Héritage – Buzz Cuivres

Sorti le 12 janvier 2024

On l’avoue, quand on pense à de la musique de chambre, une musique classique pour petit ensemble, la première chose qui nous vient en tête est généralement un ensemble à cordes, souvent avec un piano non loin, mais il est très rare qu’on s’intéresse à la musique pour cuivres uniquement. C’est pourtant ce que propose l’ensemble Buzz Cuivres (ou Buzz Brass en anglais, vu les visées internationales du quintette québécois), avec des œuvres de trois compositeurs du début XXe siècle que l’on apprivoise avec l’album Héritage.

C’est sans a priori que l’on a plongé dans cet album, ne sachant pas du tout à quoi s’attendre. Le début de l’album est consacré à Victor Ewald (1860-1935) et à son Quintette pour cuivres no 1 en si bémol mineur, op. 5, décrit comme un incontournable pour son degré de virtuosité et pour le lyrisme dans ses mélodies. Dès le premier mouvement, I. Moderato – Più mosso, on constate en effet le côté très mélodieux de nombreux passages, entrecoupés de quelques segments plus rapides et chargés. Le second mouvement, II. Adagio non troppo lento – Allegro vivace – Tempo I. Adagio s’amuse quant à lui avec les tempos et les nuances, passant notamment d’un début d’une grande beauté à une partie beaucoup plus intense, pour mieux finir avec finesse. Même si on est persuadé de n’avoir jamais entendu cette composition d’Ewald avant, on doit souligner le côté très familier de la mélodie dans les segments plus doux, ce qui n’est jamais déplaisant de ne pas se sentir complètement dépaysé en entendant une telle musique. Le troisième et dernier mouvement, III. Allegro moderato, est probablement le plus solennel des trois. Et «solennel» risque d’être un mot qui vient spontanément en tête en écoutant cet album qui n’emploie que des cuivres, des instruments généralement utilisés avec succès dans les grands orchestres pour créer cet effet. On n’écouterait pas cette musique en boucle dans n’importe quel contexte, mais les différentes énergies entendues à travers cette pièce expliquent pourquoi elle est encore jouée aujourd’hui par des musiciens sérieux.

C’est ensuite au tour du Quintette pour cuivres en la bémol majeur d’Axel Jørgensen (1881-1947), composé vers la fin de sa vie, en 1942. D’origine danoise, on lit que le compositeur s’est inspiré du folklore de son pays dans ses compositions. On ne peut pas dire que cette inspiration est particulièrement évidente à l’oreille ici, mais il y a un côté envoûtant à sa composition en 4 mouvements, spécialement dans III. Andante cantabile. Mention également à la valse de II. Intermezzo, qu’on se surprend de ne pas avoir déjà entendu avant tellement elle est agréable à écouter.

Enfin, on conclut avec une autre œuvre costaude qu’est le Sextuor pour cuivres en mi bémol mineur, op. 30 d’Oskar Böhme (1870-1938), divisée en 4 mouvements. Buzz Cuivres décrit cette composition comme une des plus iconiques de Böhme, saluant «la fluidité des lignes mélodiques ou les accents romantiques enivrants» qu’il reproduit ici avec grande justesse. On a plaisir à écouter l’ensemble de cette mélodieuse œuvre, mais on avoue avoir un faible pour le mouvement III. Andante cantabile, la plus berçante du lot.

En 45 minutes, on aura réussi à s’initier un peu plus à la musique classique pour cuivres et fait au passage de belles découvertes remontant au siècle dernier. On garde toutefois notre préférence pour la musique au piano et aux cordes, mais ce n’est certainement pas la faute de la qualité des compositions interprétées ici ni celle du talent de Buzz Cuivres : c’est simplement une question de préférence de notre côté! Mais de temps en temps, il n’est pas désagréable de sortir de sa zone de confort pour découvrir de la belle musique. Merci à Buzz Cuivres d’avoir enregistré Héritage et on vous encourage à y prêter une oreille aussi; qui sait, vous pourriez être surpris!

À écouter : Quintette pour cuivres no 1 en si bémol mineur, op. 5 : II. Adagio non troppo lento – Allegro vivace – Tempo I. Adagio, Quintette pour cuivres en la bémol majeur : III. Andante cantabile, Sextuor pour cuivres en mi bémol mineur, op. 30 : III. Andante cantabile

7,9/10

Par Olivier Dénommée


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