
Sorti le 12 avril 2024
Le projet Mada Mada d’Alexis Leroy-Pleshoyano (ou Alexis LP) était passé sous notre radar jusqu’à présent, lui qui multiplie les sorties de EP depuis 2020. Son troisième, Catastrophe, laisse place à des sonorités pop alternative très groovy et décontractées, qui cachent pourtant des thèmes traitant du deuil d’une relation amoureuse.
Ça ne sera pas la première fois, ni la dernière, qu’un artiste propose une musique qui ne fitte pas nécessairement avec le ton des paroles. Dans le cas de cet EP, c’est à peine si on ne se sent pas heureux que la relation soit finie! Il faut dire que les ambiances sont très réussies et Mada Mada nous plonge très rapidement dans son univers un peu onirique. C’est d’ailleurs le cas dès NonNonNon, en collaboration avec Orlanda. Normalement, on trouverait l’intro d’une minute un peu longue avant de véritablement commencer, mais le build-up qu’il amène justifie de patienter un peu. La voix planante d’Orlanda y est aussi pour beaucoup pour ajouter à l’ambiance très chill de la chanson, bien que celle-ci gagnera en intensité un peu plus tard, sans perdre de sa magie, au contraire. Les arrangements sont riches, mais pas surchargés, un équilibre parfois difficile à atteindre. Il se passe vraiment beaucoup de choses en 4min13, sans jamais que ça paraisse décousu, un autre petit exploit.
Iridescence commence de façon plutôt minimaliste, laissant place aux voix aériennes de Mada Mada et de la collaboratrice Thaïs. Si on gagne en énergie vers le tiers de la chanson, l’effet n’est pas aussi réussi que dans NonNonNon, même si la chanson est loin d’être désagréable. On préfère le côté très mollo d’Océana, qui nous berce presque. Mention particulière pour ce qui ressemble à des lignes de glockenspiel en arrière-plan. Nécessaire va dans une énergie similaire à celle d’Iridescence, avec les mêmes résultats pour nous, qui n’arrivent pas au même niveau que les meilleures compositions du mini-album, mis à part la dernière minute de la chanson qui devient beaucoup plus épique.
La douce pièce instrumentale Cyanure nous sert de petite introduction à la finale de l’album, la chanson-titre Catastrophe, chantée en collaboration avec Cédrik St-Onge. Contrairement à son titre, la chanson est toute en légèreté et en nuances. Mais c’est vraiment dans la dernière minute que la chanson et le EP dans son ensemble, semble prendre tout son sens. «J’ai peur que tu reviennes au parfait moment, que tu m’aimes / Dans nos corps, on y trouverait que des baisers cyanure». Il y a quelque chose de simple, mais de terriblement efficace dans la poésie intimiste de Mada Mada, qui se remarque tout particulièrement dans cette dernière piste, mais qui transparaît tout au long de l’écoute.
Dur de dire si on écouterait le EP Catastrophe d’une autre oreille si on vivait un break-up, mais on ne peut pas dire qu’il sonne spécifiquement comme un album de peine d’amour. Il est intime et sentimental dans ses thèmes, mais l’enrobage le rend beaucoup plus passe-partout. Souhaitons-lui de tourner beaucoup pendant la belle saison, alors que plusieurs chansons se prêteraient assez bien à une soirée d’été, malgré des thèmes parfois plus mélancoliques, ce qui est toujours mieux que la plupart des sujets des tounes d’été de toute façon.
Vous pouvez découvrir sa musique sur sa page Bandcamp.
À écouter : Océana, Catastrophe
7,9/10
Par Olivier Dénommée
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