Bougies (qui explose toutefois dans la dernière minute!), ou encore la minimaliste Aux commissures de notre amour, une rare chanson qui conserve des arrangements simples du début à la fin pour laisser toute la place au propos du chanteur. La dernière piste, Si tu pars, offre quant à elle une ballade avec une mélodie irrésistible, qui finit par un crescendo dans le dernier quart culminant avec un solo de saxophone. Difficile d’imaginer une meilleure finale pour cet album!
Notons qu’avant la sortie de l’album, trois singles sont parus : dans l’ordre, Huit milliards, Si tu pars et Les montgolfières. Règle générale, on préfère les chansons obscures que les extraits radiophoniques comme recommandations à écouter, mais dans le cas de l’album Les flots, force est d’admettre que ces trois chansons résument assez bien les différentes énergies qu’on y retrouve en plus de bien mettre en valeur les talents de compositeur et de mélodiste d’Otto. Il est fort probable que vous n’aurez pas un coup de cœur pour l’album au complet, mais qu’une ou deux chansons finissent par jouer en boucle dans vos oreilles selon vos préférences. L’album a l’avantage d’en avoir pour tous les goûts.
Sans être un album parfait, il faut reconnaître que jamais on n’aurait pu deviner que c’est un jeune qui a composé ces chansons alors qu’il n’avait dans certains cas que 15 ans. Otto a une maturité et un talent brut qu’il sera intéressant de suivre dans les prochaines années, surtout lorsqu’il aura continué de préciser son identité musicale. Et c’est toujours rafraîchissant d’entendre un jeune talentueux et fier de sa langue française et de sa culture.
À écouter : Les montgolfières, Huit milliards, Si tu pars
7,7/10
Par Olivier Dénommée
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