Reflections – Ludovico Einaudi

Sorti le 9 janvier 2024

Après quelques jours de pause, on s’est demandé comment bien débuter l’année 2024 en force… La réponse nous est apparue spontanément en voyant l’annonce sur Spotify d’un nouvel EP du compositeur italien Ludovico Einaudi que l’on suit depuis longtemps déjà. Celui-ci porte le titre évocateur de Reflections, que l’on a écouté sans hésiter. Mais, petite déception, il ne propose que très peu de nouveau matériel.

Sur les 5 titres du EP, un seul (Adieux) est véritablement inédit, 2 sont des pièces qui circulent dans le répertoire de Einaudi depuis des années et les 2 dernières sont un entre-deux, des compositions qui semblent apparues dans la dernière année seulement dans des rééditions d’albums ou des compilations thématiques comme celle-ci.

Pour ce qui est d’Adieux, qui ouvre ce bref opus d’une vingtaine de minutes, on reconnaît bien sûr la signature du compositeur, avec sa musique au piano douce et contemplative, un brin mélancolique. Le tout, sans fla-fla. On comprend parfaitement l’idée d’en faire le morceau-phare de Reflections.

Mais, une fois que c’est dit, le reste est plus décevant. Le titre A Sense of Symmetry nous ramène à sa série d’albums Seven Days Walking (que l’on n’a pas encore eu la force de compléter au moment d’écrire ces lignes), où on retrouve différentes versions de cette même pièce. Mais la version utilisée ici semble plutôt être tirée de son enregistrement pandémique, 12 Songs from Home. On entend d’ailleurs la différence dans la qualité de l’enregistrement. Mais, de façon plus générale, disons qu’on a assez entendu la pièce depuis 2019 pour sentir qu’elle n’était pas obligée de se retrouver ici. On est plus nuancé au sujet de Quel Che Resta, pièce tirée de son excellent album I Giorni (2001), mais qui n’a toutefois pas été abusivement republiée depuis. La pièce ne faisait même pas partie des incontournables de l’album à l’époque, mais elle demeure une composition intemporelle de Einaudi, qui s’écoute toujours aussi bien plus de 20 ans plus tard.

Du côté de Bever et de The Dark Bank of Clouds, elles semblent être apparues dans la dernière année seulement, notamment dans une édition spéciale pour les 10 ans de In a Time Lapse, un album que l’on avait dévoré à l’époque. Bever vise dans le mille quant au thème du EP, avec un morceau de qualité similaire à Adieux, en légèrement plus sombre. Par contre, The Dark Bank of Clouds est un choix douteux. Seule piste qui n’est pas de piano solo, elle nous propose un morceau beaucoup plus chargé et intense, voire tendu. Au-delà des qualités de la composition, elle ne cadre tout simplement pas avec l’esprit qui a été établi dans le reste de cette proposition. C’est aussi cette note étrange que se conclut le micro-album.

Avec un peu de recul, on constate que le nom de Ludovico Einaudi est tellement rendu gros que l’on lance sur une base plus que régulière de nouveaux «albums» à son nom pour constamment le garder dans l’onglet des nouveautés, même si ce sont bien souvent des pièces déjà enregistrées et publiées il n’y a pas si longtemps. C’est décevant de voir cette façon de faire, mais si on a mordu à l’hameçon, combien d’autres l’ont fait ou le feront dans le futur? Et même si on voit Reflections comme une compilation sur un thème, on peine à imaginer qu’il n’y avait pas d’autres pistes plus appropriées dans sa volumineuse discographie, par exemple à la place de The Dark Bank of Clouds… Bref, on repassera pour commencer 2024 en force!

À écouter : Adieux, Bever

6,5/10

Par Olivier Dénommée