
Sorti le 25 avril 2024
À sa sortie surprise, l’album Pub Royal des Cowboys Fringants a tout raflé dans l’attention médiatique culturelle québécoise. À la base, cet album est une version enregistrée par le groupe des chansons de la comédie musicale du même titre interprétée en 2023 par d’autres artistes, mais l’album est vite devenu une dernière chance d’entendre la voix du chanteur Karl Tremblay, décédé 5 mois plus tôt. Une chanson en particulier, La fin du show, frappe par son message où le chanteur se prépare à sa mort.
C’est donc sans surprise que La fin du show (qui, malgré son titre, se trouve dans la première moitié de l’album) est la chanson la plus écoutée de l’album. À travers ses 7 minutes, on y entend un peu le testament de Karl Tremblay, décédé à 47 ans. Même si le parolier du groupe demeure principalement Jean-François Pauzé, le cœur a toujours été Karl Tremblay et il s’approprie franchement bien cette chanson qui tire avec raison des larmes à bien des gens qui l’ont écouté depuis sa sortie.
La fin du show est vraiment un bijou qui va rester dans bien des mémoires, mais il reste encore 35 minutes de musique à cet album, qui est un peu une version «officielle» des chansons de la comédie musicale Pub Royal. On y reconnaît le côté cabotin dont le groupe a le secret et certains styles musicaux qui ont marqué sa carrière. Des espoirs de cause ouvre l’opus sur une musique instrumentale aux influences klezmer, nous amenant à l’explosive Bienvenue chez nous, où on effleure à peu près tous les enjeux sociaux des dernières années. On ne pourra jamais blâmer les Cowboys de ne pas prendre position. Par contre, on ne peut pas dire que la chanson a la force des compositions qui ont traversé les années.
Loulou vs Loulou tombe dans un registre plus émotif, avec Marie-Annick Lépine à l’avant-plan pendant une bonne partie de la chanson. La deuxième moitié de la piste reprend un peu du poil de la bête, mais ça donne quand même une des chansons les mieux dosées de l’album. Mention aussi à Y’est 3 heures on ferme!, offrant un juste équilibre entre la musique festive du groupe et les paroles plus profondes. Questions sans réponses s’essaie aussi dans ce registre, mais avec un succès mitigé selon nous. Quant à Vie et mort de Gina Pinard, la chanson prend tout son sens dans la dernière minute, mais c’est trop peu trop tard pour la rendre mémorable outre mesure.
Après une (re)Bienvenue chez vous un peu agaçante (l’entendre une première fois suffisait, disons!), on a droit à Les cheveux blancs, une ballade touchante à souhait avec Marie-Annick Lépine à son meilleur à la voix. S’ensuit une autre chanson qui semble être un message des Cowboys Fringants à leurs fans : Merci ben!. Une (presque) finale sympathique, puisqu’il ne reste ensuite que la pièce instrumentale Les bonnes continuations, qui conclut le tout avec une certaine émotivité, mais certainement pas autant qu’on l’aurait voulu.
On ne peut pas dire qu’on fait partie du public fidèle des Cowboys Fringants : de mémoire, on a vu le groupe en spectacle une fois et à part les chansons archiconnues à la radio, on a assez peu écouté la discographie des Cowboys. C’est donc avec un certain recul que l’on a écouté Pub Royal et, s’il faut reconnaître objectivement qu’il est dur d’être indifférent à entendre Karl Tremblay chanter, surtout lorsqu’il le fait sur la mort, on ne sent pas que l’album aurait frappé de la même façon si le contexte avait été différent. N’ayant pas un attachement intime au groupe, l’album n’occupera pas une place spéciale dans notre cœur, surtout pas les chansons plus faibles de l’opus, mais on comprend parfaitement ceux pour qui Pub Royal est leur façon de garder Karl Tremblay vivant en eux. Dans tous les cas, merci aux Cowboys Fringants de l’avoir lancé dans l’univers.
À écouter : Y’est 3 heures on ferme!, La fin du show, Les cheveux blancs
7,8/10
Par Olivier Dénommée
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