Somewhere, Someone – Matt Holubowski

Sorti le 5 avril 2024

Au fil des années et des sorties, on a un peu perdu de vue la musique indie-folk de Matt Holubowski, mais la sortie du bref EP Somewhere, Someone nous donne une occasion de nous remettre (un peu) à jour. Si les chansons sortent un an environ après son album Like Flowers on a Molten Lawn, elles auraient plutôt été écrites avant et le musicien considère d’ailleurs «avoir gardé le meilleur pour la fin» en lançant ces 3 chansons séparément de l’album.

Control, the Idle, Youth, and Repose ouvre l’album, avec un clin d’œil assumé à l’agitation de l’époque pandémique qui a été difficile pour tout le monde, y compris Holubowski. La chanson est «devenue un exutoire pour la colère et l’indignation qui m’habitait alors», mentionne-t-il. Musicalement, cela se traduit par une chanson avec bien des ambiances différentes. Les premières secondes à la guitare douce laissent vite place à un folk-rock plus chargé. Vocalement, le chanteur nous fait très vaguement penser à Gregory Alan Isakov, ce qui n’est pas désagréable du tout. Par contre, la partie électronique (après 1min35) n’a pas particulièrement sa place à notre avis alors qu’elle casse le rythme, d’autant plus qu’on revient au folk après comme si de rien n’était. On ramène les sons électroniques un peu plus tard, de façon encore plus intrusive. C’est vraiment comme s’il avait mélangé 2 chansons complètement différentes ensemble, donnant ce résultat. C’est dommage puisqu’on apprécie beaucoup la portion folk de la chanson!

Dans Strangers in an Alley, l’artiste se permet une critique (franchement méritée) de notre tendance comme société à normaliser le partage de nos moindres pensées sur les réseaux sociaux, sans se demander si c’est pertinent. Pour amener cette idée en musique, il propose un début atmosphérique avec une voix modifiée, se transformant peu après en valse un peu sombre dotée de plusieurs bons passages lorsqu’on apprivoise la proposition à travers les moments presque cacophoniques.

Enfin, Hopefully conclut le mini-album avec une «méditation lente, constante et répétitive» écrite en 2021 et mettant au centre des arrangements le piano. Après deux chansons plus tendues, elle se prend franchement plutôt bien même si certains pourront la trouver plus dépressive que nécessaire! Le principal défaut de la chanson est sa longueur : 6min48. Heureusement, les arrangements évoluent un peu au fil de l’écoute, mais la ligne vocale reste invariablement planante du début à la fin.

On a voulu écouter Somewhere, Someone pour se mettre à jour par rapport à la musique de Matt Holubowski, mais on sort de cette écoute plus confus qu’avant! Chaque chanson a son mood bien à lui, allant dans des directions très différentes. Il est toujours plus difficile de sentir une ligne directrice en si peu de pistes, et ça semble encore plus difficile quand une même piste tente d’aller dans plusieurs directions, comme c’est le cas pour Control, the Idle, Youth, and Repose.

Matt Holubowski a écrit dans ses réseaux sociaux : «Somewhere, Someone est pour Like Flowers on a Molten Lawn ce que les bourgeons sont pour le printemps», confirmant que le EP et l’album viennent un peu ensemble. Rebelle que nous sommes, nous avons fait l’exercice à l’envers, mais assurément qu’on va se pencher tôt ou tard sur l’album, ne serait-ce que pour mieux comprendre sa direction artistique alors qu’elle paraît un peu imprécise dans un disque de 3 pistes seulement. Peut-être cela nous aidera à mieux apprécier ces chansons qui, a priori, ne nous ont pas particulièrement convaincu.

Cet EP est disponible sur la page Bandcamp de l’artiste.

À écouter : Hopefully

6,9/10

Par Olivier Dénommée