
Sorti le 19 janvier 2024
Voilà déjà 4 ans qu’Alexandre Poulin a fait paraître son précédent album Nature humaine, qui ne nous avait pas tout à fait convaincu. On a quand même voulu voir dans quelle direction il irait avec La somme des êtres aimés, un sixième album qui se veut plus organique avec une bonne dose de nostalgie et un thème assez central : l’amour, qui revient d’une façon ou d’une autre dans la plupart de ses nouvelles chansons.
D’ailleurs, au cas où ce n’était pas assez clair, la première chanson de l’album s’appelle Loverdose. Il y chante de bien belle façon du décès de son père, qu’il voyait comme un «surhomme». C’est aussi dans cette chanson qu’on entend les paroles du titre de l’opus. Musicalement, c’est plutôt minimaliste jusqu’à 2min40 où on a droit à près d’une minute de rock saturé pour mieux s’adoucir. Sans être la meilleure de l’album, cette chanson étale d’entrée de jeu le côté personnel d’Alexandre Poulin, ce qui est un bon choix. C’était subtil dans Loverdose, mais on remarque dans Jolie Françoise l’esthétique rappelant quelque peu les années 70, un son qui reviendra à plusieurs endroits au fil de l’opus. Dans le cas de cette chanson énergique, cet élément nostalgique ne fait qu’accentuer les paroles qui parlent d’un amour de jeunesse.
On tombe ensuite dans le minimalisme avec Les jours heureux, relatant une histoire pertinente (un gars qui rêve de trouver l’âme sœur et de fonder une famille), mais nous sommes moins sûr de la direction que cela prend quand il s’imagine ce qui arriverait quand il la trouverait, incluant essayer sans succès d’avoir des enfants… C’est sans compter la ligne chantée «Que tu peux conter sur moi» au milieu du segment parlé, qui nous fait hausser un sourcil chaque fois. Juste après, Mauvais sang nous propose un long build-up somme toute réussi, mais pas mémorable outre mesure. Au contraire, La fin du love propose un sujet percutant, une relation amoureuse chambranlante mais où l’espoir n’est pas complètement mort, sur une musique très efficace.
Cela nous a pris quelques écoutes avant d’apprivoiser Les bras comme une maison. C’est que la perspective change durant le refrain (très bien écrit d’ailleurs), et c’est important de suivre pour ne pas s’y perdre dans cette chanson aux textes plus vaporeux. S’ensuit Le ciel où je me terre, une des chansons les plus lumineuses de cet album, parlant de façon tellement touchante d’un coup de foudre. Points bonus pour les premières paroles, «Ce soir la lune fait pas de quartier»!
Il y a quelque chose de très particulier avec la chanson Le grand calcul, qui nous fait instantanément penser à Plus rien des Cowboys Fringants : cette fois, le «dernier humain» est plutôt envoyé dans l’espace pour sauver la race humaine dans l’espoir de trouver une autre planète habitable, mais qui va quand même mourir à la fin de la chanson. Il y a quelque chose de très tragique dans cette histoire de près de 6 minutes.
Cœur vacant ramène le thème des amours de jeunesse, mais de façon moins joyeuse que Jolie Françoise par exemple. On comprend vers la fin que sa «belle Candy» est depuis devenue travailleuse du sexe, mais Alexandre Poulin arrive à conclure le tout avec une certaine beauté et de l’espoir de retrouver le bonheur, bien qu’on peut se demander s’il ne manquait pas un couplet pour connaître la suite de cette histoire. Enfin, l’album se conclut avec Dire Adieu, magnifique morceau piano-voix. La musique est émouvante et les paroles encore plus. Conclusion parfaite pour cet album, surtout lorsqu’on l’écoute en boucle puisqu’on reprend le thème de la mort avec Loverdose.
De façon générale, La somme des êtres aimés nous offre une musique empreinte de nostalgie et d’émotions, chose qu’Alexandre Poulin arrive assez bien à faire, mais l’album contient aussi des chansons quelque peu inégales qui prennent un peu plus de place que ce qu’on voudrait. Bien qu’on apprécie davantage cet album que Nature humaine par exemple, on n’irait pas jusqu’à dire que c’est la sortie la plus réussie de sa discographie, même si elle contient plusieurs bons éléments qui méritent d’être largement écoutés, même sans être un fan inconditionnel d’Alexandre Poulin.
À écouter : Jolie Françoise, Le ciel ou je me terre, Dire Adieu
7,7/10
Par Olivier Dénommée
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