The Art of Falling Apart – Serena Ryder

Sorti le 12 mars 2021

Le hasard de la vie a fait en sorte que cela fait un long moment qu’on n’a pas écouté la musique de l’Ontarienne Serena Ryder, qui est pourtant une artiste que l’on suit depuis les débuts de Critique de salon. Il faut dire qu’après son dernier album «régulier», Utopia en 2018, elle a rapidement fait paraître un album de Noël, puis est revenue en 2021 seulement avec The Art of Falling Apart. Ce dernier a d’ailleurs remporté un prix Juno (son 7e!) l’année suivante. Mieux vaut tard que jamais!

Une des raisons qui nous ont amené à ne pas trop nous dépêcher à écouter l’album est probablement le premier single de celui-ci, qui est aussi la première piste de l’album : dans Candy, on reconnaît bien sûr Serena Ryder, mais il nous semble que ce n’est pas tout à fait elle non plus. C’est comme si elle avait décidé d’emprunter le son récent des Black Keys et d’y répéter les paroles «I’m candy, I’m sweet» de façon abusive. Vous aurez compris qu’on n’a pas été charmé par l’idée. La suivante, Waterfall, est aussi un extrait, mais on y reconnaît davantage sa signature, telle qu’on la connaît depuis l’ère de son album Harmony.

L’album va un peu dans toutes les directions : Thinking About You y va d’un morceau énergique qui mise sur le refrain rythmée de la chanteuse, mais qui oublie au passage l’enrobage musical; Bus Stop propose du Serena Ryder plus pop et langoureux, pas inintéressant, mais qui ne semble pas à sa place dans un tel album!; l’extrait Kid Gloves tente des montagnes russes entre des couplets très mollos et des refrains explosifs, avec des résultats mitigés selon nous.

Le dernier extrait de cet album, Better Now, est aussi le plus convaincant du lot alors qu’on a droit à du pur Serena Ryder, autant vocalement qu’au niveau des arrangements qui l’accompagnent dans la chanson et des textes. All the Love se prend aussi plutôt bien alors qu’elle retente une chanson énergique, mais avec un dosage plus réussi que les précédentes.

Differently se permet une incursion dans un registre plus jazzy, sans toutefois s’assumer pleinement, ce qui est bien dommage. Musicalement, Used to You est particulièrement solide, mais on garde quelques réserves quant aux mélodies alors que Ryder passe un peu plus de temps que nécessaire dans le registre aigu, qui n’est pas celui où elle est la plus à l’aise. Toutefois, mention à la douce Back to Myself, fort agréable à écouter.

On en vient presque à l’oublier, mais Serena Ryder s’est fait un nom avec la musique folk pendant des années. Elle ramène la facette vers la fin de l’album avec l’émotive So Long, la sympathique (mais pas mémorable outre mesure, malheureusement) Love Is in the Air et, enfin, Loving You qui ajoute un peu d’harmonica au mix pour clore l’opus en force, bien que la chanson aurait pu être légèrement raccourcie.

Bien qu’on adore l’artiste et qu’on a multiplié les critiques élogieuses au fil des années, il nous semble plus difficile de suivre le fil conducteur musical de The Art of Falling Apart, qui va partout en même temps. Cela montre l’étendue du registre de Serena Ryder, mais c’est presque fait comme un patchwork qui ne met en pleinement en valeur ses différents talents et nous laisse sur notre faim. Cela ne l’a visiblement pas empêchée de gagner des prix, alors peut-être qu’il y a quelque chose que l’on n’a pas bien compris, qui sait!

À écouter : Better Now, All the Love, So Long

7,2/10

Par Olivier Dénommée


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