
Sorti le 13 novembre 2020
Cela aura pris une année aussi particulière que 2020 pour convaincre Chilly Gonzales d’enregistrer un album de Noël. Connaissant l’excentrique pianiste, on pouvait s’attendre à tout, mais il nous a finalement livré un album majoritairement instrumental intitulé A Very Chilly Christmas (on n’en attendait pas moins de lui) où il invite tout de même ses amis Feist et Jarvis Cocker pour quelques chansons.
Ceux qui, comme nous, suivaient Chilly Gonzales depuis un certain moment connaissent son plaisir de transformer en mineur n’importe quelle chanson ainsi que celui de ramener au piano les chansons pop de l’heure. Cet album n’y fait pas exception. On a droit à 15 pièces en 36 minutes, allant plus souvent qu’autrement à l’essentiel. Le piano y est bien sûr prédominant, mais on y entend quelques cordes et trois pistes vocales, mais elles aussi sur un ton feutré (ou «chilly», comme le veut le titre de l’album).
Les classiques des fêtes y sont nombreux : Silent Night, Good King Wenceslas, Silver Bells, God Rest Ye Merry Gentlemen, Jingle Bells, O Tannenbaum, Maria Durch Ein Dornwald Ging, O Come All Ye Faithful et We Three Kings, tous à la sauce Chilly Gonzales. Comme le veut presque la tradition, l’album se clôt sur Auld Lang Syne, renommée pour l’occasion Auld Lang Mynor. Même dans ses albums de Noël, on reconnaît l’humour du musicien!
Mais là où on a le plus un sourire en coin, c’est quand il nous offre une jolie version de Last Christmas (très réussie, soit dit en passant!) ou encore une un avant-goût de All I Want for Christmas Is You même s’il ne semble pas avoir complètement assumé cette dernière chanson, n’offrant qu’un arrangement assez simple.
On reconnaît aussi bien l’artiste pour les artistes avec qui il collabore. Gonzales signe The Banister Bough, seule composition originale de l’album, avec Feist à la voix fragile. Un morceau loin d’être festif (doit-on rappeler son obsession pour la gamme mineure?), mais qui colle parfaitement à l’ambiance de cet opus empreint de mélancolie. Plus loin, on entend le chuchotement de Jarvis Cocker dans In the Bleak Midwinter, puis une dernière fois dans Snow Is Falling in Manhattan (avec le retour de Feist aux refrains). À noter que même si ces pistes offrent un enrobage légèrement différent des pièces instrumentales, elles se fondent bien dans l’énergie de l’opus.
Au cas où ce n’était pas encore clair, A Very Chilly Christmas est un album des fêtes parfait pour ceux qui ne sont pas particulièrement dans l’esprit des fêtes. Pas de chansons inutilement joyeuses ni de gros flafla ici, que des airs mélancoliques et feutrés qui rendent bien justice à la fin d’année plate que beaucoup ont eu en 2020 et que, malheureusement, plusieurs personnes ont chaque année, pandémie ou pas…
À écouter : Last Christmas, Snow Is Falling in Manhattan, O Come All Ye Faithful
7,6/10
Par Olivier Dénommée
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