Rembobine – Mélisande

Sorti le 5 avril 2024

Ces derniers mois, ce qu’on appelait Mélisande [électrotrad] a simplifié son nom pour simplement Mélisande. La raison? Lui permettre d’élargir ses horizons musicaux 10 ans après avoir lancé son premier album. C’était aussi l’occasion de lancer un nouvel album, Rembobine, résumant le meilleur de sa musique, mais en version acoustique. 10 chansons reprises de ses 4 albums précédents y figurent.

Les habitués du registre électrotrad de Mélisande apprécient le côté dansant et terriblement entraînant des chansons que proposaient le duo, mais cela occultait un peu tout le volet recherche qui a permis de dénicher des pépites qui ont dans bien des cas survécu grâce à la tradition orale. Rembobine vient en quelque sorte remettre de l’avant la valeur patrimoniale de ces chansons, en plus de donner l’occasion à Mélisande de toucher un public plus «conventionnel» avec ces nouvelles versions.

L’opus ouvre sur Le pied su’l cant. En plus de la chanteuse Mélisande Fauteux-Gélinas (voix, gimbarde) et de son complice Alexandre de Grosbois-Garand (basse, flûte), qui demeurent centraux dans le projet, on reconnaît les talents de Jean Desrochers (guitare), Gabriel Girouard (violon, podorythmie) et Éric Breton (percussions), tous des noms incontournables de la scène trad québécoise, qui créent ensemble une toute autre ambiance à cette chanson. Ce n’est évidemment pas dansant comme la version précédente, mais cette version ne manque assurément pas de rythme et les portions instrumentales ajoutées contribuent grandement à l’efficacité de la piste, ce qui représente plutôt bien l’énergie de cet album.

Certaines chansons prennent tout leur sens en version acoustique, comme la percussive Le vin est bon, la magnifique Belle hirondelle (tout particulièrement le bout débutant vers 2min55, à donner des frissons!), Je fais la difficile, Plantons la vigne, ou encore la finale L’ivrogne dégrisé. C’est encore plus frappant quand on écoute les différentes versions côte à côte, comme on l’a fait dans le cadre de cette critique.

Dans le cas de Ti-Pétard Allard, on apprécie davantage les nuances de la nouvelle version. Le segment débutant vers 1min30 frappe d’ailleurs plus fort que jamais. On fait un constat similaire pour Chanson de mensonges, qui offre davantage de nuances, même si on appréciait déjà beaucoup la précédente version.

Notez qu’on ne nommera pas toutes les pièces de l’album, car certaines se démarquent un peu moins. Le risque quand on reprend les chansons de son propre répertoire est de ne pas nécessairement faire des versions meilleures ou plus mémorables que celles que le public connaît déjà. Dans certains cas, on ne sent pas autant de différences qu’on aurait voulu entre l’électrotrad et l’acoustique. Au moins, la moyenne au bâton demeure plutôt bonne et la plupart des chansons enregistrées sur Rembobine donnent vraiment un vent de fraîcheur au répertoire de Mélisande.

Le temps dira si Mélisande parviendra à élargir son public avec ce nouvel album, mais pour notre part, on trouve qu’il propose un hybride intéressant entre les versions électrotrad souvent très dansantes, mais aussi très précises mélodiquement, et celles acoustiques où c’est justement plus organique entre les musiciens et où la chanteuse s’amuse visiblement un peu plus. Il y a quelque chose de très naturel dans Rembobine, comme si c’était la suite logique dans le processus de Mélisande après 4 albums où on poussait l’életrotrad à fond.

À écouter : Le vin est bon, Ti-Pétard Allard, Belle hirondelle

7,7/10

Par Olivier Dénommée