
Sorti le 20 octobre 2023
Après avoir remporté le Félix de l’album country de l’année avec son premier album, Sweet Montérégie, les attentes ont vraisemblablement monté d’une coche lorsqu’il a lancé Ça s’invente pas, son 2e album studio où il s’assume plus que jamais dans son interprétation très libre de ce qu’est le country.
Il y a bien sûr une part d’autodérision dans la musique du compositeur originaire de la Montérégie, notamment dans sa chanson Du country dans le ravin, où il invite ceux qui trouvent que Burger ne fait pas vraiment du country à aller le voir à sa roulotte après son show pour en parler. Ce côté sympathique, qui ne se prend pas trop au sérieux, est omniprésent dans Ça s’invente pas, donnant des lignes très comiques un peu partout au fil de l’écoute. Pas au point de classer l’album comme une sortie humoristique, mais on s’en approche un peu!
On ouvre l’album avec Sainte-Marcelline, très mollo où Burger se gâte dans ses textes. Il parle du village de Sainte-Marcelline-de-Kildare et se permet plusieurs références, dont certaines populaires, comme les paroles de L’Amérique pleure des Cowboys Fringants, qu’il y glisse comme si de rien n’était. Elle est suivie de Du country dans le ravin, qui pastiche à la perfection l’énergie d’une toune country.
Mais Alex Burger sait s’amuser avec d’autres styles, comme dans La pente descendante, laissant aller son côté rock’n’roll un assez brouillon, mais qui a le défaut de perdre un peu les mélodies dans le mix. Quant à Allers-retours, on ne sait pas trop dans quelle direction l’artiste souhaite aller. Au début, c’est plutôt du folk-country, donnant lieu à un refrain très efficace, mais il laisse place à une montée en intensité qui nous convainc plus ou moins. La dernière 1min40 vont même encore plus loin, changeant complètement d’énergie. On aurait simplement coupé cette portion qui n’améliore pas vraiment la chanson, au contraire. On préfère la simplicité efficace de Ça fait ben l’affaire, qui offre bien quelques passages plus chargés plus la chanson avance, mais sans que l’on se perde dans la ligne directrice.
Dans Rien à dire, Burger a au contraire pas mal de choses à nous dire, le tout avec une poésie du quotidien toute simple et une multitude d’expressions qui n’auraient aucun sens si elles étaient interprétées au sens littéral. On revient très brièvement vers le bien vieux rock’n’roll avec Sors ça de l’eau, qui se termine très subitement, après 1min25. Ce détour fait que la suivante, Ça finit toujours, peine quelque peu à se démarquer, même si certains sons nous font vaguement penser à Day Tripper des Beatles. Le solo de guitare abusant de la distorsion lui donne une autre dimension, mais pas assez pour vraiment faire pencher la balance de l’autre côté selon nous, surtout qu’elle se conclut tout d’un coup, sans préparation, laissant une drôle d’impression dans l’oreille.
S’il y a une chanson à laquelle on prend goût au fil des écoutes, c’est bien Merzi môman. Chanson très peu sérieuse où le chanteur s’excuse d’avoir raté la fête des Mères pour aller enregistrer des tounes à Québec, il se rattrape avec ses musiciens en composant une chanson pour remercier leur «môman». C’est niaiseux, mais ça marche! Elle est suivie d’une complainte country, Et je vais comme…, qui est dans le bon thème, mais qui ne lève pas particulièrement, même avec les lignes de guitare qui essaient de lui donner un autre souffle. La finale de l’album, Le roi de la montagne, mise sur un air plus planant, bien appuyé par ses musiciens qui ont mis le paquet dans l’énergie country. On pouvait difficilement demander mieux!
Alors qu’on a l’habitude de voir des artistes québécois très sérieux produire de la musique impeccable, le style d’Alex Burger, même s’il a remporté des prix, reste plutôt nonchalant, ce qui nous est paru déstabilisant à la première écoute. On s’y fait toutefois assez rapidement et on apprend à apprécier ce petit côté (apparemment) plus spontané dans l’évolution des chansons. Assez pour encore rafler des prix? S’il a su créer la surprise par le passé, il peut certainement répéter l’exploit!
Vous pouvez notamment trouver cet album sur la page Bandcamp de l’artiste.
À écouter : Ça fait ben l’affaire, Merzi môman, Le roi de la montagne
7,8/10
Par Olivier Dénommée
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