Vraiment pas si pire – Les Dindons d’trécarré

Sorti le 17 mai 2017

Originaire du coin de Saint-Jean-sur-Richelieu, le band Les Dindons d’trécarré est notamment pour son énergie contagieuse en spectacle et ses «glouglouglou» qui servent de cri de ralliement. On s’est penché sur son premier long jeu, Vraiment pas si pire, paru à l’origine en 2017, où on reconnaît de nombreuses influences pour la bande de musiciens.

Ceux qu’on appelle tout simplement les Dindons ne sont pas très loin de la mouvance «folk trash», avec des sonorités nous rappelant tout de suite Les Chiens de Ruelles par exemple, avec en prime des textes engagés dénonçant les travers de la société. D’autres chansons nous font plutôt penser à l’approche des Colocs, surtout dans les chansons plus dépressives de l’opus. En tout près d’une heure de musique, on ratisse très large!

Ça passe ou ça casse ouvre l’album. On y découvre une musique folk-rock en apparence simple au début qui laisse place aux textes, mais qui cache un build-up plutôt réussi et plusieurs changements d’énergie au fil des 4min23. On n’irait pas jusqu’à parler de musique progressive, mais on est aussi très loin d’une musique prévisible où on répète les 3 mêmes accords pendant 4 minutes. Comme entrée en matière, ça passe le test.

Busking rêveries contient quant à elle des influences blues indéniables, aidées par l’harmonica omniprésent. Et une fois encore, on nous surprend avec un changement d’énergie en seconde moitié. Elle est suivie d’un des morceaux les plus irrésistibles de l’album, Pitié pour les salauds. La voix à la Dédé Fortin, le refrain, l’énergie insolente, tout contribue à la qualité de la chanson.

Après la bluesy Amours futiles, on a droit à la mémorable Pouce égal, qui contient un refrain plus qu’efficace sur fond de musique d’inspiration reggae et un passage en spoken word qui risque d’en faire sourire plus d’un. Elle est suivie de la Front page (d’la couleur au fusain), qu’on aurait quelque peu raccourcie malgré son énergie très «coloquesque», puis de Pwiou pwiou, qui sonne exactement comme son titre. C’est une espèce d’interlude où les Dindons peuvent se lâcher lousse pendant un peu moins de 2 minutes, mais c’est difficile de passer à côté!

De retour au reggae avec Trop d’pauv’es avec un message dénonçant le système capitaliste actuel. Rappelons que l’album est paru en 2017, mais la chanson aurait pu être écrite la semaine dernière et on ne ferait tout simplement pas la différence. Un peu moins engagée, Longueur de r’tard est plutôt un hymne pour tous les gars awkward qui ne savent pas comment aborder une femme. C’était déjà vrai avant l’avènement du mouvement #metoo (qui est vraiment apparu plus tard en 2017), ça l’est encore plus depuis.

Ma terre est parmi les morceaux les plus modérés de l’album, ce qui la rend malheureusement presque invisible à côté des chansons plus explosives qu’on y retrouve, dont la suivante, Make me boheme ou encore Shit’s Theme, qui joue habilement aux montagnes russes entre différentes ambiances. Quant à Sambody, on a affaire à un morceau émotif brut et drôlement efficace. La partie en dub n’était toutefois pas nécessaire, mais elle ne dure que quelques secondes. Enfin, l’album de 14 pistes se termine avec Trésor, nous laissant avec des sentiments mitigés : musicalement, c’est solide, mais les mélodies semblent plus forcées que sur le reste de l’album.

Peut-être est-ce parce qu’on a eu la chance d’écouter Les Dindons d’trécarré en live avant de se pencher sur l’album, mais on apprécie mieux les versions studio des chansons de Vraiment pas si pire quand on sait comment elles sont ensuite rendues sans les limitations du studio. Évidemment, l’enregistrement n’est pas parfait et on entend à certains moments certaines incertitudes dans le tempo et le mix ne met pas toujours bien les voix de l’avant, ce qui fait que cela prend une certaine concentration pour saisir l’essentiel de ce que le groupe a à dire dans ses chansons. Ironiquement, ces imperfections font partie du charme des Dindons. Dommage, on n’a pas encore, au moment de publier ce texte, d’autre album du groupe à se mettre sous la dent, mais on ne peut que conseiller d’assister à une performance live du groupe si vous avez la chance, parce que c’est clairement dans cet esprit que la plupart des chansons de l’album ont été écrites.

Cet album est notamment disponible sur la page Bandcamp du groupe.

À écouter : Pitié pour les salauds, Trop d’pauv’es, Sambody

7,4/10

Par Olivier Dénommée


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